Perte de 24 millions de dollars: cauchemar pour Zachary Bolduc

Perte de 24 millions de dollars: cauchemar pour Zachary Bolduc

Par David Garel le 2025-11-04

Le destin de Zachary Bolduc a basculé au moment même où il a quitté Saint-Louis.

Il y a à peine un an, il filait tout droit vers un contrat de joueur vedette. Il était en feu, installé confortablement sur la première unité de l’avantage numérique des Blues, appuyé par un entraîneur qui croyait en lui et un trio piloté par Robert Thomas.

Tout indiquait qu’il allait toucher le gros lot. À Saint-Louis, il incarnait l’avenir offensif de l’organisation. Aujourd’hui, à Montréal, il se retrouve confiné à un rôle de soutien, privé de powerplay, coincé dans une rotation qui dilue son impact et, surtout, son potentiel financier.

En d’autres mots, le jeune Québécois est passé d’un futur multi-multimillionnaire à un joueur qu’on va forcer à signer un contrat à rabais.

Car il ne faut pas se le cacher : Zachary Bolduc a perdu des dizaines de millions de dollars en quittant Saint-Louis.

À son passage chez les Blues, Bolduc avait atteint la maturité offensive qu’on attendait depuis longtemps de lui. Son instinct de marqueur s’était développé au point de devenir redoutable. Il avait inscrit 13 buts à ses 26 derniers matchs, une séquence absolument renversante pour un jeune attaquant encore en adaptation à la LNH.

Si on compte son début d'année à Montréal, il avait marqué 16 buts à ses 29 derniers matchs dans la LNH.

Sa présence sur la première unité d’avantage numérique faisait de lui une arme fatale, le complément idéal de Robert Thomas et Jordan Kyrou. On parlait même de lui comme d’un futur 30 buts régulier, un franc-tireur moderne doté d’un tir chirurgical et d’un instinct offensif naturel.

À ce rythme-là, il se dirigeait vers une négociation explosive pour son prochain contrat. En tant que joueur autonome avec compensation, Bolduc aurait pu viser un contrat de 6 à 7 millions par année sur six ou sept ans. Il aurait capitalisé sur sa séquence irrésistible, sur ses statistiques de tir avancées et sur le fait qu’il produisait au rythme d’un top-six confirmé. À 21 ans, c’est le genre de momentum qui change une carrière.

Mais tout ça s’est effondré en une transaction.

Depuis qu’il a atterri à Montréal, Zachary Bolduc est prisonnier d’un système qui ne lui laisse pas respirer. Aucun temps en powerplay. Aucun vrai rôle offensif. Le refus de le faire jouer avec Ivan Demidov.

Et malgré quelques éclairs de génie, dont plusieurs buts spectaculaires, il reste coincé sur le troisième ou quatrième trio. Il joue dix minutes par match, souvent en périphérie, sans la confiance qu’il avait à Saint-Louis.

Et dans une ligue où le temps de jeu détermine directement la valeur d’un joueur, cette régression coûte très cher. Son cap-hit actuel est de 863 334 $, mais sa production, gâché par son rôle, ne lui permettra jamais de faire sauter la banque. S’il demeure dans cette niche, il se dirige tout droit vers un contrat « pont » typique de 3 millions par saison.

Ouch. À Saint-Louis, on parlait d’un futur joueur à 6-7 millions.

Un gâchis à plusieurs niveaux.

Le pire dans cette histoire, c’est que Bolduc n’a rien perdu de son talent. Ce n’est pas le joueur qui a changé, c’est le contexte.

À Montréal, Martin St-Louis a d’autres priorités. Bolduc, lui, se retrouve coincé dans la niche du coach, traité comme un projet secondaire. Et chaque match où il ne joue pas sur le powerplay est un coup de marteau sur sa valeur future. Sans oublier qu'il joue avec des plombiers jour après jour. 

De Dach-Gallagher- Veleno-Beck à Veleno-Dach pour revenir à Dach-Gallagher. Ridicule.

C’est d’autant plus cruel que Bolduc a appris à jouer sans la rondelle, à supporter le centre, à se battre dans les coins. Mais ça ne se voit pas dans les chiffres, et les chiffres sont tout ce que les négociateurs regardent quand vient le temps de parler millions.

À Saint-Louis, il aurait été jugé sur ses buts. À Montréal, on le juge sur ses replis défensifs. Et dans le monde froid des négociations salariales, les buts paient, pas les replis.

Faisons le calcul. Un jeune joueur qui produit entre 25 et 30 buts par saison sur une période de deux ans obtient généralement un contrat à long terme qui fait sauter la banque. (entre 6 et 7 M$ par année)

Si Bolduc avait poursuivi sur sa lancée de 16 buts en 29 matchs, il aurait franchi cette barre. En revanche, un attaquant secondaire plafonnant à 10-15 buts et jouant moins de 12 minutes par match tombe dans la catégorie des contrats « pont». (entre 3 M$ et 4 M$ par année)

Autrement dit, la transaction Montréal-St-Louis lui fera perdre entre 3 et 4 millions par année, soit entre 18 et 24 millions sur un contrat de six ans.

C’est vertigineux. Et injuste.

Ce qui rend la situation encore plus cruelle, c’est que Bolduc s’était battu pour en arriver là. Après un début de carrière discret, il avait gagné sa place à Saint-Louis à la sueur de son front.

Ses entraîneurs le décrivaient comme un « marqueur pur », capable de changer le rythme d’un match à lui seul. Il avait trouvé une chimie naturelle avec Robert Thomas, un duo que les partisans des Blues adoraient.

Mais à Montréal, tout est reparti à zéro. St-Louis (le coach) ne lui fait pas confiance sur l’avantage numérique, ni sur un trio offensif.

Et même s’il travaille fort, même s’il frappe, même s’il crée des chances, il n’a jamais l’opportunité de capitaliser sur ses atouts naturels.

Il y a quelque chose de profondément trsite dans cette situation : le joueur qui brillait à Saint-Louis a perdu sa lumière à cause d’un autre Saint-Louis.

Mais le problème, c’est qu’on l’empêche justement de convaincre. Tant qu’il restera enfermé dans un rôle défensif, son potentiel offensif demeurera invisible. Et à la table des négociations, invisibilité rime avec sous-évaluation.

À Saint-Louis, il aurait pu négocier fort. À Montréal, il devra se contenter d’un “take it or leave it”.

Kent Hughes n’est pas un homme cruel, mais il est calculateur. Il aime ses joueurs, mais il les voit comme des variables d’un système. Il a déjà réussi à signer Lane Hutson à 8,85 millions sur huit ans, un contrat considéré comme une aubaine pour un défenseur de ce calibre. Il rêve maintenant de faire la même chose avec Bolduc: le garder à long terme, à prix cassé.

Et Bolduc, s’il reste coincé dans son rôle, n’aura pas le levier nécessaire pour réclamer plus. Ce qui est une bénédiction pour Hughes… et une catastrophe pour le joueur.

Le résultat, c’est qu’un joueur qui valait entre 40 millions et plus sur le marché à long terme n’en touchera probablement même pas le quart. Tout ça parce qu’il est mal utilisé, sous-exposé, et qu’il ne peut plus faire ce qu’il faisait de mieux : marquer des buts.

Bolduc n’a pas perdu sa flamme. On la lui a soufflée.

Et à mesure que ses minutes fondent, ce sont des millions qui s’envolent.