En échangeant ses deux choix de première ronde pour Noah Dobson, Kent Hughes a posé un geste fort. Un geste qui envoyait un message clair aux partisans : la reconstruction est terminée. L’attente est finie. Le CH est prêt à passer à la prochaine étape.
Mais ce geste, qui devait marquer un tournant, commence à être remis en question.
Et si ce n’était pas un acte de confiance… mais un geste de panique?
Le journaliste et expert du hockey junior chez Sportsnet, Rory Boylen, est encore plus cinglant :
« Si Eklund devient ce que plusieurs prédisent, Hughes vient peut-être de donner une future pierre angulaire à ses rivaux, pour un défenseur qui n’a toujours pas prouvé qu’il peut mener une première paire. »
Eklund était pressenti dans le top 10. Son glissement au 16e rang a pris tout le monde par surprise.
Un joueur intense, intelligent, capable d’avoir un impact même sans récolter de points. Exactement le genre de profil que Martin St-Louis adore.
Petit gabarit, gros cœur. Pas physique, mais féroce. Un ailier top 6 talentueux que Montréal va peut-être regarder évoluer ailleurs pendant dix ans avec une boule dans la gorge.
Et ce n’est pas tout.
Justin Carboneau était aussi disponible. Un ailier de puissance québécois. Un marqueur naturel. Le genre de joueur qui aurait pu compléter à merveille un trio avec Demidov.
Le CH a laissé passer deux opportunités de frapper fort.
Dobson, lui, arrive avec des attentes énormes. Un contrat de 8 ans, à 9,5 millions. Et oui, sur papier, il répond à un besoin criant, mais il traîne un différentiel de -9, 64 revirements la saison passée, et l’étiquette d’un défenseur encore inconstant dans sa propre zone.
Plusieurs partisans des Islanders ne s’en cachent pas : ils ne sont pas tristes de le voir partir.
Dobson est grand, mobile, bon en relance. Mais pas dominant. Il joue comme un gars qui n’a pas encore décidé s’il allait devenir une star… ou une frustration constante.
Alors le pari de Kent Hughes est clair : échanger deux espoirs offensifs de premier plan contre un potentiel pilier défensif.
S’il gagne son pari, Dobson deviendra une pièce centrale du top 4 de la défensive montréalaise.
Mais s’il le perd, le nom de Viktor Eklund reviendra hanter le CH à chaque mention du repêchage de 2025.
Et ce sont exactement ces moments-là, ces virages, qui définissent la carrière d’un DG.
Et pendant que certains à Montréal commencent à douter de la pertinence du geste posé par Kent Hughes, à Long Island, c’est tout l’inverse qui se produit.
Ce qui ressemblait à un désastre annoncé s’est métamorphosé en triomphe inattendu. Mathieu Darche, qui semblait avoir tout raté, a en fait joué une main brillante… sans que personne ne s’en rende compte sur le moment.
Dès les premiers instants du repêchage, le DG des Islanders paraissait abattu. Il avait raté James Hagens. Le joyau local. Celui que tout Long Island rêvait de voir porter le chandail des Islanders.
Et pour empirer les choses, il venait tout juste d’envoyer son meilleur défenseur à Montréal pour deux choix à l’extérieur du top 15, en plus d’un ailier anonyme. Une claque au visage de la base partisane.
Mais ce que personne ne savait, c’est que Darche n’avait pas l’intention de rester les bras croisés. À peine les deux choix du CH en poche, il tentait déjà de remonter dans le top 5.
Le plan était clair : tout faire pour aller chercher Hagens. Il a cogné à toutes les portes. Nashville. Utah. Boston. Philadelphie. Rien n’a marché.
Ce refus généralisé a changé la donne. Et Darche a dû improviser.
Mais c’est justement là qu’il a été grand. Dans la tempête, il a gardé le cap.
Tout le monde s'entend pour dire que Victor Eklund au 16e rang, est le vol de l'année. Eklund, c’est de l’énergie pure. Un moteur. Un ailier explosif qui n’attend qu’un feu vert pour exploser offensivement.
Mais Darche, lui, savait ce qu’il voulait. Et il savait ce qu’il avait entre les mains.
Puis, au 17e rang, il frappe un autre coup de circuit avec Kashawn « Cash » Aitcheson. Un défenseur droitier robuste, intense, physique, tout ce que les séries exigent.
Aitcheson, c’est le type de joueur qu’aucune équipe ne veut affronter au printemps. Un gars de caractère, un vrai. Et surtout, un joueur que Kent Hughes lui-même convoitait.
Darche a pris "Cash" sous le nez du CH. Un autre vol. Une autre gifle aux détracteurs.
Et voilà que le vent a tourné.
Soudainement, au lieu d’un DG émotif dépassé par les événements, on voyait un homme déterminé, résilient, qui venait de transformer une claque en bénédiction. Ses yeux mouillés lors de la sélection de Matthew Schaefer, ce défenseur choisi au tout premier rang, endeuillé par la mort de sa mère, n’était pas une faiblesse.
C’était la preuve que Darche est resté humain dans ce monde de requins. Et cette humanité-là, il l’a placée au centre de son projet.
Mais tout cela a un prix. Et ce prix, c’est Noah Dobson.
À Long Island, les partisans l’ont vite oublié. Ou pire : ils se sont moqués de lui.
Sur les réseaux sociaux, Dobson est devenu le bouc émissaire. Trop soft. Trop à l’extérieur du jeu. Incapable de dominer défensivement. On lui reproche ses relances télégraphiées, ses couvertures déficientes, ses décisions hasardeuses en fond de territoire.
Et surtout, on le compare à Romanov. À chaque phrase.
Parce que pour conserver Romanov, Darche a dû sacrifier Dobson. C’est ce que le gardien vedette Ilya Sorokin a confirmé dans une entrevue exclusive avec RG Media :
« Ils ne pouvaient pas garder les deux. Le plafond salarial ne le permettait pas. Ils ont choisi Sasha (Romanov), et Dobson est parti. »
Et Sorokin d’ajouter :
« Je suis content pour Sasha. C’est un gars fiable, un vrai défenseur. »
Le message est clair : sur Long Island, on voit Romanov comme le meilleur pari. Le plus sûr. Le plus défensif. Et donc, le plus adapté à encadrer un jeune comme Matthew Schaefer.
Mais à Montréal, le pari est inverse. On mise sur le talent brut, le potentiel de relance, la mobilité. On veut que Dobson devienne un pilier offensif.
Un gars capable de jouer avec Mike Matheson ou même Lane Hutson, selon les combinaisons. On veut faire de lui un quart-arrière numéro un. Mais voilà : Dobson est déjà payé comme tel. Et ce, avant même d’avoir pleinement livré la marchandise.
Et comme si ce n’était pas assez, on apprend que les Blue Jackets de Columbus avaient offert encore plus à Dobson… et qu’il a préféré Montréal.
Un contrat de 8 ans, 76 millions. 9,5 millions par saison. Un montant que Columbus était prêt à dépasser. Mais Dobson a dit non. Il voulait Montréal. Il voulait la pression, l’attention, le hockey dans un marché fou. Ou… voulait-il juste fuir Long Island?
Car selon plusieurs sources, le conflit entre Dobson et Patrick Roy aurait atteint un point de rupture. Roy n’aimait pas sa mollesse. Pas assez de mordant. Trop de revirements. Et Dobson, de son côté, aurait très mal digéré certaines critiques internes.
Sorokin l’a d’ailleurs dit sans détour : « J’ai été surpris qu’ils le laissent partir… mais je comprends. »
À Montréal, on espère que ce changement d’air fera renaître le défenseur étoile en lui. Qu’en étant encadré par un duo Martin St-Louis–Stefan Robidas, il retrouvera sa confiance et sa constance. Mais rien n’est garanti.
Ce que le CH a payé, c’est un joueur de 25 ans qui n’a pas encore franchi le cap de l’élite. Ce qu’il a laissé filer? Deux espoirs qui, dans trois ans, pourraient dominer la LNH.
Eklund, surtout, pourrait devenir une plaie ouverte dans l’histoire récente du CH. Un ailier top 6, le genre de profil rare qu’on laisse passer trop souvent à Montréal. Un autre Jesper Bratt qu’on regardera briller… ailleurs.
Et pendant ce temps, Dobson devra prouver, soir après soir, qu’il vaut plus que deux choix de première ronde.
La pression est immense.
La patience sera mince.
Et si Darche a réussi à retourner la perception en moins d’une soirée… Kent Hughes, lui, sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur.
Car dans cette transaction, ce n’est pas seulement Noah Dobson qui a changé d’uniforme.
C’est une partie de l’avenir du Canadien qu’on a hypothéqué.
Et c’est là que tout va se jouer.