Il fallait le voir pour le croire. Un 113e choix au repêchage, 5 pieds 7 pouces, ignoré pendant trois rondes par toutes les équipes de la LNH.
Un petit Américain au nom de bande dessinée, Little John Mooney, qui débarque au camp de développement du Canadien à Brossard comme un ouragan.
Et qui, à peine quelques semaines plus tard, fait lever tout le monde de leur siège au World Junior Summer Showcase au Minnesota.
Oui, c’est vrai. LJ Mooney a encore frappé. Et cette fois, ce n’est plus juste une impression passagère. C’est un tremblement de terre silencieux qui secoue les fondations du Centre Bell.
Dimanche, alors que la plupart des regards étaient tournés vers les vedettes connues du tournoi, c’est Mooney qui a volé la vedette dans l’uniforme bleu de l’équipe américaine.
Un but. Une passe. Une intensité contagieuse. Et surtout, un message envoyé à la planète hockey :
« Je suis là. Et je ne vais pas disparaître. »
Son but? Une œuvre d’art. Tir vif, précis, déclenché avec la confiance d’un vétéran. Son implication? Totale. Sa passe? Ciblée et réfléchie, comme s'il jouait les yeux fermés.
Et pendant que ses coéquipiers s’effondraient en troisième période contre la Suède (défaite de 5 à 2), Mooney, lui, flottait au-dessus du chaos, comme un prodige.
Voic les faits saillants:
Il n’en fallait pas plus pour qu’on reparle de lui comme du vol du repêchage 2025. Parce que L.J. Mooney ne joue pas seulement bien. Il change les plans.
Loin de se laisser intimider par sa taille, Mooney a déjà le discours d’un vétéran. Interrogé après le match, il a déclaré avec sincérité et émotion :
« Ils donnent tellement de support. Ils sont incroyables, les partisans là-bas [à Montréal]. J’ai eu tellement de chance d’être repêché par eux, et d’avoir ça derrière moi. C’est génial. »
@flohockeytv LJ Mooney is welcoming the spotlight that comes with being a Montréal Canadiens prospect. Having someone like Lane Hutson to look up to doesn't hurt either 😎 #WJSS #TeamUSA #USAHockey #GoHabsGo #Hockey #HockeyTok ♬ original sound - FloHockey
Et quand on lui parle de Lane Hutson?
« Il est incroyable. Je l’ai vu jouer dans le programme américain, il faisait déjà des trucs spectaculaires. Puis au collège, il a tout cassé. Il n’a jamais changé son style. Il a été sous-estimé, tout comme moi. C’est vraiment cool d’être repêché par la même équipe. »
Des propos simples, mais puissants. Pas de flafla. Juste une gratitude sincère… et une ambition froide. Mooney veut marcher dans les traces de Lane Hutson, de Cole Caufield, de Martin St-Louis. Il veut devenir le prochain « petit » à faire mentir les recruteurs. Et il est prêt à tout pour y arriver.
Le feu sacré dans les yeux.
Dès le camp de développement de juillet, on l’a vu. Dans un simple exercice de deux contre deux, Mooney a électrisé l’assistance. Chaque toucher de rondelle captait les regards. Chaque accélération forçait les recruteurs à reprendre leur souffle.
Il impose son tempo. Il crée des chances à partir de rien. Il provoque des sourires sur les visages des entraîneurs. Même Martin St-Louis, pourtant avare en démonstration d’émotion, aurait esquissé un sourire en coin. Parce qu’un joueur comme ça, ça te change un vestiaire.
Dans sa manière de jouer, Mooney rappelle à la fois Brendan Gallagher pour son énergie et son courage, Cole Caufield pour sa finition et son flair, et Lane Hutson pour son QI hockey et sa créativité.
Mais dans son attitude, il est unique. Il a la hargne tranquille. L’intensité d’un survivant. Le sourire d’un gars qui sait qu’on l’a sous-estimé toute sa vie.
Son cousin? Logan Cooley, déjà une vedette dans la LNH avec le Mammoth de l’Utah.
« LJ m’a toujours challengé, dit Cooley. Il est plus talentueux que moi. Il a un instinct de tueur sur la glace. »
Et ça paraît. Même les pros s’inclinent. Vincent Trocheck, des Rangers, qui s’entraîne avec lui l’été, parle d'une future vedette dans la LNH :
« Il est minuscule, mais il est magique. Tu ne clignes pas des yeux quand il a la rondelle. »
Toute sa vie, on lui a dit qu’il était trop petit. Pas assez fort. Trop fragile. Pas adapté au niveau professionnel.
Et toute sa vie, Mooney a répondu par l’excellence.
Il s’est entraîné avec des pros. Il a perfectionné ses lancers dans des sous-sols de Pittsburgh avec Cooley. Il a appris à encaisser, à rebondir, à survivre.
Aujourd’hui, il joue chaque présence comme si c’était sa dernière. Comme s’il devait encore prouver quelque chose à chaque instant.
Et il réussit.
Des comparaisons flatteuses, mais méritées
On l’a comparé à Mats Zuccarello pour son gabarit et son sens du jeu. À Garland pour sa ténacité. À Datsyuk pour sa vision. Et à Caufield pour sa finition. Mais Mooney, c’est plus que la somme de ses comparaisons.
C’est un joueur qui déstabilise, qui oblige les entraîneurs à reconsidérer leurs alignements, qui fait mal paraître les défenseurs adverses. Il a terminé au sommet des pointeurs avec le programme U18 américain. Et maintenant, il s’attaque aux meilleurs espoirs mondiaux..
En regardant vers l’avenir, imaginez ce scénario : dans deux ans, Cole Caufield trône sur le premier trio à droite, et sur le deuxième, un autre tireur d’élite : LJ Mooney. Deux petits gabarits. Deux moteurs de Formule 1. Deux tueurs à gages qui peuvent planter 30 buts chacun.
Ce serait explosif.
Ce serait une bénédiction pour Montréal.
Et ce serait un doigt d’honneur bien senti à tous ceux qui ont snobé les petits gabarits.
Mais attention…
Avant de sortir les trompettes, il faut rester lucides. Mooney n’est pas un produit fini. Son coup de patin, bien que très bon, n’est pas encore élite.
Il devra améliorer son explosivité, son « separation speed ». Il devra gagner en masse, apprendre à résister aux coups dans le trafic lourd.
La NCAA l’attend, à l’Université du Minnesota, avec son rythme intense, ses défenseurs aguerris, ses duels incessants.
Mais s’il passe cette épreuve, le CH aura entre les mains une autre pépite du gabarit de Hutson et Caufield.
Et à Brossard, on le sait déjà.
Un joueur qui fait l’unanimité
Tous ceux qui l’ont vu au camp, de près ou de loin, reviennent avec le même regard. Une sorte d’étonnement mêlé d’excitation.
On entend dans les corridors :
« C’est lui, le prochain? »
« Il a quelque chose. »
« Y’a un feeling qu’on n’a pas souvent. »
Et quand il sourit à la caméra, les yeux pétillants, Mooney ne laisse aucun doute. Il sait ce qu’il vaut. Il sait ce qu’il veut. Et il ne va pas attendre cinq ans.
« Quand le Canadien m’a repêché, c’était le temps de se mettre au travail. Peu importe où, tu montres ce que tu peux faire. »
C’est cette mentalité qui fait peur.
Parce qu’il ne veut pas être bon. Il veut être indispensable.
Et à l’image de Martin St-Louis, il ne croit pas aux étiquettes. Ni aux limitations.
Le CH va devoir réfléchir : combien de petits génies peut-on aligner en même temps? Est-ce viable à long terme? Le modèle Tampa (avec Kucherov, Point, Gourde, Johnson à l’époque) montre que oui.
Et surtout : peut-on se permettre de laisser Mooney en arrière?
Poser la question, c'est y répondre.