Il y a des vols à main armée qu’on oublie jamais. Celui que Kent Hughes a commis au repêchage de 2023, avec le 197e choix au total, en fait partie.
Luke Mittelstadt n’aurait jamais dû être encore disponible en 7e ronde.
Un défenseur aussi intelligent, aussi fluide, aussi responsable dans sa zone, ça ne traîne pas normalement aussi loin. Et pourtant, le destin ou la cécité de 31 équipes a offert au Canadien ce joyau sur un plateau.
Et aujourd’hui, Mittelstadt commence à faire regretter tous ceux qui ont passé leur tour.
À la troisième journée du camp de développement du Canadien, il a une fois de plus prouvé pourquoi Francis Bouillon le voit « dans sa soupe » depuis deux ans.
« Depuis qu’on l’a, honnêtement, c’est l’un de mes coups de cœur », a lâché Bouillon avec un sourire sincère.
Ce n’est pas le genre de défenseur qui flashe.
Ce n’est pas un quart-arrière de powerplay spectaculaire. Mais il joue toujours juste. Il anticipe. Il coupe les lignes de passe. Il relance proprement. Il joue avec la tête.
« Ce n’est pas un gars qui flashe ou que tu vas remarquer si tu ne mets pas toute ton attention sur lui », a expliqué Bouillon. « Mais tout ce que j’ai vu de lui à l’université, quand je ressors mes rapports, on dirait que c’est du copier-coller. »
Un retour à l’université assumé
Le Canadien lui a offert un contrat pour qu’il fasse le saut chez les pros dès cet été.
Mais Mittelstadt a préféré retourner jouer une dernière année universitaire avec les Golden Gophers du Minnesota.
Une équipe qu’il idolâtre depuis l’enfance, et qui a de sérieuses ambitions de championnat dans la NCAA cette saison.
« Je suis un fan de cette équipe depuis que j’ai l’âge de 3 ans. Ramener un championnat serait incroyable. C’était une décision difficile à prendre, mais mon cœur est là-bas. »
Un cœur au bon endroit. Et une loyauté envers l’organisation du Canadien qui n’est pas passée inaperçue.
« On m’a ignoré deux années de suite au repêchage et c’est le Canadien qui m’a sélectionné en étant la première équipe à me faire confiance. Je crois que je lui dois ça. »
Un duo prometteur… mais pas repêché la même année
L’autre pépite qui rejoindra Mittelstadt à l’Université du Minnesota, c’est L.J. Mooney.
Le petit attaquant de 5 pieds 7 pouces, repêché en 2025 au 4e tour, a littéralement fait lever les sourcils à Brossard cette semaine. Feintes, rapidité, vision… Mooney est un feu d’artifice sur patins.
« Mon Dieu qu’il est doué, s’est exclamé Mittelstadt. Il possède des habiletés incroyables que je n’ai quasi jamais vues. Ce sera très excitant de l’avoir dans notre équipe. »
Mooney et Mittelstadt ne sont donc pas de la même cuvée.
L’un est un vétéran universitaire de 22 ans, l’autre amorcera sa première saison dans la NCAA. Mais le lien entre les deux est déjà évident.
Une complicité naissante qui a de quoi faire saliver les partisans.
Et Francis Bouillon en est témoin :
« L.J., c’est un joueur ultra-compétitif, a-t-il dit. Il va dans les coins, il a de l’intensité malgré sa taille. Et il a du chien. Ce n’est pas un joueur de skills mou. Il veut faire la différence. »
Minnesota, le nouveau pipeline?
Deux espoirs du Canadien avec le même logo sur la poitrine en 2024-2025. Une université qui mise sur la vitesse, la finesse, mais aussi une structure défensive solide.
Pas étonnant que Rob Ramage et Francis Bouillon en soient fous.
« L.J. s’en va dans un environnement hyper compétitif. Ce sera intéressant et divertissant de le voir là-bas », a souligné Ramage.
Kent Hughes peut sourire. Il n’a pas seulement repêché deux bons joueurs. Il les a envoyés dans une usine de développement sur mesure.
Une patience récompensée
Il y a deux ans, personne ne parlait de Luke Mittelstadt comme d’un futur joueur de la LNH.
Encore moins comme d’un vol du repêchage. Mais son développement est constant. Il s’améliore chaque saison.
Et le plus impressionnant, c’est qu’il le fait sans avoir besoin de projecteurs.
Dans un monde où tout va trop vite, où les recrues sont propulsées trop tôt dans la jungle professionnelle, Mittelstadt est une bouffée d’air frais. Il sait qui il est. Il sait ce qu’il veut. Et il progresse à son rythme.
« Il va trouver une façon de l’être pour jouer dans la LNH », a affirmé Bouillon. Et on le croit.
Et la suite?
Mittelstadt retournera au Minnesota. Mooney le rejoindra. Et le Canadien suivra chaque match, chaque présence, chaque décision.
Un défenseur intelligent. Un attaquant explosif.
Deux espoirs repêchés loin dans l’encan. Deux joueurs qu’on aurait pu rater.
Deux joueurs que Kent Hughes a trouvés.
Vol confirmé. Et le meilleur est à venir.