Il y a des hommes qui traversent les tempêtes et qui en sortent grandis. Et puis, il y a Félix Séguin.
Celui qu’on surnommait autrefois "la relève naturelle de Pierre Houde" est devenu, malgré lui, un symbole de malaise dans le paysage médiatique québécois.
D’abord critiqué pour ses envolées lyriques au hockey, ensuite pour ses tentatives maladroites de copier ses prédécesseurs, voilà maintenant qu’il vit un nouvel épisode de son drame professionnel… en direct du court central.
Car depuis quelques jours, c’est au tennis que Félix Séguin tente de faire valoir sa voix. Une voix qui n’a jamais réussi à conquérir le cœur du public, une voix qui tente encore de se tailler une place dans un Québec sportif qui, franchement, ne l’a jamais adopté.
Et comme si le sort s’acharnait, le conte de fées de Victoria Mboko est en train de virer en cauchemar pour lui.
Victoria Mboko, la magie… gâchée par un micro...
À 18 ans à peine, Victoria Mboko électrise le monde du tennis canadien. Brillante, spectaculaire, humble et pleine d’énergie, elle est l’héroïne d’une génération qui rêve d’une nouvelle étoile.
Chaque match est une montée dramatique. Chaque point, une occasion de rêver. Chaque victoire, un pas de plus vers l’histoire.
Et pourtant, pendant que la jeune Mboko enchante le public… Félix Séguin, lui, le désenchante.
À chaque moment de grâce de Mboko, on attend la description magique. Le mot juste. La phrase qui immortalise le moment. Mais ce qu’on obtient, ce sont des jeux de mots douteux, des tentatives de lyrisme forcées, des slogans mal placés.
« Victoria, on t’aime Mboko (beaucoup) ! »
« La balle a manqué la ligne de Mboko (beaucoup) ! »
« Son service n'a pas raté la ligne de Mboko (beaucoup) ! »
Non. Ce n’est pas drôle. Ce n’est pas intelligent. Et ce n’est surtout pas à la hauteur de ce que cette jeune prodige mérite.
Les réseaux sociaux n’ont pas de pitié
Le Québec ne s’est pas fait attendre. En quelques heures, les commentaires se sont empilés sous les extraits partagés de ses descriptions.
« C’est gênant. »
« Félix Séguin réussit à enlever toute la magie d’un match de Mboko. »
« Sérieux, elle mérite mieux. Qu’on lui donne Pierre-Houde ou n’importe qui d’autre. »
« Félix, ferme ton micro pour une fois. »
Ce n’est plus de la critique. C’est de l’humiliation publique.
Et le pire, c’est que ce n’est pas la première fois.
Depuis des années, Félix Séguin traîne une réputation de commentateur qui en fait trop. Sa tendance à être "trop lyrique", "trop fan", "trop théâtral" lui a valu une avalanche de critiques dans le monde du hockey.
Dès qu’il a quitté RDS pour TVA Sports, il a été perçu comme celui qui voulait devenir Pierre Houde… sans en avoir les qualités.
Et puis, il y a eu ce moment où, croyant bien faire, il a abandonné son « et compte » pour reprendre le légendaire « Et le but ! » de Houde.
Un désastre. Loin de se rapprocher de son modèle, il a scellé sa déconnexion avec le public. On l’a accusé d’imposture. D’usurpation. D’avoir voulu copier au lieu d’innover.
Depuis, tout ce qu’il tente lui explose au visage. Même quand il essaie simplement de faire preuve d’originalité… comme ces jeux de mots avec Mboko, qui ne font que renforcer la perception qu’il est devenu un malaise ambulant.
Un homme brisé, qui s’est ouvert à cœur ouvert
Il ne faut pas oublier que Félix Séguin s’est confié, il y a quelques années, dans une entrevue poignante accordée à La Presse.
Il y parlait ouvertement des effets de la critique sur sa santé mentale. Il disait redouter chaque lendemain de match. Ouvrir Twitter avec anxiété. Se demander si le Québec allait, encore une fois, lui tomber dessus.
Il avouait qu’il se sentait constamment comparé. Qu’il ne pourrait jamais satisfaire tout le monde. Mais qu’il continuerait, malgré tout, à faire son travail, à sa façon. Parce qu’il croyait encore pouvoir convaincre. Il croyait encore pouvoir mériter sa place.
Mais cette résilience, aujourd’hui, semble ne plus suffire.
Il a coupé les réseaux sociaux. Il a tenté de s’en protéger. Mais le mal est fait. Il n’a jamais été accepté. Et chaque nouveau mandat, même au tennis, ne fait que réactiver la blessure.
Pourquoi est-il encore là?
La question se pose avec de plus en plus d’insistance. Pourquoi Félix Séguin est-il toujours au micro? Pourquoi TVA Sports continue-t-elle de le placer en avant-scène, alors que chaque sortie publique vire à la catastrophe?
La réponse est simple : il n’y a plus personne.
TVA Sports, en perte de vitesse, est incapable d’attirer de nouveaux talents. Les meilleurs sont ailleurs. RDS garde ses piliers. Et avec la perte prochaine des droits de diffusion de la LNH, prévue pour 2026, la chaîne est dans une lente agonie.
Félix Séguin est resté parce que plus personne ne veut la place. Et lui, malgré tout, continue à la prendre.
Mais à quel prix?
Ce qui rend cette situation encore plus cruelle, c’est que le tennis aurait pu être une renaissance. Un nouveau départ. Une occasion de montrer une autre facette de son talent. Une manière d’écrire un nouveau chapitre.
Au lieu de ça, c’est devenu le prolongement du malaise.
Mboko, cette étoile montante, est desservie par des phrases toutes faites. Par des slogans recyclés. Par des jeux de mots de fin de table ronde. Ce qu’elle vit est magique. Ce que nous entendons… ne l’est pas.
Et ça, le public ne le pardonne pas.
Ce que vit Félix Séguin, c’est aussi la conséquence d’un écosystème cruel où la comparaison est permanente.
Stéphane Leroux perd sa voix à cause d'une grippe? Le Québec pleure. On l’encourage. On célèbre son fils, Jasmin, qui vient le remplacer à RDS. Amour instantané.
Pierre Houde prend le micro? Tout le monde l’écoute avec respect. Il pourrait parler de la pluie et du beau temps pendant un match des Coyotes, et on l’aimerait encore.
Même Sébastien Goulet, lorsqu’il a remplacé Séguin au pied levé pour un match des Canadiens, a volé la vedette en quelques minutes.
Sa prestation a été saluée unanimement. Les gens lui ont envoyé des fleurs, partagé sa performance, crié au renouveau.
Alors que Séguin était, est et sera toujours perdant aux yeux des Québécois.
Le Québec est-il injuste?
Oui. Et non.
Oui, parce que Félix Séguin a travaillé. Il a évolué. Il s’est amélioré. Même Réjean Tremblay, pourtant féroce critique, a reconnu qu’il faisait « un travail fort honnête ». Il faut être honnête : il n’est plus le descripteur brouillon de ses débuts.
Mais non, parce qu’il n’a jamais réussi à faire vibrer le public. Il n’a jamais trouvé son style. Et surtout : il a toujours semblé essayer de prouver quelque chose, au lieu de juste être lui-même.
Le Québec aime ceux qui assument. Ceux qui ne surjouent pas. Ceux qui laissent leur passion s’exprimer… sans artifice. Félix Séguin, lui, semble constamment en train de chercher une manière de se faire aimer. Et plus il essaie, moins ça fonctionne.
Et maintenant?
Il n’y a plus de refuge. Il n’y a plus de sortie de secours. Le hockey va quitter TVA Sports. Le tennis est devenu un terrain glissant. La description sportive à TVA est une peau de banane médiatique où chaque mot est un risque.
Félix Séguin est seul. Et il le sait.
Il n’est pas un imposteur. Il n’est pas un incompétent. Il est un professionnel qui a voulu trop bien faire. Trop vite. Trop fort. Et qui a perdu le fil.
Il ne mérite pas la haine. Mais il mérite, aujourd’hui, une pause. Une réflexion. Et peut-être, un rôle loin des caméras, loin du direct, loin du fardeau impossible de devenir "la voix d’un peuple".
Le parcours de Victoria Mboko devait être une célébration. Un conte de fées. Une ascension inspirante. Mais pour Félix Séguin, c’est devenu un nouveau chapitre dans un roman tragique.
Un micro trop lourd à porter. Une voix qui ne trouve pas son écho. Une passion mal dirigée.
Le malaise est revenu. Il est redevenu viral.
Et pour Félix Séguin, c’est une gifle de plus.
Un cauchemar qui n’en finit plus.