Jake Evans à Anaheim: Kent Hughes s’en veut

Jake Evans à Anaheim: Kent Hughes s’en veut

Par David Garel le 2025-10-30

C’est l’un des plus grands vols récents de la LNH, et il ne s’est pas produit à Montréal. Daniel Brière, en un seul coup de télphone, a transformé les Flyers de Philadelphie en équipe excitante, imprévisible et terriblement talentueuse.

Trevor Zegras a marqué deux buts et une passe dans une victoire convaincante de 4-1 contre Nashville ce soir.

Il compte maintenant 4 buts, 8 passes pour 12 points en 10 matchs. Et pendant que le Xfinity Mobile Arena vibre au rythme de Zegras et des éclairs de Matvei Michkov, les partisans montréalais se demandent : comment Kent Hughes a-t-il pu laisser passer une telle occasion ?

Parce qu’il faut le dire : Trevor Zegras aurait pu être à Montréal. Il aurait pu jouer dans la même équipe que son grand ami Cole Caufield, avec qui il a formé un duo magique avec le programme de développement des États-Unis.

Leur complicité était légendaire. Hughes n’avait qu’à faire un geste simple : inclure Jake Evans dans la transaction que proposaient les Ducks.

Anaheim réclamait un centre de soutien et un choix. Daniel Brière l’a compris. Il a envoyé Ryan Poehling, un choix de 2e ronde et un de 4e. C’est tout. 

Pour un joueur qui avait déjà deux saisons de 60 points à 23 ans, un des visages de la LNH moderne, un génie offensif capable de changer le cours d’un match. Montréal, de son côté, a refusé de sacrifier un joueur de quatrième trio.

Ce refus raconte toute la philosophie de la direction actuelle : prudence et peur de briser la culture du vestiaire.

Zegras, pour Kent Hughes et Martin St-Louis, représentait tout ce qu’ils veulent éviter : un joueur flamboyant, imprévisible, provocateur, qui attire les caméras autant que les partisans.

À Anaheim, on le jugeait trop « Instagram », pas assez « pro ». À Montréal, on ne voulait surtout pas de distraction dans un vestiaire qui est soudé comme jamais.

On avait aussi peur de sa mauvaise influence envers Cole Caufield.

Les Flyers ont pris le risque que le CH refusait d’assumer. Et aujourd’hui, ils récoltent les dividendes.

Le match contre Nashville a été l’illustration parfaite de ce que Zegras apporte : créativité, vitesse, confiance. À 12 :45 du deuxième engagement, il ouvre la marque d’un tir précis du haut des cercles.

À 7 :00 du troisième, il en ajoute un deuxième en avantage numérique, avec une aisance incroyable. Tout au long du match, on le voit diriger le jeu avec Michkov, multiplier les échanges rapides, oser des passes dans des angles impossibles. 

Deux buts, une passe, et une équipe transformée. Philadelphie a gagné ses cinq matchs à domicile. 

Et tout cela a coûté moins qu’un Brendan Gallagher vieillissant. La transaction est un braquage : Ryan Poehling, 45e choix 2025, et un 4e ronde. Les Ducks voulaient tourner la page sur un joueur dépressif, désabusé par l’environnement californien.

Trevor Zegras n’a jamais caché à quel point la fin de son parcours à Anaheim l’avait détruit de l’intérieur.

« Chaque jour se ressemblait, c’était la dépression saisonnière. Je me levais, j’allais à l’aréna, je faisais semblant d’aimer ça. Mais à l’intérieur, j’étais vidé », a-t-il confié.

Il décrit une ville sans âme, un environnement sans passion où le hockey semblait artificiel :

« Je n’avais plus rien à quoi me raccrocher là-bas. Tout semblait faux. On joue devant des sièges vides, il n’y a pas de pression, pas d’âme. Pour un joueur créatif, c’est la mort lente. »

Ce vide, il l’a comblé en arrivant à Philadelphie. «

Ici, j’ai retrouvé le bruit, la passion, l’électricité. Je me sens vivant quand je saute sur la glace. C’est la première fois depuis des années que je me surprends à sourire avant un match », a-t-il dit avec émotion après la victoire contre Nashville.

Son entraîneur Rick Tocchet a été l’un des premiers à raviver cette flamme.

« Rick m’a regardé dans les yeux et m’a dit :

“Tu n’as pas besoin d’être parfait, tu as juste besoin d’être toi-même.” Ça a tout changé. »

Pour Zegras, ce départ d’Anaheim n’était pas un simple échange, c’était une libération.

« Je savais que si je restais là-bas, j’allais finir par détester le hockey. Je suis parti pour me sauver », a-t-il admis sans détour.

Fatigué d’être réduit à un joueur de "highlight", il a tenu à remettre les pendules à l’heure : « Je comprends que certaines personnes n’aiment pas ma façon de jouer. Mais je ne suis pas une vidéo YouTube. Je suis un joueur qui veut gagner, juste différemment. »

Aujourd’hui, il parle avec fierté de son entente naturelle avec Matvei Michkov :

« On se comprend sans parler. Il voit la glace comme moi. C’est excitant de jouer avec quelqu’un qui ose. »

Derrière ses mots, on sent la délivrance d’un joueur enfin remis à sa place : sur la glace, dans la lumière, là où il appartient.

Il avait besoin de sortir du soleil, de retrouver un vrai marché de hockey, un public exigeant. Philadelphie lui a offert cette renaissance. Montréal aurait pu être cette terre promise. Elle a choisi de ne pas l’être.

Ce qui rend l’erreur encore plus incompréhensible, c’est le lien humain entre Zegras et Caufield. Les deux se connaissent depuis l’adolescence. Ils ont joué ensemble dans les programmes américains, vécu les tournois internationaux côte à côte.

Leur chimie était telle que plusieurs recruteurs voyaient déjà le CH les réunir. Et même s'ils n'avaient pas joué sur le même trio, l'histoire aurait été incroyable.

À chaque fois que Zegras accumulera les points à Philadelphie, on repensera à Jake Evans. On se souviendra qu’il a été le clou du refus montréalais. Evans, honnête travailleur, mais remplaçable mille fois.

Pendant ce temps, Daniel Brière a frappé un coup de circuit. Sa vision est claire : ramener le hockey spectaculaire à Philadelphie. Et pour l’instant, ça fonctionne : 6-3-1 après 10 matchs, cinq victoires de suite à domicile, un public excité comme jamais.

Montréal aussi est en feu. Mais imaginez Zegras à la place de Newhook sur le trio de Demidov. 

Ouch...