Il y a des étés tranquilles à Montréal. Et puis il y a celui de 2025. Un été où les gardiens du Tricolore vivent un véritable thriller psychologique, pris dans une congestion, les rumeurs de transactions, les classements impitoyables des experts nord-américains, les contrats garantis… et l’ombre grandissante d’un certain Jacob Fowler.
La température est suffocante devant le filet du Canadien. Et ce n’est pas à cause du réchauffement climatique. C’est la congestion, la tension et l’incertitude qui ont transformé l'ambiance en tension extrême.
Commençons par le pauvre Jakub Dobeš. Le Tchèque, à qui on promettait la LNH à court terme, vient de signer un contrat de deux ans, à un volet, garanti, d’une valeur de 965 000 $ par saison. Sur papier, c’est la victoire d’une vie : il est officiellement millionnaire. Mais en coulisses, tout est moins rose.
D’abord, il faut le rappeler : Jakub Dobeš est exempté du ballottage. Oui, même après avoir atteint le cap des 80 matchs professionnels. La raison? C’est une subtilité de la convention collective : la période d’exemption dépend non seulement du nombre de matchs professionnels, mais aussi du nombre d’années depuis la signature du premier contrat professionnel.
Et comme son contrat est plus récent que celui de plusieurs gardiens de sa cuvée, il est encore à l’abri.
Résultat? Le CH peut l’envoyer à Laval sans craindre de le perdre pour rien, contrairement à Kaapo Kähkönen, qui, lui, doit absolument passer par le ballottage s’il ne reste pas avec le grand club.
Voilà pourquoi le contrat garanti de Dobeš ne garantit absolument pas sa place à Montréal.
Le vétéran finlandais Kaapo Kähkönen, fraîchement signé à un contrat de 1,15 M$ pour une saison, semble avoir été la solution plan B du Canadien après avoir tenté le coup impossible : convaincre Marc-André Fleury de repousser sa retraite.
Oui, le Canadien faisait partie des cinq équipes ayant contacté Allan Walsh, l’agent de Fleury, le 1er juillet. Ce n’est pas une rumeur, c’est une quasi-certitude, même si l’agent n’a pas nommé explicitement Montréal.
Pourquoi? Parce que le CH cherchait désespérément un vétéran pour encadrer Montembeault et faire de la pression sur Dobeš. Et à ce moment-là, le marché des gardiens était anémique.
Alors, quand Fleury a refusé, Kähkönen est devenu l’option par défaut. Sauf que, contrairement à Dobeš, il doit passer par le ballottage. Si Dobeš gagne le poste de #2, Kähkönen devient à risque de se faire voler par une autre équipe.
Ce n’est pas un détail : les Oilers d’Edmonton cherchent activement un gardien, et ils ont approché le Canadien pour discuter d’un échange impliquant soit Dobeš, soit Montembeault. Montréal a refusé. Pour l’instant.
Il ne faudrait pas s'étonner que les Oilers se jettent sur Kähkönen s'il se retrouve au ballottage.
On ne peut pas parler des gardiens du CH sans évoquer ce cauchemar récent qu’a été le ménage à trois entre Allen, Montembeault et Primeau il y a deux ans.
On pensait cette époque révolue. Mais voilà que les conditions semblent réunies pour une redite :
Trois gardiens sous contrat garanti (Kähkönen, Dobeš, Montembeault);
Une exemption de ballottage pour un seul (Dobeš);
Un calendrier infernal avec 16 "back-to-back" en 2025-26, un sommet dans la LNH;
Et une hiérarchie floue.
Résultat? Tout le monde garde en tête ce scénario redouté où le CH ne tranche pas, et traîne trois gardiens pendant des semaines, voire des mois.
Samuel Montembeault est, sur papier, le #1. Il entame la deuxième année de son contrat de trois ans, à 3,15 M$. Mais attention : il n’est pas du tout certain de terminer ce contrat à Montréal.
D’une part, le CH ne veut pas prolonger son entente. On s’attend à une transaction à l’été 2026, quand Jacob Fowler sera prêt à prendre la relève.
D’autre part, Montembeault entend les rumeurs. Il sait que les Oilers d’Edmonton, encore eux, ont démontré un sérieux intérêt pour ses services. Il sait aussi que si un ménage à trois s’installe, sa charge de travail diminue, son rythme se brise, et son jeu pourrait s’en ressentir.
Et pendant ce temps, à l’entraînement, il y a seulement deux filets. Le troisième gardien? Il s’entraîne avec le coach Éric Raymond, tout seul. Ce n’est pas idéal pour garder la forme… ni pour la chimie du vestiaire.
Et puis, il y a Jacob Fowler.
Le kid n’a même pas encore joué un match en LNH, et pourtant, il est déjà classé par The Athletic comme le 2e meilleur espoir gardien de la planète. Juste derrière Yaroslav Askarov.
Tout le monde dans l’organisation le voit comme le sauveur. Le gars qui, à moyen terme, ramènera la coupe à Montréal. Ce n’est pas une projection folle : il a tout gagné dans la NCAA, il a déjà montré de très bonnes choses à Laval, et il va amorcer en 2025-26 son contrat d’entrée dans la LNH.
En coulisses, certains croient même qu’il pourrait forcer la main du CH et voler le poste de #2 dès janvier 2026. Ce scénario fait peur à tout le monde… sauf à lui.
Comme si ce n’était pas assez difficile pour lui, Jakub Dobeš a été durement écorché par Scott Wheeler de The Athletic, qui l’a classé 19e sur 20 parmi les meilleurs espoirs gardiens de la LNH.
Pire : il le place dans le Tier 3, très loin derrière Jacob Fowler (Tier 1). Wheeler ne cache pas son manque d’enthousiasme : Dobeš est considéré comme un espoir de fond de classement, sans réel avenir comme gardien #1.
On peut imaginer le coup au moral. Dobeš, qui a travaillé toute sa vie pour ce contrat, se voit humilié publiquement… alors qu’il doit livrer la plus grosse bataille de sa carrière pour simplement rester dans la LNH.
Ce contexte instable attire les vautours. Les Oilers d’Edmonton sont à la recherche d’un gardien depuis des mois et ils se sont fait rejeter à plusieurs reprises par Kent Hughes, que ce soit pour Dobes ou Montembeault.
Et pendant que les Oilers essuient refus par-dessus refus dans leur quête désespérée de stabilité devant le filet, voilà qu’un autre nom est revenu sur la table : Michael DiPietro. Les Bruins de Boston, qui n’ont jamais donné une vraie chance au jeune homme masqué malgré ses performances étincelantes dans la Ligue américaine, discuteraient avec Edmonton dans l’espoir de le libérer de l’impasse.
Mais ce n’est pas tout : les Oilers explorent également l’impensable. Selon ce qui circule dans les coulisses, ils auraient tenté de convaincre Marc-André Fleury de sortir de sa retraite, quelques semaines à peine après qu’il ait annoncé la fin de sa carrière.
Le vétéran québécois, courtisé par au moins cinq formations le 1er juillet, dont potentiellement le Canadien, a refusé poliment. Mais à Edmonton, le désespoir est telqu’on cogne à toutes les portes, même celles qui semblent définitivement closes.
Et si le CH décide que Dobeš est prêt… Montembeault pourrait partir dès la date limite des transactions. Et si Fowler est prêt avant Noël, Kähkönen ou Dobeš devra dégager.
Autrement dit : cette guerre à trois ne durera pas. Quelqu’un va tomber. Quelqu’un va partir.
Ce qui se joue à Montréal n’est pas seulement une bataille de statistiques ou de contrats. C’est une bataille d’avenir, d’ego, de crédibilité.
Montembeault joue son avenir contractuel. Kähkönen joue sa survie dans la LNH. Et Dobeš, malgré un contrat garanti, joue sa carrière.
Pendant ce temps, Jacob Fowler avance dans l’ombre… mais tout le monde sait que c’est lui, le plan.
La tension est intense Le feu est pris. Et à Montréal, les gardiens sont sur la sellette, tous autant qu’ils sont.
Et si ça explose? Ce ne sera pas une surprise. Ce sera l’inévitable point de rupture d’une saga commencée il y a bien longtemps… et qui ne fait que s’accélérer.