Tremblement à Montréal: Artemi Panarin choque le marché des transactions

Tremblement à Montréal: Artemi Panarin choque le marché des transactions

Par Marc-André Dubois le 2025-07-11

L’arrivée d’Ivan Demidov à Montréal a électrisé la métropole. La frénésie autour du prodige russe, que plusieurs comparent à Kirill Kaprizov et qu’on annonce comme plus spectaculaire encore la saison prochaine vu qu'il aura l'expérience de ses quelques matchs dans la LNH, ne cesse de prendre de l’ampleur.

Mais une rumeur bien plus explosive circule depuis quelques jours dans les coulisses de la LNH : Artemi Panarin pourrait-il suivre Demidov et se joindre au Canadien?

Ce qui, il y a quelques semaines à peine, semblait totalement farfelu est aujourd’hui discuté sérieusement par plusieurs insiders.

Selon Elliotte Friedman, le temps de Panarin à New York est compté. 

Le contrat du Russe vient à échéance à l’été 2026, et tout porte à croire qu’il n’a aucune intention de signer une prolongation avec les Rangers de New York.

Ce simple fait suffit à alimenter la panique dans les bureaux de Chris Drury. Perdre un joueur qui a déjà amassé 120 dans une saison sans aucune compensation?

Dans la LNH moderne, quand un joueur étoile refuse d’ouvrir la porte à une prolongation, la seule alternative réaliste, c’est de maximiser sa valeur sur le marché avant qu’il ne parte pour rien. C’est exactement le scénario qui se dessine en coulisses.

Et pour cause : le climat à New York est devenu irrespirable entre Panarin et la direction des Rangers. La fracture est profonde, peut-être irréparable. Et Montréal, avec son espace salarial lorsque Carey Price sera placé sur la liste des blessés à long terme, ses liens personnels avec le joueur et l’effet d’attraction Demidov, est peut-être le seul marché capable de l’accueillir… mais à quel prix?

Tout a basculé lorsque Panarin, habituellement discret et mesuré dans ses propos, a perdu patience. Après avoir raté les séries, le Russe a été cinglant :

« Nous devions nous battre pour la Coupe Stanley cette année. Ce qui s’est passé au deuxième étage explique pourquoi on a échoué. »

Le message était clair : Chris Drury est dans la mire. Et il n’est pas le seul à être visé. Dans les coulisses, on murmure que plusieurs joueurs vedettes n’en peuvent plus de la gestion rigide du directeur général. Panarin n’a fait que dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

Ce genre de déclaration ne passe jamais inaperçu dans la LNH. Encore moins à New York. Encore moins quand elle vient d’un joueur vedette de 11,6 M$ par saison.

Devant un tel conflit, deux options s’offrent aux Rangers : congédier Chris Drury ou explorer un échange de Panarin. Drury a été prolongé. Panarin est de trop. Et c’est là que Montréal entre dans l’équation.

Jeff Gorton est l’homme qui avait convaincu Panarin de signer à New York à l’été 2019. Leur lien est solide. Il y a de la confiance. Une relation. Une loyauté mutuelle. Et avec l’arrivée de Demidov, une fenêtre d’opportunité s’ouvre pour une relance à Montréal.

Il y a trois conditions essentielles pour une telle transaction : 1) une relation de confiance avec le joueur, 2) de l’espace sur la masse salariale, et 3) une ambition claire de bâtir une équipe élite.

Montréal coche ces trois cases. Et contrairement aux équipes américaines, le Tricolore peut vendre une vision, une passion, une communauté de fans incroyables.

L’effet Demidov, déjà immense, pourrait jouer un rôle crucial. Deux Russes électrisants sur la même unité? Un rêve de hockey. 

Mais voilà : le rêve vient avec son lot de cauchemars potentiels.

Le 17 avril 2025, The Athletic a largué une bombe. Selon le média américain, Artemi Panarin et le Madison Square Garden Sports ont versé des sommes énormes à une employée des Rangers qui alléguait avoir été agressée sexuellement par Panarin en décembre 2023, lors d’un voyage d’équipe.

Les faits allégués sont troublants. Lors d’un rassemblement d’après-match, Panarin aurait confisqué le téléphone de la femme et l’aurait forcée à venir le récupérer dans sa chambre.

Une fois sur place, il l’aurait plaquée sur le lit. Elle aurait réussi à le repousser, récupérer son téléphone et quitter les lieux.

Il n’y a pas eu de plainte à la police. Mais un règlement à l’amiable a été conclu. Deux ententes, une avec MSG Sports et l’autre avec Panarin, ont été signées.

La victime a quitté l’organisation. Et les clauses de confidentialité ont fait leur œuvre. La LNH a clos le dossier après une enquête interne… mais le mal est fait.

Même sans reconnaissance de faute, cette affaire suit désormais Panarin comme une ombre.

Montréal peut-elle prendre ce risque?

C’est là toute la question.

Du point de vue purement hockey, Panarin est encore l’un des meilleurs fabricants de jeu de la ligue. Il a récolté 89 points cette saison et continue d’exceller à 5 contre 5. Jumelé à Demidov, il pourrait transformer le CH en une puissance offensive instantanée.  Et jouer le rôle du grand frère.

Mais du point de vue de la culture d’organisation? De l’image publique? De la cohérence avec les valeurs prônées par Martin St-Louis et Kent Hughes?

Depuis leur arrivée, Hughes et Gorton ont misé sur le développement, l’éthique de travail, la responsabilité collective. Ils ont transformé l’équipe. Pourquoi risquer de tout compromettre avec un joueur controversé, aussi talentueux soit-il?

Demidov a-t-il besoin de Panarin?

C’est l’autre débat. Oui, Panarin pourrait servir de mentor. Oui, il pourrait faciliter l’adaptation de Demidov. Mais à quel prix?

Le jeune Ivan n’a pas besoin d’une nounou. Il a besoin d’un environnement structuré, sain, ambitieux. Il n’a pas besoin d’un joueur mêlé à une controverse, ou qui critique ouvertement ses dirigeants. Il n’a pas besoin d’un modèle instable.

Et Panarin, malgré son talent, traîne un bagage de plus en plus lourd. Son implication dans cette affaire à New York, ses anciennes tensions politiques avec la Russie, sa réputation de diva… tout cela fait de lui un pari risqué.

Un coup de poker?

La rumeur persiste : Gorton tenterait le coup. Il aurait sondé les Rangers. Montréal aurait même évalué les scénarios pour absorber son contrat.

Mais ce ne serait pas gratuit. Pour libérer Panarin, New York exigerait probablement un jeune joueur de premier plan. Michael Hage? Un choix de première ronde? Et c’est là que le débat devient stratégique.

Montréal veut-il vraiment sacrifier un morceau de son futur pour un joueur de 33 ans, aussi talentueux soit-il, mais qui traîne des questions éthiques majeures?

Si Kent Hughes a prouvé une chose depuis son arrivée, c’est qu’il ne réagit jamais sous pression. Il analyse. Il calcule. Il attend le bon moment. Et surtout : il ne sacrifie jamais la culture pour une solution à court terme.

Et il est fort probable qu’à huis clos, la conclusion soit claire : trop de risques. Trop d’inconnues. Trop d’histoires à gérer. Trop de scandales à essuyer.

Oui, l’idée de voir Artemi Panarin rejoindre Ivan Demidov à Montréal fait saliver. C’est électrisant. C’est sexy. C’est spectaculaire.

Mais c’est aussi un saut dans l’inconnu. Et dans le contexte actuel (jeunes joueurs, pression médiatique, reconstruction réussie), le Canadien ne peut se permettre un faux pas.

Panarin à Montréal? Ce serait un pari à haut risque. Un pari que Kent Hughes semble, pour l’instant, trop intelligent pour faire.

Parce que le vrai rêve, ce n’est pas Panarin. C’est Demidov. Et il est déjà présent..