Disparition de Zachary Bolduc: un silence effrayant de l'organisation

Disparition de Zachary Bolduc: un silence effrayant de l'organisation

Par David Garel le 2025-10-26

Il y a quelque chose de profondément troublant dans la manière dont Zachary Bolduc est en train de disparaître du paysage médiatique montréalais, comme s’il n’avait jamais existé.

On parle d’un jeune Québécois, repêché haut, célébré comme le nouveau sniper local, celui qui devait apporter ce souffle offensif tant recherché.

Et pourtant, samedi soir, pendant que Martin St-Louis glorifiait Nick Suzuki et Ivan Demidov après la victoire à Vancouver, il n’a même pas prononcé son nom. Pas un mot. Pas même une mention polie.

Comme si Bolduc n’avait été qu’une erreur de parcours dans une équipe où les projecteurs ne tolèrent plus la demi-mesure.

La situation est d’autant plus ironique que Bolduc n’a rien fait de catastrophique. Il a joué moins de douze hier malgré un effort constant, une utilisation honteuse pour un joueur qui, il y a moins de trois semaines, était le héros du début de aaison.

Depuis, il semble puni sans explication. On dit que Martin St-Louis déteste son jeu sans la rondelle, qu’il trouve Bolduc trop instinctif, incapable de s’adapter à la défense “man-to-man” imposée cette saison.

On ajoute qu’il ne “comprend pas encore la structure”, qu’il doit “apprendre à jouer comme un pro”. Ce sont les phrases toutes faites qu’on sort chaque fois qu’un talent offensif dérange l’ordre établi.

Pendant ce temps, à Saint-Louis, la franchise des Blues, celle qui a cédé Logan Mailloux au Canadien dans l’échange qui a ramené Bolduc, s’effondre.

Les Blues menaient 4-0 contre Détroit et ont fini par perdre 6-4. Mailloux, dans les gradins, n’était même pas en uniforme. Et pour une fois, il ne pouvait pas servir de bouc émissaire.

À Montréal, alors que le Québécois semble perdre la confiance de son entraîneur au moment même où Mailloux est malmené à St-Louis, on se demande vraiment pourquoi St-Louis déteste autant Bolduc.

Ce silence autour de Zachary, c’est presque un verdict. St-Louis ne lui parle plus, ou si peu. On ne les voit jamais ensemble sur la glace à l’entraînement. Pas un mot, pas une tape sur l’épaule, rien.

Ceux qui fréquentent le vestiaire parlent d’un jeune isolé, un peu perdu dans la rotation des trios, qui regarde le tableau avant les pratiques en espérant voir son nom quelque part plus haut dans l'alignement… souvent sans succès.

La hiérarchie du Canadien semble déjà figée : Suzuki, Caufield, Slafkovsky, Demidov, Kapanen. Newhook, Gallagher, Evans, Anderson sont tous avant lui,  alors que Bolduc glisse tranquillement vers les oubliés, coincé entre un rôle flou et la peur d’en faire trop.

Et pourtant, on se souvient : c’est lui qui avait cette étincelle, ce tir sec, cette confiance naturelle en début de saison.

Ce soir-là, on croyait que sa carrière prenait son envol. Mais à Montréal, la lumière s’éteint vite. Le lendemain, St-Louis a préféré insister sur les “petits détails défensifs à corriger” plutôt que de le féliciter. Depuis, le message est clair : Bolduc n’est pas dans ses plans immédiats.

Trop talentueux pour être un joueur de profondeur, pas assez discipliné pour gagner la confiance du coach. Même ses minutes sur le powerplay ont été retirées au prodit de Demidov. Samedi, il n’a eu pratiquement droit à aucune présence en avantage numérique. Une humiliation silencieuse, mais lourde de sens.

Et ce n’est pas faute d’efforts. Selon certains observateurs, Bolduc s’entraîne plus dur que jamais, travaille avec les adjoints, revoit ses séquences vidéo.

Mais rien n’y fait : la confiance n’y est plus. St-Louis l’a mis dans la catégorie des projets en attente, et ça, pour un jeune joueur offensif, c’est souvent la fin avant même le début.

Pendant ce temps, les médias nationaux n’en parlent presque plus. À TVA Sports, à RDS, dans les balados, on le mentionne à peine. Tout le monde parle de Demidov, de Dobes, du Calder, de la magie du powerplay. Mais Bolduc ? Silence total. Comme si le public devait oublier qu’il était là.

Et si ce silence cachait un malaise plus profond ? On dit que Martin St-Louis n’a jamais vraiment cru en Bolduc, que sa présence dans l’alignement résulte plus d’une décision de Kent Hughes que d’un choix du coach.

Ce serait logique : St-Louis valorise les joueurs complets, les modèles de constance et de structure. Bolduc, lui, joue avec ses instincts, un mot presque péjoratif dans le vocabulaire d’un entraîneur obsédé par les “principes”.

Ce contraste saute aux yeux quand on voit comment St-Louis parle de Demidov. “Il apprend vite”, “il a les instincts”, “il est capable de vendre quelque chose pour ouvrir autre chose”. De la poésie. Des éloges. Mais Bolduc ? Rien. Pas même une mention dans une réponse collective.

Et à mesure que le CH s’envole dans le classement, Bolduc, lui, s’enfonce dans le néant. On ne sait plus s’il est un élément d’avenir ou un indésirable.

St-Louis n’a jamais donné de deuxième chance à ceux qui sortent de sa philosophie.

Le paradoxe, c’est que le vestiaire, lui, aime Bolduc. Les gars l’appellent “Boldy”, un surnom affectueux. Il parle peu, mais il écoute, il sourit, il s’intègre. C’est le coach qui ne mord pas. Et dans un environnement où la hiérarchie est stricte, c’est souvent le regard du coach, pas le talent, qui décide du destin.

Aujourd'hui, pendant qu’on vante la chimie entre Suzuki et Demidov, on oublie qu’à la base, Zachary Bolduc était censé être l’autre espoir offensif du futur. Un Québécois du pays, un tireur naturel, celui qui devait représenter le rêve local. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un numéro sur un tableau de rotation.

Et si le pire, pour un joueur, ce n’est pas d’être critiqué… mais d’être ignoré ?