Depuis maintenant deux ans, Luc Poirier est devenu le cauchemar de Pierre Karl Péladeau.
Ce dernier, jadis porteur du flambeau du retour des Nordiques, n’a plus l’exclusivité du rêve. Et ça le rend fou. Car Luc Poirier, lui, ne veut pas des meetings qui ne veulent rien dire avec Gary Bettman. Il veut des résultats. Il veut un coup d’éclat. Il veut du cash sur la table.
Et surtout… il veut déloger Péladeau.
Le conflit entre les deux hommes est devenu brutal, personnel... et surtout médiatique.
Poirier ne s’en cache pas. Pour lui, Péladeau n’a jamais vraiment voulu ramener les Nordiques. Il s’en sert pour contrôler la conversation.
Poirier veut ramener l’équipe. Et il veut la ramener sans lui.
Les mots sont durs.
Et les gens écoutent. Car Poirier parle comme un gars de la place. Il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.
Québec n’a jamais eu de vrai plan B parce que PKP voulait être seul. Il ne veut pas que les Nordiques reviennent si ce n’est pas avec sa face sur le podium.
Luc Poirier n’a jamais nié son opposition ouverte à Pierre Karl Péladeau dans le dossier du retour des Nordiques. Lors de plusieurs interventions publiques, il a clairement laissé entendre que Québecor, en particulier son président, constituait un frein au projet.
Sur les ondes de RDS, Poirier a clamé ce qui lui tient vraiment à cœur : le retour d’une équipe de la LNH à Québec.
Il a déclaré qu’il préférerait nettement s’impliquer dans le dossier des Nordiques plutôt que de s’intéresser à d’autres sports, une déclaration perçue par plusieurs comme une flèche adressé directement à Péladeau.
Le message était clair : Luc Poirier veut ramener les Nordiques, mais pas avec Pierre Karl Péladeau. Il l’a réaffirmé sans détour lors d’une entrevue à Radio X, où il a dit que « PKP étant PKP, ce n’est pas évident de faire des affaires avec lui. »
Derrière cette phrase, c’est un profond mépris qui se dessine. Poirier refuse de s’associer à un homme qu’il juge difficile, et avec lequel il n’entrevoit aucun partenariat viable dans ce dossier.
L’opposition est aussi structurelle. Luc Poirier affirme qu’il est pratiquement impossible de ramener une équipe sans être en contrôle de l’amphithéâtre.
Or, le Centre Vidéotron est sous gestion municipale avec un bail signé par Québecor, ce qui rend toute négociation externe complexe.
Selon Poirier, sans la gestion directe de l’amphithéâtre, aucun modèle d’affaires ne permettrait d’assurer la rentabilité d’une franchise.
Ce blocage opérationnel alimente sa conviction que tant que Québecor demeure lié au projet, la LNH ne prendra pas Québec au sérieux.
Luc Poirier a aussi rappelé qu’il n’en est pas à ses premières démarches concrètes. En 2017, il a tenté d’acquérir les Coyotes de l’Arizona pour 380 millions de dollars US, dans l’optique claire de les relocaliser à Québec.
Il affirme avoir offert jusqu’à 800 millions US pour d’autres franchises potentielles. Ses propositions n’ont pas abouti, mais elles témoignent d’un engagement financier et stratégique bien réel, qui contraste avec l’inaction reprochée à Québecor.
À travers ses nombreuses apparitions médiatiques, Poirier affirme qu’il ne cherche pas à « flasher », mais qu’on le sollicite. Il donne en exemple sa participation à Dans l’œil du dragon et à une série documentaire sur Crave.
Il insiste : sa visibilité médiatique n’est pas un moyen de se vanter, mais une manière de transmettre un message d’ambition et de rappeler qu’il existe des gens au Québec prêts à bouger pour de vrai.
Luc Poirier sait qu’il dérange. Il admet que certains le voient comme un “nouveau riche sans classe”, une étiquette qu’il lie à son parcours atypique: avoir grandi dans un HLM, s’être fait tout seul, et ne pas faire partie des grandes familles d’Outremont ou de Westmount.
Ce profil dérange dans les hautes sphères d’affaires du Québec, incluant Péladeau, dont l’entourage le traite parfois avec condescendance.
Aujourd’hui, Poirier ne cache plus son hostilité envers PKP dans le dossier des Nordiques. Il ne veut pas « sauver » Québecor. Il croit que la situation financière de l’entreprise, combinée à l’avenir incertain de TVA Sports (qui va les droits de la LNH en 2026), rend Québecor inapte à porter ce projet seul. Pour lui, l’ère Péladeau est terminée. Et tant que Québecor est associé au dossier, la LNH ne bougera pas.
Les attaques sont publiques. Et privées. Les deux hommes se croisent dans les mêmes cercles d’affaires, mais plus personne ne fait semblant. Luc Poirier est désormais l’homme qui ose rêver à voix haute. Et qui ose dire que Péladeau a trahi Québec.
Et pendant que cette guerre de coqs se déroule à huis clos… un autre drame, encore plus silencieux, vient d’anéantir l’unique voie réaliste de retour des Nordiques à court terme.
Car pendant que Poirier et Péladeau se chamaille sur la place publique, les Sénateurs d’Ottawa ont discrètement verrouillé leur avenir dans la capitale fédérale. Et ce que personne n’ose encore dire tout haut, c’est que ce projet-là vient d’enterrer définitivement la possibilité d’un déménagement à Québec.
Le coup fatal vient de tomber. Silencieux, froid, sans pitié.
Pour les partisans des Nordiques de Québec, c’est la fin d’un espoir entretenu depuis plus d’une décennie. Le dernier fil auquel ils s’accrochaient vient de céder. Et c’est à Ottawa, ironiquement, que le cercueil du rêve bleu ciel vient d’être cloué.
Alors que plusieurs s’accrochaient encore à l’idée que les Sénateurs d’Ottawa pourraient un jour faire leurs valises vers le Centre Vidéotron, un développement discret, mais décisif, vient d’enterrer cette hypothèse pour de bon.
La Commission de la capitale nationale (CCN) et les Sénateurs sont en voie de finaliser l’achat d’un terrain de 10 acres en plein cœur des plaines LeBreton, à moins de dix minutes de la Colline parlementaire.
Un terrain qui deviendra, d’ici quelques années, le cœur d’un nouveau quartier du divertissement… et le futur domicile à long terme des Sénateurs de la LNH.
Le 20 septembre 2024 avait été désigné comme date charnière. C’est là que plusieurs à Québec croyaient que tout pouvait basculer. Si la CCN et les Sénateurs ne s’entendaient pas d’ici là, si le projet de LeBreton échouait pour de bon, alors, peut-être, Gary Bettman accepterait enfin de transférer une équipe canadienne vers Québec.
Peut-être que la fameuse « règle non écrite » interdisant d’ajouter une nouvelle équipe au Canada aurait été contournée grâce à un déménagement. Et comme Ottawa et Québec sont dans la même division, le scénario était idéal. Une transition fluide. Une relocalisation logique.
Mais non.
Vendredi, Postmedia a lâché la bombe. Les négociations entre la CCN et les Sénateurs ont non seulement repris avec intensité… elles sont sur le point d’être conclues.
Un accord de principe avait été annoncé dès septembre 2024. Depuis, les deux parties ont travaillé sans relâche pour combler les écarts, établir un prix équitable, et clarifier les obligations environnementales.
Le président des Sénateurs, Cyril Leeder, a rencontré la CCN en personne cette semaine.
« Nous avons parlé mardi. Ce projet-là est littéralement sur le dessus de ma pile de dossiers. Et on est en mode action », a-t-il déclaré cette semaine à TSN 1200.
La CCN, de son côté, a confirmé que « les deux parties travaillent fort pour conclure une entente et sont engagées à amener un centre d’événements majeur sur les plaines LeBreton. »
Le message est clair : les Sénateurs ne vont nulle part.
Le terrain en question est stratégique. Situé entre la rue Preston et le City Centre, en face de la nouvelle super-bibliothèque d’Ottawa, il est au cœur d’une revitalisation urbaine d’envergure.
On y prévoit un aréna, mais aussi un hôtel, des résidences, des restaurants, des bars, des places publiques… Un quartier du spectacle digne de ce que l’on voit à Seattle ou à Edmonton.
Les Sénateurs ont visité les arénas les plus modernes de la LNH pour s’en inspirer : UBS Arena (Islanders), Climate Pledge (Seattle), Little Caesars (Detroit), Rogers Place (Edmonton). Ce n’est pas une rénovation. C’est un renouveau.
Le terrain est contaminé? On va le décontaminer. Les coûts sont flous? On va les estimer. Le prix n’est pas fixé? Une firme tierce a été mandatée pour établir une valeur marchande juste.
Tout avance. Tout converge vers une signature formelle. Si ce n’est pas le 20 septembre… ce sera d’ici la fin de 2025. Le projet est trop avancé, trop stratégique, trop consensuel pour capoter.
Et pendant ce temps-là… à Québec?
Silence.
Ce que plusieurs ne veulent pas admettre, c’est que Gary Bettman n’a jamais cru à un retour des Nordiques par expansion. Depuis l’échec de la candidature de 2015, la stratégie de la LNH est clair comme de l'eau de roche : les nouveaux clubs iront dans le Sud.
À Houston, à Atlanta s’il le faut. Mais jamais à Québec. Pas parce que la ville n’est pas méritante. Mais parce qu’elle ne cadre pas dans la logique d’affaires du commissaire. Trop petite. Trop dépendante d’un seul propriétaire (Québecor). Et surtout, trop vulnérable aux cycles économiques canadiens.
Mais si les Sénateurs avaient échoué leur projet des plaines LeBreton?
Là, oui. Là, il y aurait eu une porte.
Un déménagement, dans la même division. Un transfert sans perturbation géographique. Et une franchise qui aurait conservé sa valeur, son bassin de partisans, son cachet canadien.
C’était la seule voie encore ouverte.
Mais maintenant, même celle-là est fermée. Les Sénateurs viennent de sceller leur avenir à Ottawa. Ils s’ancrent, ils s’implantent, ils s’engagent à long terme.
Et dans les couloirs du Centre Vidéotron, l’écho est glacial. Ce rêve-là est fini.
Ce qui rend cette annonce encore plus douloureuse pour les partisans de Québec, c’est qu’elle enterre officiellement l’unique scénario de relocalisation crédible.
Pierre-Karl Péladeau, malgré tous ses discours d’engagement, a depuis longtemps détourné ses investissements vers d’autres priorités : les Alouettes, Freedom Mobile… Tout sauf le hockey. Et chaque jour qui passe alimente le soupçon qu’il n’a jamais vraiment voulu ramener les Nordiques.
Et voilà pourquoi tous les regards se tournent maintenant vers un homme : Luc Poirier.
Le promoteur coloré, audacieux, controversé, est devenu le dernier espoir crédible. Il a les poches profondes. Il est prêt à investir. Il a déjà échangé publiquement avec Gary Bettman. Il veut construire un amphithéâtre… ou en reprendre un. Il veut convaincre la LNH que Québec peut revenir dans la game, mais avec un plan indépendant, moderne, flexible.
Mais même pour lui, le chemin est rempli d'obstacles.
Car désormais, il ne peut plus miser sur un déménagement des Sénateurs. Il devra convaincre Bettman d’ouvrir les vannes de l’expansion. Et dans une ligue qui lorgne vers le sud des États-Unis, ce sera une guerre diplomatique, politique et financière.
C’est donc dans l’indifférence nationale que se joue le dernier acte du rêve des Nordiques version déménagement. Aucun communiqué. Aucune annonce officielle. Juste des articles locaux, des citations tranquilles, des ententes de principe qui s’accumulent… et une résignation froide.
Les partisans de Québec, eux, méritaient mieux. Ils méritaient une vraie réponse. Un « non » franc. Pas cette lente asphyxie. Pas cette promesse éternelle qu’on laisse traîner pour calmer les esprits. Le Centre Vidéotron est encore là. Silencieux. Vide. Glorieux… et inutile.
Et pendant que les Sénateurs construisent un avenir, Québec pleure un passé qu’on refuse de laisser aller.
Le rêve n’est plus suspendu. Il est tombé. Et il s’est brisé.
La suite? Ce sera peut-être Luc Poirier. Peut-être un miracle. Peut-être jamais.
Mais une chose est certaine : les Sénateurs ne déménageront pas.
Et les Nordiques ne reviendront pas par cette porte.
Clac. Rideau.