La saga Roslovic est en train d’atteindre son dénouement.
Après des semaines de rumeurs, de spéculations, de refus et de contradictions, le cercle se resserre. Trois équipes sont encore dans la course : le Canadien de Montréal, les Maple Leafs de Toronto et les Canucks de Vancouver.
Et, comme toujours dans la LNH, ce ne sont pas seulement les qualités du joueur qui décident de son sort, mais aussi des dynamiques politiques, des considérations salariales et une bonne dose de calcul stratégique.
Au cœur de tout ça : Jack Roslovic, 28 ans, 22 buts la saison dernière, toujours sans contrat à quelques jours du coup d’envoi de la saison. Et autour de lui, un jeu d’échecs où chaque équipe tente de manœuvrer pour améliorer sa ligne de centre.
Du côté du Canadien de Montréal, le nom de Roslovic circule depuis longtemps. Mais jusqu’à récemment, il n’était même pas considéré.
Martin St-Louis ne voulait rien savoir : trop “soft”, trop peu impliqué physiquement, pas son type de joueur. Seulement 14 mises en échec en 81 matchs, une statistique impardonnable pour un entraîneur qui exige que tous ses joueurs bloquent des tirs, aillent dans les coins et dérangent les adversaires.
Mais les choses ont changé.
Kirby Dach inquiète. Le deuxième centre attitré continue de susciter des questions. Il sort d’une blessure sérieuse, et son camp d’entraînement ne rassure personne. Dans les coulisses, on admet que le pari Dach est beaucoup plus risqué que prévu. Il n’y a pas de plan B évident.
Oliver Kapanen a eu sa chance au premier match préparatoire, au centre d’Ivan Demidov et Patrik Laine. Le résultat? Une prestation effacée. Rien de convaincant.
Owen Beck a marqué, oui, mais l’organisation veut le garder à l’aile du troisième trio avec Alex Newhook et Zachary Bolduc. (ça se jouerait entre Beck et Florian Xhekaj pour ce poste).
Jake Evans est un joueur de soutien. Pas une solution de luxe.
Résultat : il n’y a pas de deuxième centre. Point final.
Et c’est ce vide qui force le Canadien à regarder Roslovic autrement. Même si St-Louis ne l’aime pas. Même si ça ne “fit” pas dans son système. Parce qu’à un moment donné, il faut avoir quelqu’un au centre de la glace.
Si Montréal étudie le dossier à contrecœur, à Toronto, la situation est différente. Les Maple Leafs veulent Roslovic. Elliotte Friedman l’a confirmé : Toronto est bel et bien dans la course, aux côtés de Montréal et Vancouver.
Mais il y a un énorme problème : les Leafs ont déjà trop d’attaquants.
La masse salariale? 1,9 million $ d’espace disponible. Pas assez pour signer Roslovic sans bouger des pions. Et c’est là que le casse-tête commence.
Toronto tente activement de se départir de certains contrats :
Nick Robertson est le premier avec son salaire de 1,825 million $. L'ailier droit n'a jamais été capable de percer le top 6 à long terme et les Leafs veulent s'en débarrasser tellement il est fragile.
Des blessures sérieuses (épaule, jambe, genou) ont freiné sa progression et lui ont fait manquer des blocs entiers de développement.
Oui, il a rebondi en 2023-24 avec 69 matchs et 22 points, mais son corps n’a jamais tenu une saison complète, et c’est ce qui fait hésiter plusieurs équipes à transiger pour lui.
De toute façon, Montréal n'a pas besoin d'un ailier droit en-dessous de 6 pieds.
Le DG des Leafs, Brad Treliving, tente aussi par tous les moyens de passer le contrat de Calle Järnkrok. C’est un joueur fiable défensivement, capable de dépanner à l’aile, mais c’est aussi l’archétype du plombier trop payé.
Il bloque la masse salariale sans vraiment apporter de punch offensif. Et surtout, Montréal ne veut rien savoir d’un profil comme celui-là pour combler son trou au centre. Surtout pas à 2,1 millions $ par année.
David Kämpf, lui, est payé 2,4 millions $ par année jusqu’en 2027. 6 pieds 2, un centre gaucher utile en désavantage numérique, mais trop cher pour ce qu’il apporte.
Tous ces joueurs sont mis sur le marché. Mais il y a un problème : personne ne veut les prendre à ce prix. Les directeurs généraux voient clair : pourquoi absorber un contrat de plombier quand ces gars-là ne changent pas la donne?
Et c’est encore plus vrai pour le Canadien de Montréal. Toronto a même approché le CH pour tester son intérêt. La réponse? Un non catégorique. Le Canadien ne veut pas aider un rival de division à libérer l’espace nécessaire pour signer Roslovic.
Aider Toronto à se débarrasser de ses boulets pour ensuite le voir signer Roslovic? Impossible.
Et dans ce bras de fer, il reste un troisième joueur : les Canucks de Vancouver.
Chris Johnston les mentionne comme une équipe “autour de Roslovic depuis longtemps”. Leur besoin? Un joueur de profondeur capable de combler un trou derrière Elias Pettersson et Filip Chytil.
Toronto n’a pas l’espace. Montréal en a un peu depuis l’échange du contrat de Carey Price, mais pas illimité (4,56 M$). Vancouver peut bouger, mais pas sans calculer. (3,27 M$)
Grâce à l’échange du contrat de Price, Kent Hughes a le plus de marge parmis ses rivaux sur le marché des transactions. Assez pour signer Roslovic directement, sans passer par mille pirouettes comptables. C’est ce qui rend le CH dangereux dans cette course. Ils n’ont pas besoin d’aide. Ils ont la place. Tout ce qu’il faut, c’est une décision.
Sur papier, Montréal est le mieux placé. L’espace est là. Roslovic va coûter des peanuts. Le besoin est criant tellement Dach inquièteLes solutions internes sont nulles.
Mais il reste l’énorme obstacle Martin St-Louis.
St-Louis ne veut pas de joueurs qu’il juge “soft”. Il ne veut pas de passagers. Il veut des guerriers. Des gars qui bloquent, frappent, dérangent. Et Roslovic, malgré ses 22 buts, ne correspond pas à ce moule.
C’est la grande question : Kent Hughes peut-il convaincre son entraîneur de faire une exception? Peut-il lui dire que, temporairement, Roslovic est une solution de survie, le temps de donner de l’air à l’équipe?
Si oui, Montréal devient le favori.
Si non, Roslovic ira ailleurs. Probablement à Vancouver. Peut-être même à Toronto, si les Leafs réussissent à larguer leurs boulets.
Toronto joue gros. Les Maple Leafs veulent améliorer leur alignement. Ils voient Roslovic comme une pièce complémentaire pour équilibrer leur attaque. Mais leur congestion de plombiers est dramatique.
Tant qu’ils ne bougent pas un joueur, ils ne peuvent pas signer Roslovic. Et Montréal le sait. Vancouver aussi.
C’est un jeu de patience. Mais le temps joue contre Toronto.
Et si Kent Hughes ose mettre son pied à terre et convaincre St-Louis, le Canadien de Montréal a tout en main pour rafler la mise.