Transaction Montréal-Pittsburgh: les plombiers de Laval font jaser

Transaction Montréal-Pittsburgh: les plombiers de Laval font jaser

Par Nicolas Pérusse le 2025-09-02

À quelques jours du camp d’entraînement, le Canadien de Montréal vit un moment charnière.

Non pas parce qu’on attend une acquisition majeure comme Mason McTavish ou Jared McCann, même si les discussions existent encore en coulisses, mais parce qu’à l’interne, la lutte pour un seul poste à l’attaque est devenue l’une des intrigues les plus explosives de l’automne.

Le journaliste Nicolas Cloutier, de TVA Sports, a frappé dans le mille : cinq noms se bousculent pour une chaise. Cinq attaquants qui se battent non seulement pour survivre au sein des 12 réguliers, mais aussi pour éviter de devenir des « throw-in » dans une éventuelle transaction.

Car ne nous y trompons pas : le duel qui s’annonce entre Joshua Roy, Oliver Kapanen, Owen Beck, Florian Xhekaj et Samuel Blais n’est pas qu’une simple bataille sportive. C’est aussi une vitrine sur le marché des échanges.

Et c’est ce qui rend l’histoire aussi fascinante que cruelle.

Impossible de commencer ailleurs que par Joshua Roy. Le Beauceron arrive au camp transformé. Quinze livres en moins, un nouveau coup de patin, un régime alimentaire strict.

TVA Sports a montré un joueur « lean », déterminé, prêt à se battre pour sa carrière.

« C’est le plus en forme que j’ai été de toute ma vie », a-t-il clamé.

Mais derrière l’image rassurante, la réalité demeure brutale : Roy est sur la corde raide. Dernière année de contrat d’entrée, patience limitée de l’organisation, et surtout… un nom qui circule dans presque toutes les rumeurs de transaction.

On sait qu’il a été proposé à Anaheim dans les négociations pour Mason McTavish. Refusé. Les Ducks veulent David Reinbacher, point final.

Roy est aussi dans les conversations pour Jared McCann à Seattle. Il a même été évoqué dans des discussions pour Pavel Zacha à Boston, et certains murmurent qu’il pourrait être inséré dans un éventuel deal pour Sidney Crosby après les Olympiques.

Autrement dit, son été parfait risque de profiter davantage à Kent Hughes qu’à lui-même. Roy est devenu une valeur marchande, un pion de négociation.

S’il réussit son camp, Montréal devra choisir : le garder comme joker offensif… ou vendre au plus haut.

Kapanen part avec une longueur d’avance. Il a déjà joué trois matchs de séries contre Washington, et il possède une rigueur défensive qui plaît aux entraîneurs. Mais offensivement, il n’a rien cassé. On attend encore que son flair aperçu en Europe se transpose dans la LNH.

Selon Daily Faceoff, il serait le favori pour obtenir le dernier poste. Mais c’est une projection fragile. Car Kapanen est exactement le type de joueur qu’on pourrait insérer comme « throw-in » dans une transaction.

Pas assez établi pour bloquer une négociation, pas assez précieux pour être jugé intouchable. S’il garde sa chaise, ce sera parce qu’il aura montré une touche offensive. Sinon, il pourrait vite devenir une monnaie d’échange dans un deal plus large.

Beck est sans doute le plus intrigant. On l’a vu en fin de saison dernière, appelé d’urgence pour remplacer Dach. Il a montré une énergie, un sens du jeu, une combativité qui ont fait bonne impression. Mais il reste une question : est-ce un futur centre de 3e trio, ou un ailier?

Cette incertitude pèse lourd. Le Canadien veut le développer au centre, mais l’embouteillage est réel. Et s’il n’a pas sa place tout de suite, il pourrait retourner à Laval… ou se retrouver dans un package deal.

Son nom circule, notamment à Anaheim et à Seattle. Les Ducks le voient comme une pièce intéressante, mais pas suffisante pour McTavish. Il faudrait y rajouter la lune. Le Kraken le considère comme un ajout crédible dans une offre pour McCann.

Beck est encore jeune, mais il vit déjà ce paradoxe : assez bon pour être convoité, pas assez établi pour être protégé.

Pas pour rien que Mathieu Darche a préféré Emil Heineman dans la transaction pour Noah Dobson.

Et n'oublions pas Florian Xhekaj. La « licorne » du Canadien, c’est lui.

Le "petit" Xhekaj progresse à une vitesse fulgurante. Physique, intense, imprévisible, il a surpris tout le monde en Ligue américaine et force déjà le respect. On raconte même que le CH avait songé à le rappeler en séries contre Washington.

Son style est précieux : robuste, baveux, mais avec un tir et des mains étonnamment habiles. Le problème? Il est n'a aucune expérience. Est-il prêt pour la LNH dès cette année? Pas sûr.

En revanche, son profil intéresse d’autres équipes, tout comme celui d'Arber. Un Xhekaj dans une transaction, ça fait jaser. Pour Montréal, l’idée de sacrifier un joueur aussi singulier serait difficile à avaler. Mais il circule dans les rumeurs, et c’est une réalité que le clan Xhekaj devra accepter.

Reste que le CH devrait garder les deux frèes Xhekaj... pour une question de marketing et de robustesse en vue des séries. 

On l’oublie parfois, mais Blais reste une carte logique. Champion de la Coupe Stanley, bagarreur, brasseur d’air, parfait pour un rôle de 13e attaquant. Il ne coûte pas cher, il ne prend pas trop de place.

Mais Blais, à 28 ans, n’a plus de valeur de croissance. Il est ce qu’il est : un joueur de profondeur. Pour lui, la bataille est simple : convaincre Martin St-Louis qu’il est plus utile au quotidien qu’un jeune en développement.

Ce que Nicolas Cloutier a bien mis en lumière, c’est que cette bataille n’est pas seulement sportive. Elle est aussi transactionnelle. Tous ces noms, Roy, Kapanen et Beck, circulent sur le marché.

À Anaheim pour McTavish. À Seattle pour McCann. À Boston pour Zacha. Et, plus récemment, à Pittsburgh pour Crosby.

Le rappel est sans pitié : si Crosby choisit Montréal, les Penguins n’auront pas le luxe de demander la lune. Ils devront se contenter de pièces « B », comme Roy, Beck ou Kapanen avec des choix. Ce qui explique pourquoi ces joueurs sont évalués avec autant d’attention : leur avenir dépend autant du vestiaire que du bureau du DG.

Et les mentions honorables…

Sean Farrell, Jared Davidson, Luke Tuch. Trois noms qu’on ne doit pas négliger. Farrell, trop petit, doit produire à un rythme effréné pour survivre.

Davidson a surpris par son tir et sa hargne, mais son patin demeure une faiblesse.

Tuch, lui, est le colosse simple et efficace qui pourrait gruger des minutes dans un rôle précis.

Ces trois joueurs ne sont pas favoris, mais eux aussi circulent comme « add-ons » dans certains scénarios de transaction. Leur simple présence ajoute à la congestion et à la tension du camp.

Voilà pourquoi cette compétition est si fascinante. Elle se joue sur deux fronts.

D’un côté, sur la glace : qui sera le plus rapide, le plus combatif, le plus efficace pour arracher le dernier poste? Roy a perdu du poids. Kapanen a l’élan de la fin de saison. Beck a montré son caractère. Xhekaj est une force brute. Blais a l’expérience.

De l’autre, sur le marché : qui sera jugé assez intéressant pour être inclus dans une transaction sans faire reculer le CH? Qui sera sacrifié pour McTavish, McCann ou un autre?

Dans les deux cas, l’issue est incertaine.

Ce camp d’entraînement s’annonce comme un champ de bataille. Cinq joueurs, un poste. Cinq destins, et peut-être plusieurs départs.

Le plus cruel, c’est que pour certains, cette compétition pourrait être la dernière à Montréal. Joshua Roy, malgré sa transformation spectaculaire, est peut-être déjà en vitrine. Oliver Kapanen joue gros. Owen Beck devra se définir. Florian Xhekaj a une chance de forcer la main à tout le monde. Samuel Blais, lui, devra prouver qu’il peut encore servir.

Ce n’est pas seulement une guerre de vestiaire. C’est aussi une guerre de coulisses.

Et peu importe qui gagne la chaise… tous savent que le spectre d’une transaction plane au-dessus de leur tête.