Six heures. C’est tout ce qu’il reste. Six petites heures avant que la clause de non-échange complète de Jordan Kyrou entre en vigueur et que Doug Armstrong, directeur général des Blues de Saint-Louis, perde le contrôle total de la situation.
Et pendant que le sablier s’écoule, une guerre froide se déroule entre deux clubs bien décidés à frapper un grand coup : les Canadiens de Montréal et le Kraken de Seattle.
Jordan Kyrou, c’est un nom qui revient constamment depuis des semaines dans les corridors de la Ligue nationale.
L’ailier droit explosif, âgé de 27 ans, est au cœur d’une intrigue qui divise, qui alimente les rumeurs et qui place Kent Hughes dans une position délicate.
Car les Blues ne cherchent pas à liquider un joueur problématique ou vieillissant. Ils ont une cible claire : obtenir des joueurs établis, capables de contribuer immédiatement. Et pour ça, ils sont prêts à sacrifier un joyau.
La pression monte à Montréal. Les partisans n’attendent plus des promesses. Ils veulent des résultats. Et après l’acquisition de Noah Dobson, tous les regards se tournent vers l’attaque.
Il manque un ailier et un centre d’élite dans ce top-6. Quelqu’un qui peut patiner avec Suzuki, Demidov, Dach. Quelqu’un qui peut faire la différence dans les matchs tendus. Kyrou incarne ce profil à la perfection.
Mais le prix est astronomique. Selon l'ancien agent David Ettedgui, les Blues ont été très clairs : ils ne veulent pas de projets. Pas d’espoirs. Pas d’aspirants au Rocket de Laval. Ils veulent des joueurs prêts. Des gars qui sont déjà sur le bord de percer… ou qui sont déjà établis.
Et c’est là que ça coince.
Les Blues ont fait savoir qu’ils réclament David Reinbacher. Rien de moins. Le 5e choix au total de 2023 représente exactement ce que Saint-Louis recherche : un défenseur droitier, gros gabarit, intelligent, capable de jouer dans le top-4 dès l’an prochain. Kent Hughes, lui, ferme la porte.
« Il est intouchable. »
Alors les négociations se tournent vers un autre trio de noms : Logan Mailloux, Kirby Dach, et un choix de premier tour.
C’est autour de ce noyau que le Canadien tente de bâtir son offre. Un salaire comme celui de Josh Anderson pourrait aussi être inclus.
Et ce n’est pas un hasard si Mailloux revient constamment dans les rumeurs. Ce n’est pas la première fois qu’il est lié aux Blues.
Mailloux, c’est le genre de projet à haut risque, haut rendement qui pourrait séduire Doug Armstrong. Il est sur le point d’être prêt pour la LNH, possède un gabarit imposant, un tir lourd, un instinct offensif rare… mais sa réputation hors-glace continue d’alimenter les hésitations.
Et surtout, sa place dans la hiérarchie montréalaise est loin d’être assurée, avec Reinbacher et Dobson maintenant solidement ancrés à droite et Carrier qui a sa place dans le béton.
En incluant Kirby Dach, le CH offrirait aux Blues un centre de grande taille, jeune, avec encore un bon potentiel... mais dont la valeur est affaiblie par les blessures.
Deux genoux reconstruits en deux ans, c’est le genre de dossard médical qui refroidit n’importe quel DG. C’est pour ça qu’un choix de premier tour serait nécessaire pour équilibrer les choses.
Pour équilibrer les salaires, disons que le gabarit de Josh Anderson pourrait séduire les Blues comme "throw-in".
Selon Elliotte Friedman, le Kraken serait l’autre équipe très active dans ce dossier. Un club qui regorge de centres, mais qui manque de punch sur l’aile droite.
Exactement ce que Kyrou peut offrir. Et surtout, un club qui veut revenir en séries. Vite. Après une saison dçevante, Seattle veut frapper fort. Et là-bas, on a les moyens de le faire.
Le Kraken a de la profondeur au centre : Matty Beniers, Jared McCann, Shane Wright, Chandler Stephenson, Frederick Gaudreau, Berkly Catton...
Le genre de joueurs qui pourraient être échangés pour Kyrou, dans un deal un pour un, ou dans un montage plus complexe.
Cela dit, le Canadien a un atout : la profondeur à gauche en défense. Et c’est une carte que Kent Hughes pourrait sortir à tout moment. Arber Xhekaj, Adam Engström, Jayden Struble... Trois défenseurs gauchers qui n’auront pas tous une chaise dans le top-6 dès l’automne.
Le CH ne peut pas tous les garder. Et selon certains observateurs, les Blues pourraient être intéressés à ajouter un gaucher physique comme Struble ou un jeune talentueux comme Engström dans un échange plus large.
Arber Xhekaj est-il protégé. Il a ce profil unique de shérif. Ce qu’il apporte à l’identité du club est intangible. À moins d’une offre irrésistible, il ne bougera pas.
La situation salariale n’est pas un véritable problème pour le CH. Comme le souligne David Ettedgui, Kent Hughes a la flexibilité nécessaire pour faire de la place avant l’ouverture de la saison.
"Si les Canadiens veulent Kyrou, ils l'auront. Ils ont tous les éléments souhaités par les Blues, qui eux ont un cruel besoin de jeunes défenseurs pour le futur. Et arrêtez de parler du plafond salarial (cap), le CH réglera ça sans problème avant le début de la saison."
La réalité, c’est que la clause de non-échange de Kyrou est le véritable compte à rebours.
Mais pour l’instant, les négociations stagnent. Les Blues demandent Reinbacher. Le CH répond non. Seattle attend dans l’ombre. Et pendant ce temps, le téléphone de Doug Armstrong chauffe.
Il reste six heures.
Six heures pour que Kent Hughes prouve qu’il est capable de faire le saut. Qu’il peut aller chercher un joueur de premier plan. Qu’il peut construire un top-6 digne des grandes équipes.
Six heures pour empêcher Seattle de frapper un grand coup.
Six heures pour convaincre les partisans que le plan Hughes-Gorton ne repose pas uniquement sur l’espoir, mais aussi sur l’action.
Le dossier Kyrou est la pièce centrale de ce marché des transactions 2025. Il déterminera le ton pour l’année à venir.
Et le CH est au cœur de la tempête.