Zachary Bolduc écarté pour de bon: Martin St-Louis n’a pas accepté

Zachary Bolduc écarté pour de bon: Martin St-Louis n’a pas accepté

Par David Garel le 2025-11-13

Zachary Bolduc ne voulait pas être échangé. Il s'ennuie de St-Louis et des Blues, c'est évident.

Dans une carrière, des décisions changent tout. Pour Zachary Bolduc, ce moment est arrivé à Edmonton. Le soir où Martin St-Louis a décidé de lui retirer son poste sur la première unité du jeu de puissance pour y insérer Ivan Demidov, la trajectoire du jeune Québécois a pris un virage catastrophique.

Et selon Félix Séguin, descripteur des matchs du Canadien à TVA Sports, c’est précisément ce jour-là que le déclin de Bolduc a commencé.

Après un départ canon (trois buts et une passe en trois matchs), Bolduc n’a récolté qu’un seul point lors de ses huit dernières rencontres. Il n’est plus le même joueur.

Moins d’énergie, moins d’initiative, moins d’impact sur le glace. Comme si quelque chose s’était brisé.

Pour Séguin, cette cassure remonte directement au moment où St-Louis l’a sorti de la première unité de power play : 

« Il avait marqué à Calgary sur l’avantage numérique. Un très beau but. Et le lendemain, il ne joue plus sur le jeu de puissance. C’est plutôt Demidov. Ça l’a ébranlé. Pour moi, c’est l’élément déclencheur. »

Zachary Bolduc est un joueur fier, passionné, mais émotif. Dans sa tête, il avait gagné sa place. Marquer à Calgary sur la première vague de l'avanatge numérique devait être une confirmation, une validation.

Or, le lendemain, il se retrouve sur le banc pendant que Demidov, le prodige russe, prend sa place. Pour un jeune joueur de 22 ans qui se battait pour s’imposer dans la hiérarchie offensive, c’est une véritable claque au visage,

Et même si St-Louis est, comme le rappelle Séguin, « un bon communicateur », le message n’est pas passé.

La discussion a eu lieu, oui, mais elle n’a jamais été comprise.

Bolduc n’a pas compris pourquoi on le rétrogradait alors qu’il performait.

Il n’a pas compris pourquoi on lui reprochait ce qu’on tolérait chez d’autres.

Et depuis ce jour-là, quelque chose s’est éteint dans son jeu.

Derrière les portes closes de Brossard, Martin St-Louis en parle souvent : la constance, la rigueur, la préparation.

Des mots qu’il répète sans cesse. Or, selon plusieurs observateurs, Bolduc est l’un de ceux qui incarnent le moins ces valeurs en ce moment. 

Le message est clair : l’entraîneur trouve son jeune attaquant « out of shape », pas assez engagé dans sa préparation physique.

St-Louis le pousse, l’avertit, le provoque même à l’entraînement. Il veut qu’il se dépasse, qu’il retrouve la forme et l’attitude qu’il avait en début de saison. Mais Bolduc, lui, semble incapable de répondre à l’appel.

On l’a vu à l’entraînement, incapable de suivre le rythme dans les suicides, ces exercices d’allers-retours sur la glace destinés à tester le cardio et l’endurance.

Il termine souvent haletant, à bout de souffle, pendant que d’autres,  Demidov ou Slafkovsky, tiennent la cadence. Ce n’est pas un hasard si St-Louis le garde désormais sur une courte laisse. Il n'a jamais accepté qu ele Québécois soit "ouf of shape".

À Saint-Louis, où il évoluait aux côtés de Robert Thomas et Jordan Kyrou, Zachary Bolduc avait un rôle précis : marquer sur le Power Play.

C’est là qu’il brillait, dans l’espace, avec du temps, sur son côté fort. On l’avait préparé pour ça.

À Montréal, c’est tout l’inverse : on lui demande de jouer responsable, de patiner sans rondelle, de penser défense avant attaque. Bref, de devenir un joueur que Bolduc n’a jamais été.

Le choc de culture est immense.

Et plus les semaines passent, plus on a l’impression que Bolduc regrette sa transaction. À Saint-Louis, il était entouré, encadré, valorisé dans un système qui misait sur l’offensive.

À Montréal, il est devenu un joueur de soutien, un attaquant de troisième trio qu’on utilise sporadiquement en désavantage numérique.

Pour un jeune qui rêvait d’exploser sous les projecteurs du Centre Bell, c’est une descente qui brise le coeur.

Dans le vestiaire, plusieurs vétérans l’ont remarqué : Bolduc est moins souriant, plus effacé. Il n’est pas en rébellion ouverte, mais il porte sa frustration sur le dos.

Là où Demidov rayonne et attire l’attention, Bolduc, lui, s’efface. Il joue avec la peur de se tromper, la crainte de ne plus avoir sa place.

Le plus triste, c’est que Martin St-Louis n’a jamais cessé de croire en son talent. Ce qu’il n’aime pas, c’est son attitude. Son manque de constance à l’entraînement, son incapacité à transformer les critiques en motivation.

Le coach voudrait le voir se battre, s’imposer physiquement, montrer du caractère. Or, pour l’instant, Bolduc encaisse sans répliquer.

Et dans une équipe où chaque minute de glace se mérite, cette passivité le condamne à long terme.

Ce qui rend le cas Bolduc si particulier, c’est qu’il n’a jamais été un joueur de transition.

Il n’est pas un grinder, pas un joueur d’énergie. C’est un marqueur pur, un spécialiste sniper.

Mais à Montréal, ce type de profil n’existe pas sans effort défensif.

Et c’est là que tout est en train de déraper.

Quand St-Louis lui a retiré sa place sur la première unité, il voulait lui envoyer un message :

 « Si tu veux la garder, il faut la mériter. »

Mais Bolduc n’a pas entendu ce message. Il a entendu : « On ne croit pas en toi. »

Et depuis, il joue comme un gars qui doute de tout.

Le problème, c’est qu’à Montréal, le doute est un poison. Il tue plus vite que le manque de talent.

Bolduc n’a plus de place naturelle. Il n’est plus indispensable nulle part. Trop peu physique pour un rôle de profondeur, pas assez rapide pour le top 6, et désormais sans confiance.

Et quand un joueur perd son identité, il finit souvent par perdre sa carrière.

On lui demande d’être un joueur complet, mais on lui retire les situations où il excelle.

On exige de la constance, mais on lui enlève la confiance.

Et pendant que Martin St-Louis le pousse à « s’entraîner plus fort », on se demande si le mal n’est pas déjà fait.