C’est un détail qui ne trompe pas. Invité au balado The Big Ceaz Show, Anthony Duclair a longuement parlé de son club, des partisans, de l’UBS Arena… mais pas un mot sur Patrick Roy.
Pas une allusion, pas une phrase de courtoisie, pas même un remerciement de façade. Et quand on connaît le contexte explosif entre les deux hommes, ce silence devient... dangereux...
La logique voudrait que la première question posée à Duclair, après un printemps marqué par un clash public avec son entraîneur, soit justement sur ce sujet.
Or, rien. Soit l’animateur a volontairement esquivé par choix éditorial, ce qui paraît improbable, soit le joueur, ou son entourage, a clairement demandé que Roy ne soit pas évoqué.
Quand on sait que ce genre de balado cherche à créer des moments « croustillants », il est difficile de croire que le sujet a simplement été oublié.
On peut sentir le poids d’un conflit qui n’est pas réglé. Quelle tristesse, sachant à quel point les deux hommes avaient pratiquement une relation père-fils.
Le coach avait même qualifié l'attaquant de fils spirituel à l'époque des Remparts.
La fracture entre Patrick Roy et Anthony Duclair ne date pas d’hier. Elle s’est construite sur des mois, voire des années, dans un mélange de respect initial et de désillusion progressive.
Au départ, leur relation reposait sur un passé commun : celui des Remparts de Québec, où Duclair avait été l’un des joyaux de l’effectif dirigé par Roy.
À l’époque, l’entraîneur voyait en lui un jeune talent explosif, capable de changer l’allure d’un match par sa vitesse et son flair offensif. Mais dans l’environnement rigide et exigeant de la LNH, cette perception a changé.
Dès son retour derrière le banc des Islanders, Roy a imposé un standard d’intensité que Duclair n’a jamais semblé satisfaire.
Aux yeux de Roy, un joueur devait se dévouer aux replis défensifs avec autant d’énergie qu’il en mettait en attaque.
Aux yeux de Duclair, son rôle principal était de produire offensivement et d’utiliser sa vitesse pour créer des chances, pas de se transformer en joueur de soutien sans cesse rappelé à l’ordre.
Leur relation a commencé à s’effondrer lorsque Roy a commencé à le "bencher" et à le critiquer publiquement. Roy ne se contentait pas de donner des consignes en privé : il utilisait aussi les médias pour faire passer ses messages.
L’épisode du 1er avril, où Roy a publiquement qualifié Duclair de « franchement mauvais » et de « chanceux d’être dans la formation », a agi comme le début de la fin.
Dans le vestiaire, plusieurs coéquipiers ont été surpris par la dureté des propos, d’autant plus que l’équipe était déjà éliminée de la course aux séries.
À partir de là, la confiance s’est brisée. Duclair a quitté l’équipe quelques jours plus tard, invoquant des raisons personnelles et de santé mentale.
Selon des sources proches du vestiaire, il vivait un épuisement psychologique, aggravé par le climat tendu avec son entraîneur.
Roy, lui, n’a pas adouci sa position : même après le départ du joueur, il continuait à insister sur le manque de constance et d’engagement défensif de l’attaquant québécois.
Cet été, Roy a reconnu publiquement être allé trop loin et a affirmé vouloir s’excuser. Mais aucune preuve tangible de réconciliation n’a été diffusée.
Bien au contraire, les révélations du New York Post indiquant que Duclair serait « dégoûté » du retour de Roy montrent que les tensions n’ont pas été apaisées.
Dans ce contexte, l’absence totale de mention de Roy par Duclair lors du balado veut tout dire : elle traduit un refus clair de rouvrir le dialogue, au moins publiquement.
Et c’est là que le conflit dépasse le simple cadre sportif. Pour Duclair, c’est une véritable trahison personnelle. L’homme qui l’avait lancé dans le hockey professionnel, qui avait été un mentor dans ses années juniors, est aujourd’hui celui qui, à ses yeux, a piétiné sa confiance et son image.
Ce n’est pas seulement un entraîneur et un joueur qui ne s’entendent plus : ce sont deux anciens alliés devenus adversaires, avec le sentiment amer d’avoir été trahi par quelqu’un « de la famille ».
Ce qui rend la situation encore plus délicate, c’est que Duclair n’est pas dans une position de force. Son rendement l’an dernier, seulement 11 points en 44 matchs, et son différentiel négatif l’ont fragilisé sur le marché.
À bientôt 30 ans, avec un contrat de 3,5 M$ pour encore trois saisons, il sait qu’il joue peut-être la carte de sa survie dans la LNH.
Mais pour Roy, cet élément ne change rien : l’entraîneur veut des joueurs totalement alignés avec sa philosophie, et il ne croit plus que Duclair puisse s’y conformer.
Cette incompatibilité entre un joueur en quête de confiance et un entraîneur inflexible crée une bombe à retardement dans le vestiaire.
Si Duclair devait rester à Long Island malgré tout, chaque match, chaque point, chaque erreur défensive pourrait devenir un nouveau front dans ce conflit larvé.
Et avec la presse new-yorkaise prête à saisir la moindre faille, l’histoire Roy-Duclair risque de continuer à alimenter les gros titres tout au long de la saison.
Ce n’est plus seulement une divergence de style de jeu : c’est un règlement de comptes silencieux, mais sans pitié, entre deux hommes qui ont partagé des victoires dans le passé et qui, aujourd’hui, ne voient plus que leurs désaccords. Et à Long Island, chacun sait qu’il suffira d’une étincelle pour que la mèche s’embrase.
Un mois plus tard, Duclair refuse encore d’aborder le sujet et de prononcer le nom de Roy. Cela laisse penser que la plaie est loin d’être refermée.
En public, il sourit, parle de tourner la page, assure aimer son équipe… mais il prend soin de ne pas offrir à Roy la réconciliation symbolique que tout le monde attendait.
Ce silence est lourd de conséquences pour Patrick Roy. D’abord, parce qu’il alimente l’idée que l’ambiance interne n’est pas saine et que certaines relations demeurent brisées.
Ensuite, parce que Roy commence déjà la saison avec une pression gigantesque sur les épaules : le New York Post l’a clairement identifié comme le premier sacrifié en cas de nouvelle déception.
Si l’équipe cale au classement, si Duclair performe mal et laisse entendre que sa relation avec l’entraîneur en est une des causes, Roy deviendra instantanément la cible.
Et dans un marché comme New York, l’effet boule de neige médiatique est rapide et impitoyable.
Duclair n’est plus un espoir, ni même un joueur en pleine ascension. C’est un vétéran qui joue peut-être pour son dernier contrat majeur.
On voit un joueur en perte de vitesse. Mais on voit aussi un homme marqué par une blessure et par un climat tendu avec son entraîneur.
Or, ce type de joueur est imprévisible : s’il retrouve son rythme, il peut redevenir un élément clé; s’il continue de s’éteindre, il deviendra une charge salariale. Et dans les deux cas, le lien avec Roy sera scruté à la loupe.
La tension est évidente entre Duclair et Roy est plus qu’une simple querelle personnelle : elle représente un test pour la gestion interne des Islanders.
Patrick Roy peut-il apaiser une relation aussi endommagée? Peut-il obtenir du rendement d’un joueur qui, manifestement, ne veut même pas prononcer son nom en public?
Car le problème n’est pas que Duclair ait évité le sujet : c’est qu’il l’a évité sciemment. Et quand un joueur choisit le silence plutôt qu’un mot de réconciliation, c’est rarement bon signe.
Cette saison, Long Island ne sera pas seulement un champ de bataille sportif. Ce sera un théâtre d’observation psychologique.
Et dans ce théâtre, chaque sourire forcé, chaque geste d’évitement, chaque but ou absence de production sera interprété comme un chapitre supplémentaire dans le duel silencieux entre Patrick Roy et Anthony Duclair.
Si Roy gagne, il retrouvera un vestiaire uni et des résultats qui le sauveront.
S’il perd, il n’aura pas besoin de chercher loin pour trouver son bourreau : il l’aura sous les yeux, dans son propre alignement.
Patrick doit faire attention. Il pourrait tout perdre dans ce conflit...