Un matin désastreux à Cogeco: l'entrevue de Simon-Olivier Fecteau a mal tourné

Un matin désastreux à Cogeco: l'entrevue de Simon-Olivier Fecteau a mal tourné

Par David Garel le 2025-01-28

C’était une entrevue qui s’annonçait explosive au 98,5 FM. Invité par Patrick Lagacé pour revenir sur ses récents dérapages publics, Simon-Olivier Fecteau, réalisateur controversé du Bye Bye 2024, a vécu un moment de grande gêne en direct.

Entre les critiques sur son dernier Bye Bye, ses publications maladroites sur Facebook et son avis positif sur Elon Musk, Fecteau s’est retrouvé à défendre l’indéfendable, tout en essayant de sauver la face.

Dès les premières secondes de l’entrevue, le ton était donné. Patrick Lagacé, visiblement curieux mais pas du tout incisif (Lagacé est seulement incisif avec ses ennemis), n’a pas tardé à mentionner la fameuse publication Facebook de Fecteau sur Elon Musk, où il avait tenté de minimiser le geste controversé du milliardaire. (le fameux salut).

« Tu t’es mis les pieds dans les plats comme jamais », a lancé Lagacé, donnant immédiatement une idée de la tournure qu’allait prendre l’échange.

Visiblement mal à l’aise, Fecteau a tenté de justifier sa position. Il a expliqué qu’il avait voulu apporter une nuance au débat, tout en reconnaissant avoir sous-estimé l’impact de ses propos.

« Jamais je n’aurais pensé que ça créerait autant de polémiques », a-t-il avoué, cherchant à apaiser les tensions.

Mais à mesure que Lagacé revenait sur le sujet, la tension montait, et le malaise dans le studio devenait évident dans le studio de Cogeco.

Fecteau a tenté de se justifier en expliquant qu’il avait « une addiction à donner son opinion » et qu’il adorait débattre des sujets de société.

Mais cette passion pour les débats a semblé se retourner contre lui.

« Les réseaux sociaux sont la pire place pour discuter », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant que sa position publique en tant que réalisateur du Bye Bye amplifiait la portée de ses propos.

« Si je travaille dans un garage à Saint-Hyacinthe, mes opinions n’ont pas le même poids », a-t-il ajouté, dans une tentative maladroite de minimiser l’impact de ses sorties médiatiques.

L’entrevue a également abordé l’autre éléphant dans la pièce : le Bye Bye 2024. Critiqué comme étant l’un des pires de l’histoire de l’émission, le Bye Bye réalisé par Fecteau a été qualifié par plusieurs comme « le bye-bye de trop ».

Patrick Lagacé n’a pas hésité à relayer les critiques, demandant directement à Fecteau s’il comptait revenir pour une autre édition.

« Je suis en réflexion », a-t-il répondu, admettant que la charge de travail et les réactions négatives lui pesaient lourdement et qu'il avait fait de l'arythmie cardiaque pendant deux semaines.

« C’est sûr que moi, Guillaume L’Espérance, notre équipe… tout le monde dans l’équipe, il y a quelqu’un qui braille ou qui casse. Parce que c’est intense. C’est extrêmement intense », a-t-il admis, évoquant le stress colossal lié à la production de cette émission emblématique.

Mais ce qui a frappé, c’est l’impression que Fecteau essayait de détourner la conversation vers des terrains moins glissants, revenant sans cesse à ses justifications sur Musk et ses intentions mal comprises.

Peut-être le moment le plus révélateur de l’entrevue est venu lorsque Fecteau a reconnu, dans un rare éclair d’humour, qu’il avait perdu l’envie de défendre Elon Musk.

« De toute façon, je pense pas qu’il va venir me défendre si quelque chose m’arrive », a-t-il lâché, provoquant un rire nerveux dans le studio.

Mais cette tentative de légèreté n’a pas suffi à dissiper l’impression d’un homme dépassé par les événements.

Alors que l’entrevue touchait à sa fin, Fecteau a tenté de se repositionner en tant qu’artiste passionné mais épuisé.

« C’est extrêmement intense », a-t-il expliqué, en parlant de son travail sur le Bye Bye.

Mais malgré ses efforts pour paraître réfléchi et mesuré, le sentiment général qui se dégageait de l’entretien était celui d’un réalisateur sur la défensive, incapable de convaincre qu’il maîtrisait encore son rôle de figure publique.

Au sortir de l’entrevue, les réseaux sociaux étaient déjà en ébullition. Les auditeurs, nombreux à réagir en temps réel, n’ont pas manqué de souligner le malaise palpable dans le studio.

« Simon-Olivier Fecteau patinait comme Mike Matheson dans sa zone », a écrit un internaute, en référance aux problèmes aux problèmes défensifs du défenseur dans sa zone.

D’autres ont critiqué son incapacité à assumer pleinement ses erreurs ou à proposer des solutions concrètes pour redorer son image.

Cette entrevue n’a fait qu’alimenter le feu des critiques envers Fecteau et Radio-Canada, accentuant le sentiment qu’il est peut-être temps pour le réalisateur de céder sa place à quelqu’un de mieux outillé pour naviguer dans les eaux troubles de l’opinion publique.

Une chose est sûre : cette entrevue restera dans les annales comme un exemple parfait de l’art de patiner en terrain glissant… avec très peu de grâce.

Ce malaise de Simon-Olivier Fecteau avec Patrick Lagacé au 98,5 FM restera sans doute gravée dans les mémoires comme un moment de grand malaise.

À se demander si la séquence sera parodiée...au prochain Bye Bye...

Fecteau a expliqué que sa publication sur Musk n’avait pas pour but de défendre l’entrepreneur, mais plutôt d’appeler à une discussion plus nuancée.

« Je me demande juste si parfois nos peurs n’amplifient pas notre division collective », a-t-il tenté de justifier.

Cependant, ces propos n’ont fait qu’aggraver les critiques à son encontre, certains y voyant une minimisation des gestes d’un homme controversé.

Au fil de l’entrevue, Fecteau a reconnu que sa publication initiale sur Musk était mal informée.

« Il y a de l’information qu’à ce moment-là, je savais pas », a-t-il concédé, mentionnant notamment les liens présumés de Musk avec des partis d’extrême droite.

« J’ai perdu des petits bouts, surtout vers la fin, pour des trucs de politique américaine », a-t-il expliqué, soulignant que son rôle de réalisateur du Bye Bye l’avait empêché de suivre de près certains développements.

Cependant, sa tentative de nuancer ses propos n’a pas suffi à calmer les critiques.

« Des fois, avec des partis d’extrême droite, je fais pas l’association directe », a-t-il déclaré, tout en précisant qu’il ne soutenait en aucun cas l’extrême droite.

Mais ces distinctions ont semblé manquer de clarté, laissant une impression d’ambiguïté sur ses positions.

L’une des idées centrales avancées par Fecteau au cours de l’entretien est le manque de place pour des discussions nuancées sur les réseaux sociaux.

« Publiquement, c’est comme si on pouvait plus discuter », a-t-il déploré, ajoutant que les débats en ligne se transforment rapidement en procès d’intention.

« Les gens étaient extrêmement fâchés. C’est comme si on pouvait plus avoir des vraies discussions avec des gens qui ont des opinions différentes », a-t-il souligné.

Cette frustration face à l’incapacité de débattre sainement a conduit Fecteau à envisager une pause.

« Je vais prendre une pause… des sujets même proches d’être controversés. Ça me tente plus, ça sert à rien », a-t-il affirmé, reconnaissant l’impact émotionnel et professionnel de ces polémiques.

Il a même confié que certains avaient écrit à Radio-Canada pour demander son congédiement.

« Il y a des gens qui ont écrit à Radio-Canada pour que je perde ma job », a-t-il révélé, visiblement affecté par cette pression.

« J’adore ces débats-là, mais j’avoue des fois que je pense que je m’exprime de certaines façons », a-t-il ajouté, semblant reconnaître la nécessité d’une plus grande prudence.

Si Simon-Olivier Fecteau espérait apaiser les tensions lors de cette entrevue, le résultat a été tout autre. Ses explications, bien que parfois sincères, ont souvent manqué de clarté et de conviction, renforçant le sentiment qu’il est dépassé par les événements.

Ses propres mots, tels que « j’ai une addiction à donner mon opinion » ou « ça me tente plus, ça sert à rien », témoignent d’un homme en quête de répit, mais aussi d’une certaine désillusion face à la réalité médiatique.

Cette entrevue, ponctuée de malaises et d’aveux d’impuissance, a surtout confirmé que Fecteau est à un carrefour décisif de sa carrière.

Qu’il décide ou non de revenir à la barre du Bye Bye, il devra composer avec une réputation fragilisée et un public qui attend des gestes concrets pour regagner sa confiance.

Il y avait quelque chose de profondément cocasse – voire ironique – à entendre Simon-Olivier Fecteau se plaindre auprès de Patrick Lagacé qu’« aussitôt qu’on a une opinion différente, on se fait enterrer », alors même qu’il parlait à l’un des rois incontestés de cette pratique.

Lagacé, qui a bâti une bonne partie de sa carrière sur l’écrasement public de ceux qui osent penser différemment, n’a rien fait pour cacher un certain malaise.

Mais le comble, c’est qu’il laissait Fecteau se victimiser alors que lui-même a passé sa carrière à piétiner les opinions divergentes.

Qu’on pense à Pierre-Yves McSween, ou encore à MC Gilles, ou Guillaume Lemay-Thivierge, victime d’une véritable vendetta médiatique où Lagacé n’a jamais manqué une occasion de l’enterrer.

Si vous ne partagez pas la ligne de pensée de Lagacé, il vous descend en flammes. Alors, entendre Simon-Olivier Fecteau se confier à lui sur les dangers de ne pas être d’accord était, disons-le, assez comique.

Fecteau lui-même n’est pas étranger à l’art de tirer sur tout ce qui bouge. Dans son rôle de réalisateur du Bye Bye, il s’est moqué sans retenue de TVA Sports, de Justin Trudeau, de Pierre Fitzgibbon, etc, etc.

Tout le monde « passe au cash » dans ses sketchs, souvent avec une férocité qui frôle la cruauté. Mais quand vient le temps d’assumer ses propres controverses, comme celle liée à Elon Musk, Fecteau semble avoir découvert un goût pour la victimisation.

Lors de l’entrevue, Fecteau a évoqué ses problèmes de santé pour justifier sa volonté de faire une pause, notamment un épisode inquiétant.

C’était particulièrement frappant de le voir se défendre en utilisant des arguments qui s’appliqueraient si facilement à ses propres victimes.

Lui qui s’est moqué de TVA Sports dans le Bye Bye, décrivant la chaîne comme une blague télévisuelle en chute libre, n’a pas eu la même patience lorsqu’il s’est retrouvé à son tour sous le feu des critiques.

L’arroseur arrosé? Absolument. Mais le manque d’autocritique de Fecteau, combiné à son désir soudain de jouer la carte de la victime, a rendu l’épisode presque risible.

L’entendre se plaindre d’une société où il est impossible de débattre ou d’avoir une opinion différente sans se faire enterrer semblait également hors de propos, surtout dans le cadre de cette entrevue.

Il y avait dans ses propos une absence flagrante de conscience de son propre rôle dans ce système qu’il dénonce.

Après tout, combien de politiciens, journalistes, ou personnalités publiques ont été écorchés par ses sketchs? Combien de fois a-t-il contribué à polariser des discussions en faisant des caricatures mordantes de ses cibles?

Cet échange entre Fecteau et Lagacé nous a donné envie de regarder par terre.

Deux figures connues pour leur tendance à écraser les opinions contraires se retrouvaient à discuter de la difficulté d’exprimer une pensée divergente sans subir de conséquences.

Si la situation n’était pas si grave, elle aurait presque été drôle. Mais pour ceux qui ont été dans leur ligne de mire, ce genre de double standard laisse un goût amer.

Deux poids...deux mesures...