Tristesse à Brossard: Kirby Dach abattu devant les caméras

Tristesse à Brossard: Kirby Dach abattu devant les caméras

Par David Garel le 2025-09-18

C’était censé être un moment de soulagement. Un retour attendu. Une rédemption possible.

Mais ce qui s’est produit devant les journalistes, lors du point de presse de Kirby Dach, restera dans les annales comme l’un des moments les plus malaisants de ce début de saison chez le Canadien de Montréal.

C’est avec un regard vide, une voix monocorde et une absence complète d’émotion que le jeune centre de 24 ans s’est présenté au micro:

Pourtant, tous les signaux sont au vert : il a retrouvé la santé, il commence le camp d’entraînement sur le deuxième trio, aux côtés d’Ivan Demidov et de Patrik Laine, deux joueurs électrisants. Il est censé vivre un nouveau départ. Mais au lieu d’un feu d’artifice, on a assisté à un profond désespoir.

Un point de presse sous antidépresseurs.

Le ton est donné dès les premières secondes. À la question simple : « Comment te sens-tu à l’aube du camp? », Dach répond : « Je me sens bien. Mon corps va bien. Mentalement, je me sens vraiment bien. »

Le problème, c’est qu’aucun mot ne concorde avec son langage corporel. Pas un sourire. Pas un regard franc. Même quand il essaie de blaguer, ou plutôt quand il prononce une phrase qui devrait être drôle, l’ironie ne perce même pas.

Quand un journaliste tente une question plus personnelle sur ses préparatifs estivaux, il lâche :

« Ouais, j’ai passé un mois dans les bois. Je me suis fait pousser la barbe. »

L’ambiance est glaciale. Pas un rire, même gêné. Dach ne sourit pas. Il ne joue pas le jeu. Il ne veut pas être là. C’est écrit dans son regard. Il est inodore, incolore, sans saveur.

Un joueur brisé par l’environnement.

Depuis des mois, les partisans se posaient une question simple : où était passé Kirby Dach?

Aucune apparition publique. Aucune vidéo d’entraînement. Pas même un cliché lors du mariage de Nick Suzuki. Silence radio.

Ce silence a nourri toutes les rumeurs. Blessure plus grave que prévue? Rechute? Dépression? Chicane avec l’organisation?

Et au lieu d’apaiser les tensions, le point de presse a jeté de l’huile sur le feu. Dach, froid, détaché, a répondu avec cynisme aux questions sur sa disparition :

« Je ne sais pas. Je suis allé dans les bois. J’ai fait pousser ma barbe. »

Les journalistes présents ont essayé, tant bien que mal, d’alléger l’atmosphère. Blagues, sourires, relances. Mais Dach n’a jamais embarqué. Son visage était figé. Comme s’il portait une armure invisible pour ne rien laisser transparaître… sauf son mal-être.

Des propos creux, sans chaleur.

Lorsqu’il parle de sa réhabilitation, il tente d’adopter un ton réfléchi :

« Je ne vois pas ça comme un défi, mais plutôt comme une opportunité… Tu peux apprendre des leçons dans la vie, faire les choses correctement… ou continuer à faire des erreurs. »

Mais même ces phrases, bien qu’intelligentes sur le fond, sonnent creuses. Dach n’y croit pas. Ou plutôt : il n’arrive plus à croire en lui-même.

Plus tard, il récite presque mécaniquement :

« Tu n’es jamais parfait dans la vie ou dans le jeu… tu dois apprendre, t’améliorer la prochaine fois… Mon grand-père disait toujours qu’il fallait apprendre quelque chose de nouveau chaque jour. »

Mais il ne regarde pas les journalistes. Il ne cherche pas à connecter. Il semble réciter une leçon qu’on lui a apprise pour survivre au micro.

La lumière au bout du tunnel? Elle est éteinte.

Il aurait pourtant tout pour être heureux.

Martin St-Louis a confirmé qu’il commencerait le camp comme deuxième centre du CH, derrière Nick Suzuki. Un rôle de rêve. Il jouera avec Ivan Demidov, la sensation russe, et Patrik Laine, qui veut relancer sa carrière.

Mais quand un journaliste lui demande : « Qu’est-ce que ça représente pour toi d’être sur cette ligne-là? », Dach se contente de dire :

« C’est excitant. Évidemment, regarder ce que Demidov a fait dans les matchs des recrues, il a du talent. Il a une éthique de travail incroyable. Et puis moi et Patty, on a eu des années difficiles. Mais on se sent confiants. On est prêts à tourner la page. »

Aucune étincelle. Aucune fierté. Aucune passion.

Le plus troublant, c’est que Dach entre dans une saison cruciale. Il joue la dernière année de son contrat. Et au lieu d’un discours de combattant, il se replie dans une posture défaitiste :

« Je pense que les contrats, tout ça, ça se règle avec ce que tu fais sur la glace. Je ne suis pas trop inquiet. Je veux juste jouer. »

Même quand on lui demande s’il pense pouvoir influencer le sort du CH offensivement, il ne s’enflamme pas :

« Je me fais confiance. Je fais confiance au système, à mes coéquipiers, à Marty. On a beaucoup de talent dans cette équipe. Je vais juste essayer d’empiler les bonnes journées. »

Empiler les bonnes journées. C’est tout ce qu’il lui reste.

Et pourtant, il est là. Physiquement.

Kirby Dach est bel et bien présent. Il est en forme. Il patine. Il s’entraîne. Il joue avec Demidov et Laine.

Mais tout en lui crie : je n’ai plus envie.

Peut-être est-ce la pression. Peut-être est-ce la tristesse d’avoir été oublié, de voir que la majorité des médias a affirmé publiquement qu’ils ne croyait plus en Kirby Dach.

Peut-être aussi que l’attente l’a vidé. La convalescence. L’isolement. L’absence de reconnaissance.

Ce qui est certain, c’est que ses coéquipiers semblent marcher sur des œufs. Aucun ne s’est exprimé publiquement pour lui. Aucun ne l’a défendu. Aucun n’a levé la main pour dire :

« C’est notre gars. On croit en lui. »

Et ça aussi, c’est révélateur.

Peut-être qu’on assiste tout simplement à un autre cas de joueur fracassé par le marché montréalais. Après Jonathan Drouin. Après Jesperi Kotkaniemi. Peut-être que Kirby Dach est le prochain nom sur la liste.

« Pourquoi m’arrêterais-je pour m’apitoyer sur mon sort, quand la ligue ne s’arrête pas pour moi? »

Cette phrase, prononcée avec froideur, est peut-être la plus révélatrice du point de presse.

Dach sait qu’il n’a plus le luxe de se plaindre. Mais il ne semble pas non plus avoir retrouvé la joie. Il est dans un entre-deux. Présent mais absent.

Mais la grande question est : où est passé Kirby Dach, humainement?

Ce point de presse est une fenêtre sur une douleur profonde, une déconnexion totale. Et s’il ne retrouve pas rapidement un sens, une passion, un appui… cette saison pourrait être sa dernière à Montréal.