Les groupes dévoilés ce matin à l’aube du camp officiel du Canadien confirment ce que plusieurs avaient deviné, mais que personne n’osait affirmer avec certitude : le top 6 est coulé dans le béton.
Dans le Groupe 1, on retrouve Kirby Dach, Patrik Laine et Ivan Demidov.
Dans le Groupe 2 : Nick Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovský.
Martin St-Louis n’a pas prononcé leurs noms devant les micros, mais la réalité saute aux yeux. Il vient de dévoiler sa hiérarchie.
« Nous avons une opportunité d’évaluer pendant le camp et tout, mais c’est sûr que j’aimerais partir avec quelque chose que je pense que ça va être comme ça, jusqu’à ce que ça ne marche pas. »
Autrement dit : Dach, Laine et Demidov ont une piste de décollage garantie.
Dès la publication des groupes, les observateurs à Brossard ont compris que le suspense est terminé.
C’est une confirmation silencieuse, mais brutale, que le Canadien croit avoir trouvé son deuxième trio offensif.
On a longtemps cru que Bolduc allait devoir se battre pour une place dans le top 6. Mais il est déjà abonné au bottom-6.
Aujourd’hui, Martin St-Louis lui confie une mission cruciale : être le joueur de soutien parfait qui peut quand même marquer des buts.
Quand le Canadien a acquis Patrik Laine, tout le monde a retenu son souffle. C’est un joueur polarisant, mais au talent immense. Mais pour le relancer, il fallait lui trouver un centre capable de lire le jeu rapidement, et un ailier capable d’attirer la couverture.
Kirby Dach et Ivan Demidov remplissent ces critères à la perfection.
Laine n’a jamais été aussi à l’aise depuis ses années à Winnipeg. À lui de prouver qu'il peut exploser.
C’est une structure idéale pour que Laine retrouve le chemin des buts… et pour que Dach devienne le joueur que Kent Hughes a toujours cru qu’il était.
En conférence de presse, Martin St-Louis a été très clair :
Il ne veut pas de carousel. Il ne veut pas de joueurs qui changent de trio à chaque match. Il veut donner une vraie piste de décollage à ses combinaisons offensives. Et s’il a placé Laine avec Dach et Demidov, ce n’est pas pour le plaisir de varier. C’est parce qu’il voit une vraie possibilité d’étincelles.
Le vrai suspense : le bottom six.
Le groupe du « milieu », comme on l’appelle déjà, laisse place à beaucoup plus d’interprétations. On y retrouve Josh Anderson, Brendan Gallagher, Alex Newhook, Jake Evans et Zachary Bolduc. Autrement dit, c’est là que la guerre va éclater.
Anderson joue gros. Gallagher aussi. Et Bolduc est déçu, mais doit prendre ça comme une motivation supplémentaire. Il pourrait forcer la main de l’organisation et décrocher un poste, notamment grâce à sa polyvalence et son sens du but.
Alex Newhook, de son côté, devra absolument élever son jeu. Le pauvre semble prisonnier de ce rôle flou, entre un top 6 inaccessible et un bottom 6 encombré. Il n’a plus de marge d’erreur.
Dans tout ce plan, Kirby Dach émerge comme la pierre angulaire du projet. Après des mois de doutes, une longue réhabilitation, et des rumeurs de transaction (Zacha, McTavish, O’Reilly), c’est lui qui est nommé titulaire du deuxième trio.
Et Martin St-Louis le dit à mots à peine voilés :
« C’est sûr qu’on va essayer de mettre là quelqu’un de constant le plus rapidement possible et de lui donner un “runway” (chemin). »
C’est exactement ce que recevra Dach. Un vrai chemin. Une vraie chance.
Il jouera entre deux tireurs d’élite. Il aura le droit à l’erreur, mais surtout, à l’explosion. Il peut redevenir un centre dominant, à condition que sa lecture du jeu, son engagement physique et sa patience soient au rendez-vous.
Et à ses côtés, Demidov ne demande qu’à enflammer la LNH.
Cette répartition des groupes est plus qu’un simple outil logistique. C’est une déclaration psychologique de Martin St-Louis. Il trace des lignes invisibles mais puissantes dans le vestiaire :
Groupe 1 : l’élite offensive, ceux qui auront les minutes.
Groupe 2 : l’autre top 6, chargé de chauffer la première ligne.
Groupe 3 (le groupe du milieu) : les joueurs qui doivent encore prouver leur valeur (Bolduc), mais qui peuvent être sacrifiés à tout moment. (Gallagher, Anderson)
Il n’y a pas de mystère. C’est là que la tension montera tout au long du camp.
Cette stratégie est typique de la philosophie Hughes-St-Louis : installer la hiérarchie du haut, et provoquer la guerre en bas.
En dévoilant le top 6 dès le premier jour, l’équipe veut créer une zone de confort pour ses stars. Elle veut maximiser la chimie avant même que les matchs pré-saison commencent. Et surtout, elle veut éviter les rotations éternelles qui nuisent au développement des trios.
Mais en bas, rien n’est garanti. Et ça, c’est voulu.
« Il faut que ça pousse. Si ça pousse pas en bas, ça monte pas en haut. »
En dévoilant son top 6 d’entrée de jeu, le Canadien abandonne la posture prudente. Il ne veut plus attendre que les joueurs “gagnent leur place”. Il parie sur ses meilleurs atouts : Demidov, Laine, Dach, Suzuki, Caufield, Slafkovský.
Le reste? À eux de faire mentir la hiérarchie.
Et pour les partisans, c’est simple : le camp d’entraînement ne fait que commencer, mais la saison vient de s’allumer.
