Vol à Montréal: le prodige électrisant à Brossard

Vol à Montréal: le prodige électrisant à Brossard

Par David Garel le 2025-07-02
canadiens lj mooney

Il fallait le voir pour le croire.

Ce n’était qu’un simple exercice, un banal deux contre deux dans un coin de patinoire. Mais pour les dizaines de recruteurs, journalistes et dirigeants présents au camp de développement à Brossard, c’était clair : LJ Mooney n’est pas un joueur ordinaire.

Repêché au 113e rang, Mooney est en train de provoquer une réaction en chaîne. Chaque fois qu’il touche à la rondelle, l’attention se fige.

Il ne patine pas, il décolle. Il ne passe pas, il déjoue les lois de la physique. Il ne se faufile pas, il disparaît entre les mailles de la défensive.

LJ Mooney est tout simplement en train de donner une clinique de hockey. La clinique du prodige.

Petit, frêle, ignoré par 31 autres clubs de la LNH pendant trois rondes, le jeune homme de 5 pieds 7 pouces fait déjà tourner toutes les têtes au Complexe CN.

Son jeu en espace restreint est surréaliste. Sa vision est surnaturelle. Son intelligence sur la glace rappelle celle d’un Pavel Datsyuk, son idole de jeunesse.

Et surtout, Mooney n’a pas peur. Il se jette dans les coins, attaque les défenseurs de front, provoque des revirements, provoque des applaudissements.

Le public montréalais a peut-être déjà trouvé son nouveau favori.

Son cousin, Logan Cooley, vedette du Mammoth de l’Utah, l’avait prédit :

« LJ m’a toujours challengé. Il est plus talentueux que moi. Il a un instinct de tueur sur la glace. »

Et il faut croire que ce n’était pas des blagues. Mooney impose le respect avec chaque présence. Il joue avec énergie, avec audace, avec cette colère froide qui habite les joueurs ignorés pendant trop longtemps.

Un entraîneur adverse l’a déjà décrit ainsi :

« Il est une arme laser. Il nous a battus 8-3 à lui seul. Personne ne pouvait le toucher. Il est rapide, imprévisible, ingérable. »

Ce genre de propos, on les réserve généralement aux choix top 5. Mais Mooney, lui, est arrivé 113e. Pourquoi?

Sa taille, encore et toujours.

Mais comme Lane Hutson avant lui, Mooney est en train de faire voler en éclats toutes les idées préconçues. Son maniement de rondelle est à couper le souffle. Son QI hockey est élite. 

« Il est minuscule, mais il est magique », a lancé un recruteur.

« Il est meilleur que nous tous. Moi, toi, nous, vous. » a affirmé le centre des Rangers, Vincent Trocheck, qui s'entraîne avec lui l'été.

Mooney a déjà récolté plus de feintes spectaculaires en une journée de camp de développement que certains joueurs en une carrière. Il joue comme s’il avait toujours appartenu à ce niveau.

Avec le programme U18 américain, il a terminé au sommet des pointeurs. À l’Université du Minnesota, où il évoluera, on l’attend comme une star déjà faite.

Son modèle actuel? Conor Garland. Mais son plafond, selon plusieurs, pourrait être beaucoup plus élevé.

« Il ne ralentit jamais le jeu, il l’accélère. Tu ne clignes pas des yeux quand il a la rondelle », affirme Vincent Trocheck, qui l’a vu à l’œuvre dans plusieurs sessions estivales avec des pros.

Il faut dire que Mooney a grandi dans une famille de battants. Entraînements avec des pros, hockey de rue avec son cousin Cooley, mini-bâtons dans les sous-sols de Pittsburgh… Il n’a jamais cessé de se battre pour chaque pouce de glace.

Lui-même l’a dit :

« Toute ma vie, on m’a dit que j’étais trop petit. J’ai appris à être plus rapide, plus intelligent. Je vais leur faire ravaler leurs mots. »

Et il le fait à Brossard. Les rumeurs courent déjà. Mooney va épater les entraîneurs, faire lever les sourcils de Martin St-Louis, et surtout, attire déjà l’admiration de ses pairs. Même des gars comme Suzuki et Demidov le regardent avec curiosité à Brossard.

Ce genre de camp, on ne l’oublie pas.

Et pour Kent Hughes, c’est une nouvelle preuve que le talent pur, le flair, l’audace au repêchage, payent. Encore une fois, Nick Bobrov semble avoir eu le nez fin.

Le Canadien n’a pas juste trouvé un joueur. Il a trouvé une étincelle. Un petit morceau de magie en patins. Et le plus beau? C’est peut-être juste le début.

De toute évidence, Kent Hughes a frappé un coup de circuit. Beaucoup le comparaient à un top 15… mais la peur de ne pas être assez grand l’a laissé glisser jusque-là.

Pourtant, dès sa première saison avec les U18 américains, il finissait en tête des pointeurs, multipliant les jeux dans les zones encombrées. .

Mais ce qui se déroule à Brossard dépasse même ses statistiques juniors : Mooney impose son rythme, défie les gardiens, gagne les un-contre-un, décoche des lancers surprenant.

Et surtout, il ne recule jamais. On sent dans le tracé de son coup de patin que chaque présence est jouée comme un affrontement décisif.

Dans les rudes combats, dans les ego de joueurs plus imposants, LJ a appris à encaisser, à anticiper, à survivre. Son cousin Logan Cooley l’a aidé à transformer ses handicaps en atouts :

« Il m’a toujours challengé. Il est compétiteur dans l’âme », confie la vedette de l'Utah.

Un jumeau de talent, en quelque sorte.

On l’observe servir des passes aveugles, anticiper les pénétrations, déclencher le mouvement plus vite que le cerveau adverse. Branle-bas de combat à l’intérieur des paints.

Quelques chiffres ? Avec le programme américain, son taux de passes menant à des chances de type A flirtait avec 1,17 par match ; ratio de réussite estimé à 88 %. Chez les moins avisés, ce sont des chiffres élites. Mais lui vient de dépasser toutes les attentes.

Certains l’avaient comparé aussi à Mats Zuccarello pour son gabarit et son intelligence, mais Mooney offre plus : une accélération explosée, un tir aiguisé, une vision déjà mature.

Vincent Trocheck déclarait :

« Tu ne clignes pas des yeux quand il a la rondelle. » Un compliment immense quand on sait que Trocheck n’est pas avare de mots.

Mais attention : il reste encore des zones grises. Sa taille l’expose face à de gros défenseurs de la LNH. Son coup de patin est bon, mais pas élite : il doit ajouter explosivité et separation. Il doit se muscler, apprendre à résister aux coups. L’université du Minnesota, avec son rythme difficile de la NCAA, sera la prochaine étape.

Le scénario est parfait : on repêche, on forme, on prend son temps. Comme Hutson. Comme Caufield. Comme Gallagher. Mooney a tout pour entrer dans la famille des petites étoiles qui brillent en grand.

Comme... Martin St-Louis...