Tristesse pour Michel Bergeron: il perd sa bataille

Tristesse pour Michel Bergeron: il perd sa bataille

Par David Garel le 2025-08-01

C’est une scène que personne n’aurait osé écrire, sauf peut-être Nick Suzuki lui-même dans un scénario de revanche parfaite.

Après des mois d’attaques publiques, de jugements gratuits et d’humiliations médiatiques, le capitaine du Canadien de Montréal vient de signer sa plus belle réplique : il a été invité au camp d’orientation de Hockey Canada en vue des Jeux olympiques de 2026. 

Et pour Michel Bergeron, c’est un affront public retentissant, un effondrement de tout ce qu’il avait affirmé avec aplomb.

Oui, Samuel Montembeault et Noah Dobson font également partie des 42 joueurs triés sur le volet par Hockey Canada pour ce camp prévu du 26 au 28 août à Calgary. Oui, il s’agit d’un honneur immense. Mais tous les projecteurs sont braqués sur Suzuki, et pour une bonne raison : il n’aurait jamais dû être là, selon Michel Bergeron.

Souvenons-nous. Depuis près de deux ans, Michel Bergeron a mené une campagne ouverte contre Nick Suzuki. Une vendetta quasi personnelle.

Le vétéran analyste avait affirmé, sans détour, que le capitaine du CH n’était « pas un vrai capitaine », qu’il « ne parlait pas français », qu’il n’avait « aucun charisme », et pire encore, qu’il « n’était pas assez passionné » pour représenter dignement le Canada.

Mais le coup de grâce, c’est lorsqu’il a prédit que Suzuki ne serait même pas considéré pour Équipe Canada.

Selon Bergeron, il a manqué les deux derniers championnats du monde, il ne montre pas assez de flamme, il n’a pas ce qu’il faut pour se battre contre des gars comme McDavid, MacKinnon, Marchand… C’est pas un joueur d’élite international, c’est un bon joueur de club, sans plus. 

Ces mots, Suzuki les a lus. Le vestiaire les a entendus. Les fans les ont ressassés. Et aujourd’hui, Michel Bergeron doit les ravaler.

Non seulement Nick Suzuki a été invité au camp (un camp qui regroupe les meilleurs joueurs de la LNH, dont Connor McDavid, Cale Makar, Mitch Marner, Brad Marchand, Sidney Crosby, Nathan MacKinnon et compagnie) mais il s’y présente en tant que capitaine du CH, et joueur modèle reconnu pour son calme, sa constance et son intelligence sur la glace.

Ironie ultime : il fait partie des rares jeunes joueurs qui ont une réelle chance de percer l’alignement final.

« Suzuki a toujours représenté le Canada avec classe et humilité. Il est jeune, mais il joue comme un vétéran. Il comprend ce qu’est la pression d’un grand marché. Et surtout, il performe », a déclaré un proche de Hockey Canada, cité par TSN.

C’est une validation éclatante pour un joueur qu’on a trop souvent comparé défavorablement, qu’on a écorché sur la place publique simplement pour des raisons futiles comme le fait de vouloir se reposer, se fiancer, se marier au lieu d'aller représentet son pays dans un tournoi en carton (championnat du monde).

Et pendant que Suzuki se prépare à représenter son pays pour un vrai tournoi, Michel Bergeron, lui, regarde le vent tourner sans pouvoir l’arrêter.

Michel Bergeron fulmine en silence. Lui qui avait juré que Suzuki n’aurait même pas droit à une invitation pour le camp d’orientation d’Équipe Canada. Il doit être tellement triste que le "non-guerrier" ait remporté cette bataille médiatique. 

« Fatigué de quoi? », lançait-il avec mépris sur les ondes de TVA Sports, en référence à l’hôtel Amaranera en République Dominicaine où Suzuki avait séjourné avec sa conjointe pour la demander en mariage au lieu d'aller au championnat du monde.

Le problème pour Bergeron, ce n’est pas seulement cette invitation. C’est que tout ce qu’il a dit sur Suzuki vient de s’effondrer.

On savait très bien combien coûtait une nuitée dans cet hôtel de rêve. C’était pas un petit tout-inclus à Punta Cana : c’était l’Amanera, un sanctuaire de luxe perché sur la "Playa Grande", où chaque villa privée frôle les 4000 $ la nuit.

Mais ce n’est pas seulement le prix qui a fait exploser le Tigre… c’est la manière. Parce qu’à l’époque, la conjointe (maintenant femme) de Nick Suzuki, Caitlin Fitzgerald, avait fièrement exposé leur suite sur Instagram, comme si elle faisait la promotion du catalogue de l'hôtel.

La vue sur l’infini, la piscine privée, les repas gastronomiques servis sur la terrasse : tout y était. Aux yeux de Bergeron, c’était une provocation pure et simple.

Pas seulement parce que Suzuki avait décliné l’invitation au Championnat du monde pour « récupérer », mais parce qu’il l’avait fait dans un palace de milliardaire, et que sa blonde en avait fait un défilé virtuel de privilèges. Pour le vieux coach, ça ne passait pas. C’était la goutte de Dom Pérignon qui a fait déborder la coupe.

Il disait que Suzuki n’était pas un capitaine? Il est toujours là, respecté de ses coéquipiers et maintenant de Hockey Canada.

Il disait que Suzuki ne parlait pas français? Et pourtant, il continue les cours de français dans l'ombre deviendra, à ce rythme, un joueur parfaitement bilingue un jour. Il faut juste lui laisser du temps.

Il disait que Suzuki ne pourrait jamais être considéré pour une compétition internationale? Il est maintenant à un camp olympique, sous les ordres de Jon Cooper, aux côtés des plus grandes vedettes du hockey mondial.

C’est la tempête parfaite pour Michel Bergeron. Lui qui croyait avoir gagné la guerre médiatique contre Suzuki, en se basant notamment sur son absence aux deux derniers championnats du monde, voit maintenant son pire cauchemar se réaliser : Suzuki n’a pas seulement survécu à ses critiques, il les a dépassées.

Dans l’esprit de Bergeron, cette invitation devait aller à un “vrai guerrier”..Et pourtant, c’est Nick Suzuki qui obtient la reconnaissance suprême. Pas parce qu’il crie dans le vestiaire. Pas parce qu’il frappe tout ce qui bouge. Mais parce qu’il joue du hockey intelligent, discipliné et constant.

Suzuki est la nouvelle génération de leaders. Et Hockey Canada vient de lui tendre la main.

Pour Suzuki, le silence est la plus belle des réponses.

Nick Suzuki n’a pas réagi publiquement à l’invitation. Fidèle à son style, il laisse parler les faits. Il ne tombera pas dans le piège des règlements de compte. Il n’ira pas confronter Bergeron. Mais dans son regard, il sait.

Il sait que ce camp est une validation. Que sa place n’est pas un hasard. Qu’il n’a pas besoin de gueuler à tout vent pour être entendu. Il suffit d’être bon. D’être constant. D’être vrai.

Et surtout, de ne pas répondre à la haine par la haine, mais par le travail.

Alors que Michel Bergeron ronge son frein, que ses prédictions s’écroulent une à une, Nick Suzuki se prépare à porter l’unifolié.

Et dans cette revanche silencieuse mais foudroyante, il y a une leçon pour tous ceux qui ont douté de lui : les vrais leaders ne crient pas. Ils avancent. Et tôt ou tard, ils gagnent.

Michel Bergeron l’a appris à la dure.

Nick Suzuki, lui, ne dira rien.

Parce qu’il n’en a pas besoin. Quand tu es un gagnant, le silence est d'or.