Tristesse sur le plateau de TVA Sports: Jean-Charles Lajoie annonce sa chute

Tristesse sur le plateau de TVA Sports: Jean-Charles Lajoie annonce sa chute

Par David Garel le 2025-05-14

C'était censé être un débat de fond sur l'avenir du Canadien. Ce fut un malaise télévisuel d'une rare intensité. Sur le plateau de TVA Sports, Jean-Charles Lajoie a provoqué une onde de choc en affirmant, avec son aplomb habituel :

« Si Lane Hutson signe pour 10 millions par année, ses agents devraient quitter la salle sur-le-champ. Ce gars-là va signer pour 96 millions sur huit ans. Point final. »

Mais ce n'était pas juste ce qu'il a dit. C'était comment il l'a dit. Seul, debout, au centre du nouveau studio de TVA Sports – un décor qui ressemble à un plateau oublié des années 80 – Lajoie ressemblait à un acteur de théâtre sur une scène de tragédie grecque.

Il lisait son monologue droit devant lui, les yeux rivés sur le téléprompteur.

Sa voix montait, descendait, prenait des respirations quasi shakespeariennes. Il s'adressait à la caméra comme s'il déclamait un monologue dramatique au théâtre.

Et tout cela, sans l'ombre d'un collègue, sans réplique, sans contradiction. Un homme seul, dans une mise en scène trop grosse pour son propos, au bord du ridicule.

Le résultat? Le malaise télévisuel de l'année. Les réseaux sociaux se sont enflammés non seulement pour le contenu de ses propos, mais pour leur forme délirante, digne d'un sketch du Bye Bye.

Dans le monde réel, celui des gestionnaires de plafond salarial, des comparables contractuels et des conséquences à long terme, aucun joueur de 20 ans n'a jamais signé un tel contrat à sa sortie de contrat d'entrée.

Même Cale Makar, récipiendaire du trophée Norris, est à 9 millions. Quinn Hughes touche 7,85 millions. Et on ose suggérer que Lane Hutson, qui n'a même pas 100 matchs d'expérience dans la LNH, va survoler tout ce monde là?

Lajoie s'est encore une fois laissé emporter par le sensationnalisme. Comme lorsqu'il avait prédit, avec conviction, la démission de Martin St-Louis en décembre.

On sait tous où cela a mené : Martin St-Louis est aujourd'hui nommé pour le trophée Jack Adams. Pas de démission. Pas de crise. Un faux scoop.

Jean-Charles Lajoie ne s’est jamais excusé. Il avait lancé la nouvelle avec une telle assurance que les fans du CH y avaient cru. 

Il faut dire que Lajoie a une longue tradition de provocation sans remords. Il ne s’est excusé qu’une seule fois dans sa carrière publique : lorsqu’il s’en est pris aux gens des régions pendant la pandémie en les traitant d'imbéciles heureux.

Et encore là, c’était forcé, dicté par la direction après un tollé massif. Il faut croire que TVA Sports ne lui a jamais vraiment rendu service en couvrant ses frasques et en le gardant à l’emploi malgré toutes les controverses.

Aujourd’hui, il paie le prix de toutes ses bourdes : chute libre d’auditoire, crédibilité au plancher, et silence radio quand vient le temps d’admettre ses torts.

Mais cette fois, c'est le ridicule qui atteint un nouveau sommet. Comparer Lane Hutson à Nathan MacKinnon, dont le contrat de 12,6 M$ par saison est proche du sommet absolu de la ligue, c'est une insulte à l'intelligence.

Hutson est un joueur spécial, nul doute là-dessus. Il gagnera probablement le trophée Calder. Il est déjà une pièce essentielle du futur à Montréal. Mais 12 millions par saison? Vraiment?

Sur les réseaux sociaux, la riposte a été foudroyante. Les internautes ont accablé Lajoie. On l'accuse de déconnecter, de vouloir créer des polémiques pour attirer une audience en chute libre.

Son émission perd des plumes. Son podcast attire une poignée d'auditeurs. Et voilà qu'il crie à 96 millions comme un vendeur de voitures d'occasion crie à la liquidation totale.

Ce qui est désolant dans tout cela, c'est que le vrai débat mérite mieux. Lane Hutson va coûter cher. Oui. Il ne signera pas pour moins que Nick Suzuki, surtout pas avec la montée du plafond salarial.

Il pourrait bien exiger 10 millions par saison si son agent Sean Coffey joue dur. Et il le fera. Parce que Coffey a perdu son combat dans le dossier Jacob Fowler, où il n'a même pas réussi à obtenir les bonus maximaux. Il ne se fera pas humilier deux fois.

Mais Hutson lui-même a laissé entrevoir une volonté de rester à Montréal et de s'entendre rapidement. Il aime le vestiaire. Il aime la ville. Il a mentionné les Gallagher, Suzuki, Savard et Matheson comme figures de leadership inspirantes.

Et dans ses déclarations, jamais on n'a senti l'arrogance d'un jeune qui exigeait d'être le mieux payé de l'équipe.

Alors que vaut Lane Hutson? Le CH le voit entre 8,5 et 9,5 millions pour huit ans. Coffey va viser 10 à 10,5. Mais 12 millions? C'est du domaine de la farce. Une affirmation faite pour choquer, pas pour informer. Et venant d'un prétendu analyste, c'est grave.

Car les paroles ont un poids. Quand un Jean-Charles Lajoie clame, sur une chaîne nationale, qu'un joueur de 20 ans doit rejeter une offre de 80 millions et exiger 96 M$, il sabote la crédibilité de tout un métier.

Le malaise sur le plateau était réel. Et cette stupeur était amplifiée par le fait que Lajoie est seul. Aucun collègue pour le protéger du ridicule.

On doit encore se demander si c'était une blague ou un coup de sang. Parce que si le public commence à croire que 12 millions est un standard acceptable pour Hutson, Kent Hughes va devoir gérer une bombe médiatique, en plus d'une négociation salariale déjà très complexe.

Jean-Charles voulait créer un buzz. Il a créé un malaise. Et dans le monde du hockey, les malaises, eux, laissent des traces.

L’homme qui jadis faisait vibrer le public avec ses envolées passionnées semble aujourd’hui figé dans un monde où il est toujours seul. 

Son podcast? Un monologue. Ses interventions à la télé? Des monologues. Toujours en solo, toujours en train de lire un monologue sans contradiction, sans nuance, sans filet.

Il est narcissique, OK, mais il est aussi en danger. On est témoin de la chute d’un homme qui devient une caricature de lui-même. 

Et à TVA Sports, personne ne semble vouloir le protéger de lui-même. Où sont les collègues? Où sont les débats? Où est l’encadrement? Même un boxeur a besoin d’un coin pour l’aider entre les rounds. Jean-Charles, lui, est seul au centre du ring, à balancer des uppercuts dans le vide.

Il a besoin d’aide. Et TVA Sports a une responsabilité. Sinon, on assiste, semaine après semaine, à la lente érosion d’un communicateur devenu parodie.

Et à la fin, ce n’est pas le hockey qui perd. C’est Jean-Charles Lajoie.