WASHINGTON D.C. | Tu veux savoir ce que ça sent, une équipe qui n’a jamais digéré sa défaite de 2010 contre le Canadien?
Eh bien, fais un petit détour dans les entrailles du Capital One Arena à 48 heures du premier match de série, et tu comprendras ce que c’est qu’un sabotage déguisé en rénovations.
On ne parle pas ici d’un peu de poussière sur le plancher ou d’un banc dévissé dans la salle de musculation.
Non.
On parle d’odeurs de colle industrielle assez fortes pour donner la nausée à un grizzly, de murs en gypse fraîchement tirés encore humides derrière le banc de l’équipe visiteuse, et d’un trou dans la dalle de béton si profond qu’on se demande si les Capitals sont à la recherche des restes d’un vieux trophée jamais gagné.
On exagère?
Pas tant.
Même les journalistes américains présents sur place vendredi en ont parlé : l’odeur est suffocante, les bruits de chantier sont omniprésents, et les couloirs menant au vestiaire du Canadien ressemblent à une station de métro en plein réasphaltage.
Et pendant ce temps, sur la glace, les Capitals s’entraînaient comme si de rien n’était… pendant que l’écran géant projetait un score fictif : victoire du Canadien 3 à 1.
Le genre de glitch qui ne passe pas inaperçu. Le genre de provocation passive-agressive qui, dans une série de la LNH, devient un chapitre entier dans le roman des batailles mentales.
Et pendant qu’on y est : quelqu’un peut nous rappeler qui est le président actuel des Capitals?
Ah oui. Dick Patrick. Le même Dick Patrick qui trône au sommet de cette organisation depuis trois décennies et qui, selon plusieurs, aurait vendu son âme en 2018 pour une Coupe Stanley
Est-ce que Geoff Molson doit répliquer?
Il n’a pas le choix.
Parce que dans les séries éliminatoires, tout est permis.
Pourquoi laisser les Capitals s’en tirer avec ce coup bas sans leur renvoyer la monnaie de leur pièce, version molsonnienne?
Il faut que Geoff Molson transforme le Centre Bell en forteresse.
Pas juste avec des slogans sur les écrans.
Avec des actes.
Tu veux des idées?
En voici dix.
Réveil à 4h du matin.
Une fausse alarme d’incendie? Peut-être. Ou une livraison « accidentelle » de 300 beignes Tim Hortons à 4h30 devant la chambre d’Ovechkin. Les options sont infinies.
Plafond qui coule dans le vestiaire.
Rien de grave. Juste un petit tuyau qui fuit au-dessus de la place de Tom Wilson. Une erreur administrative. Ça arrive.
Glace trop molle à l’entraînement.
Oh, c’est vrai! On a oublié de mettre le compresseur à ON! Vraiment désolés…
Distributeurs vides.
Plus d’eau, plus de Gatorade, plus de café. Dommage. Y reste juste du jus de pruneaux. Bonne chance pour la troisième période.
Porte bloquée.
Tiens donc. Une palette de bière Molson accidentellement entreposée devant la porte du vestiaire visiteur. Oups.
Musique folklorique québécoise à fond.
Du « La bottine souriante » à 120 décibels pendant l’échauffement des Capitals. Que du plaisir.
Température glaciale.
Pas dans l’aréna. Dans le vestiaire. Il fait 6 degrés. Les séchoirs ne marchent pas. Le chauffage est en panne. Tasse-toi Ovechkin, je grelotte.
Un message au tableau.
Écrit à la craie, dans le vestiaire visiteur, une petite phrase bien placée :
« Ici, on n’oublie pas 2010. »
Parce que c’est ça le fond de l’histoire.
Les Capitals ne digèrent toujours pas 2010.
Ils n’ont jamais avalé cette humiliation infligée par Jaroslav Halak, Michael Cammalleri, et une bande de nobodys qui ont renversé l’équipe la plus explosive de la LNH en sept matchs.
Ils n’ont jamais compris comment une équipe aussi talentueuse, menée par le Tsar lui-même, a pu se faire éteindre par un gardien slovaque avec un regard de pierre.
Et aujourd’hui encore, à 39 ans, Alex Ovechkin s’en souvient.
Demidov peut bien dire qu’il s’en fout.
Laine peut bien lancer des flèches sans filtre devant les caméras.
Mais il y a une vérité qui les attend dans cette série : Ovechkin a la mémoire longue.
Et si Montréal veut continuer ce rêve de printemps, il faudra se battre avec les mêmes armes que les Capitals : la ruse, le théâtre, la stratégie psychologique et… l’odeur de la vengeance.
Geoff Molson, à toi de jouer.
À suivre ...