Il y a des gestes qui marquent une carrière. Des décisions qui définissent un mandat. Et parfois, il y a ces erreurs qu’on n’ose même pas qualifier de fautes de parcours, tant elles sentent l’égarement total.
L’échange de Logan Mailloux contre Zachary Bolduc, officialisé au cœur de l’été 2025, risque de rester dans les annales comme l’erreur d’une vie pour Kent Hughes.
Un geste mal inspiré, qui révèle aujourd’hui l’ampleur d’un effondrement structurel, stratégique et émotionnel au sein de la direction du Canadien.
Parce qu’en sacrifiant Mailloux, en misant sur Bolduc, et en croyant compenser par Noah Dobson et David Reinbacher fragile comme du cristal, Kent Hughes a enclenché un engrenage infernal. Une spirale d’erreurs qui s’imbriquent les unes dans les autres. Un triangle noir : Montréal - New York - Saint-Louis.
Il n’aura suffi que d’un match préparatoire pour que Logan Mailloux fasse regretter son départ à Montréal. Dans l’uniforme des Blues, le défenseur droitier a été envoyé dans la mêlée par Jim Montgomery, sans la moindre retenue : 25:29 minutes de jeu, deuxième total le plus élevé de l’équipe.
En avantage numérique, en mission défensive, dans les transitions ou en relance : Mailloux a tout fait, avec l’aplomb d’un vétéran. Et son entraîneur a été cinglant... positivement :
« Logan a été très bon. Il a fait beaucoup de bons jeux en défense et en attaque. Ça se voit que c’est un excellent joueur de hockey. »
À Montréal, pendant ce temps, Bolduc peine à obtenir plus de dix minutes de jeu dans des matchs pré-saison contre des clubs C.
Il est relégué à une combinaison honteuse avec Alex Newhook et... Joshua Roy, Owen Beck et maintenant Oliver Kapanen, pendant que Martin St-Louis refuse obstinément de le tester avec Kirby Dach et Ivan Demidov. Une erreur de coaching? Non. Une absence totale de plan.
Ce qui rend cette transaction encore plus choquante, c’est qu’elle ne survient pas dans un moment de force pour le Canadien, mais dans un contexte de fragilité extrême.
Depuis la blessure de Reinbacher, la chute libre de David Reinbacher, et les performances douteuses de Noah Dobson, le flanc droit de la défense montréalaise ressemble à un champ de mines. Et c’est justement là que Kent Hughes a choisi de sacrifier son défenseur le plus explosif.
Mailloux, avec toutes ses imperfections, avait ce que les autres n’ont pas : du mordant, du flair, de l’impact. Il frappait. Il provoquait. Il créait. Et il avait surtout le profil parfait pour Montréal : un showman, imparfait, mais spectaculaire.
À la place, le CH mise désormais sur :
Dobson : talentueux, mais soft et manquant de chien
Reinbacher : blessé, ébranlé mentalement et physiquement
C’est plus qu’un déséquilibre. C’est un sabotage.
La tentative de Kent Hughes pour compenser la perte de Mailloux s’est appelée Noah Dobson. Et dans un premier temps, tout le monde a voulu y croire. 70 points à New York? Un contrat long terme? Une réputation de défenseur moderne? Sur papier, c’était séduisant.
Mais sur la glace, c’est une autre histoire.
Le match contre Toronto a été le moment du réveil brutal. Dès la première période, Dobson multiplie les erreurs. Il recule, il n’engage pas physiquement, il laisse passer les attaquants, il ne frappe pas. Puis, il se blesse à l’aine. Fin de match. Et début d’un véritable procès médiatique.
Dans le Sick Podcast, Tony Marinaro et Pierre McGuire l’ont passé au tordeur :
« Ceux qui pensaient que le CH a volé les Islanders? Là, vous comprenez. » affirme Marinaro.
« Voilà pourquoi Lou Lamoriello ne voulait pas le payer 8 millions. » affirme McGuire.
Ce n’est pas que Dobson est un mauvais joueur. C’est qu’il n’est pas celui qu’il fallait dans ce contexte. Il n’a pas le chien. Il n’a pas la rage. Il ne soulève pas le Centre Bell. Il ne crée pas d’identité.
Et pendant ce temps, Mailloux devient un pilier à Saint-Louis, sans que personne ne se pose de questions.
Soyons justes : Zachary Bolduc n’est pas un mauvais joueur. Au contraire, il a du talent, un bon lancer, une intensité naturelle. Mais il n’a pas été placé dans un environnement où il peut exploser.
Au lieu d’être jumelé à Demidov et Dach, on l’envoie avec Newhook et maintenant Kapanen pour le prochain match, deux joueurs qui ne complètent pas son style. On lui enlève la première vague de l’avantage numérique. On le garde loin des séquences clés.
Résultat? Il devient invisible. Il se fait oublier. Et à Montréal, l’oubli est une condamnation.
Bolduc ne demande qu’à jouer. Mais Martin St-Louis semble refuser de lui donner une réelle chance. Et le DG ne semble pas vouloir forcer la main de son coach.
C’est le double échec : on a perdu Mailloux ET on ne développe même pas correctement Bolduc.
Pendant que Mailloux rayonne à Saint-Louis, Montréal accumule les erreurs défensives de gestion.
David Reinbacher, blessé à la main, ratera le début de la saison du Rocket. Avant sa blessure? Il était lent, hésitant, en perte de repères, écrasé par la pression. Victime de son rang, broyé par l’ombre de Michkov.
Un joueur qui choke sous la pression, qui n’a jamais prouvé qu’il méritait d’être conservé à la place de Mailloux.
Et Hughes s'est planté. Il a refusé d’inclure Reinbacher dans un deal pour Mason McTavish. Encore une fois, c’est Mailloux qu’on a sacrifié.
Il a échangé le seul qui montrait des signes de progression… pour garder ceux qui s’effondrent.
L’erreur ne s’arrête pas là.
Pour aller chercher Dobson, Hughes a dû céder ses choix 16 et 17. Ces choix? Ils ont été utilisés par Mathieu Darche, désormais DG des Rangers de New York.
Darche a repêché :
Victor Eklund : ailier suédois ultra-dynamique.
Kashawn Aitcheson: un défenseur qui frappe tout ce qui bouge.
Sans oublier Emil Heineman que Patrick Roy voit en marqueur de 20 buts minimum.
Ces deux joueurs sont en train d’impressionner au camp des Rangers. Pendant ce temps, Montréal n’a plus de choix, plus de profondeur, et Dobson qui ne convainc personne.
Mailloux, Bolduc, Dobson, Reinbacher, Eklund, Aitcheson.
Chaque pièce de ce puzzle raconte une erreur d’évaluation.
Montréal - New York - Saint-Louis : le triangle de la douleur.
Regardons froidement le bilan :
À Saint-Louis, Mailloux devient top-4, peut-être top-PP. Il incarne la relève.
À New York, Darche vole deux joyaux avec les choix du CH.
À Montréal, on panique avec les blessures, et on espère que Dobson trouvera un peu de chien.
Ce triangle n’est pas un hasard. C’est le fruit d’une série de décisions précipitées, mal évaluées, émotionnelles.
Il faut aussi parler de la culture de doute qui s’est installée à Montréal.
Pourquoi Martin St-Louis refuse-t-il de faire confiance à Bolduc?
Pourquoi Hughes garde-t-il des joueurs fragiles et échange-t-il ceux qui dérangent?
Parce que le CH a peur. Peur du risque. Peur de l’image. Peur du scandale.
Mailloux, avec sa confiance brute, son arrogance assumée, ses antécédents… était perçu comme un risque.
Mais aujourd’hui, ce risque est en train de devenir une force.
Et Montréal regarde passer le train.
Et maintenant?
Ce camp d’entraînement devait être celui des réponses. Il est devenu celui des regrets.
La défensive est décimée à droite. Le seul défenseur qui semblait pouvoir amener du punch est… à Saint-Louis.
Et Hughes n’a plus de marge. Il n’a plus le droit à l’erreur.
Mais cette erreur-là… il l’a déjà commise.
On ne peut pas tout reprocher à Kent Hughes. Il a hérité d’un club en ruines. Il a tenté de reconstruire. Il a osé.
Mais dans cette reconstruction, il y a des gestes qu’on ne peut pas pardonner.
Échanger Mailloux.
Slectionner David Reinbacher avant Matvei Michkov.
Mal utiliser Bolduc.
Sacrifier les choix 16 et 17 pour Noah Dobson? Ça reste à voir.
Reste que c’est un enchaînement de décisions qui mènent à l’effondrement d’un projet.
Ce n’est pas qu’une erreur.
C’est le triangle fatal du Canadien.
Et au centre de ce triangle, il y a Kent Hughes...