Il y a quelque chose de déchirant dans la manière dont les Capitals de Washington ont été éliminés.
Une équipe qui croyait encore, une équipe qui pensait pouvoir repousser la fin, mais qui a été renvoyée à la réalité brutale des séries par les Hurricanes de la Caroline.
Une équipe trop lente. Trop dépendante. Et surtout, une équipe avec un Pierre-Luc Dubois catastrophique et un Alex Ovechkin qui ne peut plus porter ce groupe sur ses épaules fatiguées.
Dubois? Trois petites passes en neuf matchs. Et un bilan statistique qui évoque davantage un joueur en fin de carrière qu’un centre de puissance de 26 ans payé 8,5 millions par saison. Les partisans ne le pardonnent pas. Pas à Montréal. Pas à Washington. Et sûrement pas dans les coulisses de la LNH.
Mais derrière la colère des fans, derrière l’humiliation sportive, il y a aussi une forme de tristesse. Une forme de deuil. Car c’est peut-être la fin d’une ère.
Et les Capitals, malgré leur première place dans l’Est, l’ont senti dès le but de Svechnikov à 1:59 de la fin du match #5. Cette rondelle, qui s’est faufilée entre les jambières de Logan Thompson, a aussi crevé le cœur de toute une organisation.
Oui, Dubois est l’un des grands coupables. Invisible pendant toute la série. Encore plus effacé quand les matchs étaient en jeu.
Et comme toujours, incapable de répondre présent dans les moments qui définissent les carrières. Il est redevenu ce joueur fuyant, désengagé, qui laisse les autres faire le sale boulot.
Le même qui avait choqué à Winnipeg. Le même qui avait échoué à Los Angeles. Et le même qui avait été hué avec raison au Centre Bell.
Mais derrière la haine envers Dubois, il y a la mélancolie autour de l’un des plus grands : Alex Ovechkin. Le guerrier. Le buteur. Le leader. Celui qui a porté les Capitals pendant deux décennies entières, brisant des records et repoussant les limites du possible.
À 39 ans, il n’avance plus. Son tronc ne suit plus ses mains. Son coup de patin est saccadé. Et malgré ses efforts, malgré sa rage, Ovechkin ne peut plus faire la différence. Son unique but de la série? Marqué à 5 contre 3, dans un match déjà hors de portée.
Il y a une odeur de fin dans le vestiaire des Capitals. Et tous l’ont senti. Même si le coach Spencer Carbery a tenté de sauver la face avec des mots pleins d’émotion, même s’il a dit que cette saison était "l’une des plus belles" de sa carrière, personne n’a été naïf. Ce groupe-là a tout donné. Et ce groupe-là est arrivé au bout.
Ovechkin devrait disputer une dernière saison. Il lui reste un an à son contrat. Après? La KHL. La Russie. Le retour aux sources. Loin des projecteurs de la LNH. Loin du rêve d’une deuxième Coupe Stanley.
Et c’est là que le malaise s’est installé. Quand on a demandé à Alex Ovechkin s’il avait songé à la retraite après cette élimination, le silence qui a suivi a suffi à glacer la pièce.
Le capitaine des Capitals a fixé le sol, a soupiré profondément, puis a simplement dit :
« C’est trop tôt pour penser à ça. »
Mais tout dans son regard, sa posture, son ton… laissait entendre que l’an prochain sera sa dernière saison dans la LNH.
Il lui reste un an à son contrat. Et selon plusieurs échos, il ne signera pas de prolongation à Washington. Son plan serait de revenir jouer une dernière saison dans la KHL, devant ses partisans russes, dans sa ville natale. Ovechkin voudrait conclure sa carrière en beauté, dans ses propres couleurs, là où tout a commencé.
Dans le vestiaire des Capitals, plusieurs joueurs ont été émus après le match. On sentait que quelque chose venait de se terminer. Pas juste une série. Pas juste une saison. Une époque. Et c’est peut-être pour cela que l’élimination a fait aussi mal. Parce qu’elle sonnait comme un adieu.
Et avec lui, c’est une génération qui s’éteint. Washington, sans Ovechkin, ce n’est plus Washington. C’est une équipe qui doit tout reconstruire.
Mais autour de qui? Autour de Dubois? Impossible. Le vestiaire ne lui fait plus confiance. Les fans ne l’endossent plus. Et les médias, eux, l’ont déjà enterré.
Le contraste est saisissant. Caroline a 11 marqueurs différents dans cette série. Washington? Six. Le collectif contre l’individualisme. Le système contre le désordre. Et à chaque match, la différence s’est creusée davantage.
Le plus cruel dans tout ça? C’est que les Canadiens de Montréal auraient probablement offert un meilleur spectacle. Ils auraient été plus affamés. Plus rapides. Plus désespérés. E
Les Capitals, eux, n’étaient pas prêts. Ils avaient été bercés par leur saison miraculeuse. Par le record d’Ovechkin.
Par les flashs de Dylan Strome et Tom Wilson. Mais en séries, tout ça ne compte plus. Il faut mourir pour chaque rondelle. Et Washington n’avait plus ce feu-là.
Logan Thompson a fait ce qu’il a pu. Il s’est blâmé après la défaite. Il a assumé. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les Caps n’ont marqué que sept buts en cinq matchs. Moins de 20 tirs par match. Et rien dans les moments-clés.
Alors qu’au centre, Dubois flottait encore. Sans rythme. Sans envie. Il n’a jamais été une menace pour la Caroline. Il n’a jamais été un facteur.
Et pendant que la Caroline s’avance vers la finale de l’Est, les Capitals rentrent chez eux. Avec dans leur valise une montagne de regrets. Et un Pierre-Luc Dubois qui va devoir vivre avec ce nouveau naufrage.
Car cette fois, il n’y a plus d’excuse. Plus de contexte. Juste une vérité brute : Dubois n’est pas un joueur de séries. Et Washington n’est plus un prétendant.
Le rideau est tombé. Et il a claqué sec.