C’est une bataille sans merci qui se dessine à l’horizon du camp d’entraînement du Canadien de Montréal.
Une guerre à cinq joueur pour… deux chaises... dont une chaise dans les gradins...
Deux maigres postes dans un alignement déjà presque figé, où la hiérarchie est impitoyable et les places chèrement disputées.
Joe Veleno, Samuel Blais, Oliver Kapanen, Joshua Roy et Owen Beck s’apprêtent à entrer dans l’arène. Mais derrière cette compétition, se cache une vérité encore plus dérangeante : certains d’entre eux ne se battent pas juste pour un poste… ils se battent pour ne pas finir comme “throw-ins” dans une éventuelle transaction impliquant Sidney Crosby.
L’ombre du capitaine des Penguins plane plus que jamais sur le centre d’entraînement de Brossard, et elle dévore tout sur son passage.
Parce que pendant que ces jeunes et ces bouche-trous tentent de prouver qu’ils appartiennent à la LNH, l'ancien agent David Ettedgui continue de marteler que si une transaction survient entre Pittsburgh et Montréal cette saison, ni Michael Hage ni David Reinbacher ne feront partie du deal. Et c’est là que la tension monte.
Parce que s’il n’est pas question de sacrifier les joyaux, c’est vers les espoirs B ou en déclin que Pittsburgh se tournera. Et dans ce portrait cruel, Owen Beck, Joshua Roy et Oliver Kapanen apparaissent comme les candidats idéaux. Des noms secondaires, prometteurs mais pas essentiels, jeunes mais déjà dépassés dans la hiérarchie.
Commençons par les vétérans de service : Joe Veleno et Samuel Blais. Deux joueurs qui, s’ils avaient été repêchés par Montréal il y a quelques années, auraient été accueillis comme des sauveurs. Mais en 2025, ils sont des bouche-trous. Des utilitaires. Des noms qu’on aligne faute de mieux.
Veleno débarque à Montréal avec le lourd fardeau de prouver qu’il peut encore être un joueur de la LNH. Blais, quant à lui, est le cadeau nationaliste de Jeff Gorton, un joueur québécois intense mais limité, parfait pour les médias de RDS et TVA Sports, moins pour une équipe qui veut sérieusement gagner.
Les deux risquent de se battre non pas pour un poste régulier, mais pour le rôle peu glorieux de 13e attaquant. Celui qui regarde les matchs en complet-cravate, qui patine deux fois par semaine dans une aréna vide, et qui devient invisible aux yeux du coach.
C’est ça, la triste réalité. Et ce rôle pourrait alterner entre eux tout au long de la saison, au gré des blessures et des décisions logistiques.
Mais les cas les plus délicats sont ceux de Joshua Roy et Owen Beck. Deux joueurs qu’on voyait encore récemment comme le futur de l’organisation, mais qui semblent aujourd’hui coincés entre deux mondes, ni tout à fait prêts pour la LNH, ni assez dominants pour forcer la main de l’état-major.
Owen Beck, surtout, doit être découragé. Lui qui, selon plusieurs sources, avait été proposé aux Islanders de New York dans le méga-échange qui a permis d’amener Noah Dobson à Montréal, avec les choix 16 et 17 du repêchage.
Mais Lou Lamoriello, dans un geste qui en dit long, a préféré Emile Heineman. Un coup dur. Une humiliation discrète mais profonde pour Beck, qui a compris ce jour-là que sa place dans la hiérarchie montréalaise était en chute libre.
Joshua Roy, de son côté, vit un calvaire silencieux depuis des mois. Son profil de marqueur unidimensionnel et paresseux, "party boy" sur le bords, ne convainc plus.
On lui reproche sa paresse, son manque d’intensité, ses performances effacées en séries à Laval. Il n’a plus la cote. Et malgré ses efforts pour revenir dans les bonnes grâces, le message est clair : il commencera probablement l’année à Laval.
Et dans ce contexte, tous deux deviennent des candidats naturels pour servir de “throw-ins” dans une transaction impliquant Crosby.
Ni l’un ni l’autre n’a la valeur suffisante pour être la pièce maîtresse, mais tous deux ont suffisamment de potentiel pour séduire un Dubas acculé. Exactement le genre de jeunes que Pittsburgh pourrait accepter, à condition d’avoir quelques choix avec.
Et puis il y a Oliver Kapanen, l’invité surprise. Celui qu’on n’attendait pas forcément dans ce débat, mais qui, grâce à une belle fin de saison en Finlande et des performances solides sur la scène internationale, s’est hissé dans la conversation.
Kapanen a du flair offensif, une belle vision du jeu, et une intelligence rare sans la rondelle. Mais il traîne aussi des doutes : est-il assez offensif? assez robuste? capable de s’adapter au rythme de la LNH dès cette année?
S’il ne parvient pas à se tailler une place dès le camp, il risque lui aussi de devenir une monnaie d’échange. Un nom qu’on glisse à la fin d’une transaction, pour équilibrer les colonnes, pour donner l’illusion de profondeur.
Et dans un contexte où Crosby décidera de sa destination, mais pas nécessairement du prix, ce genre de profil est exactement ce que Dubas pourrait exiger.
Dans les coulisses, David Ettedgui continue d’alimenter les discussions. Son dernier message est sans pitié :
“Ce ne sera pas Hage ni Reinbacher. Ce sera des espoirs A- ou B+ et des choix".
Montréal ne sacrifiera pas ses pièces maîtresses pour Crosby. Ce sera un lot d’espoirs B et de choix. C’est clair. Et ce lot pourrait bien inclure les perdants de la guerre à cinq qui se joue en ce moment même.
Car si Crosby lève sa clause pour Montréal, Dubas n’aura pas beaucoup de marge de manœuvre. Il ne pourra pas faire monter les enchères. Crosby va choisir sa destination, et tout le monde le sait.
Ce sera à Kent Hughes de construire un deal “acceptable”, sans vider le cœur de sa relève. Et dans ce scénario, Beck, Roy, Kapanen et un ou deux choix suffiraient amplement.
Et là, on comprend mieux l’importance du camp d’entraînement. Ce n’est pas qu’une compétition pour une place. C’est un tribunal silencieux, une audition pour rester dans la famille. Un test de survie.
Au final, il n’y aura que deux gagnants. Peut-être Joe Veleno et Samuel Blais, qui alterneront entre le banc et la glace, en bons soldats.
Peut-être un Oliver Kapanen qui surprendra tout le monde et forcera la main du coach. Mais dans tous les cas, il y aura des perdants.
Et ces perdants, Beck et Roy en tête, pourraient bien ne plus jamais revenir. Parce qu’en 2025, dans la LNH moderne, un joueur qui échoue plusieurs fois devient remplaçable. Jetable. Échangeable.
Et pendant que le Centre Bell s’enflammera au premier but d’Ivan Demidov, un autre combat invisible se jouera en coulisses. Celui de Crosby. Et là encore, ce sont les noms des perdants qui pourraient réapparaître.
Dans un coin de l’écran. Dans le bas de l’échange. Comme de simples “prospects” ajoutés à la fin du communiqué.
Parce que dans la LNH, on ne se bat pas seulement pour jouer. On se bat pour exister.