Marco Rossi a le cœur gros au Minnesota.. et l’esprit à Montréal..
Il y a quelque chose de profondément injuste dans la situation actuelle de l'Autrichien. À 23 ans, le petit centre autrichien du Wild du Minnesota sort d’une saison exceptionnelle : 24 buts, 60 points, une durabilité exemplaire sur 82 matchs malgré quelques blessures, et un message sans pitié à son organisation — il est un joueur de top-6, pas un bouche-trou de quatrième trio.
Et pourtant, quand les séries ont commencé contre les Golden Knights, Rossi a été relégué au centre de la quatrième ligne, malgré deux buts importants dans cette confrontation contre Vegas.
ll a été retiré de la première vague d’avantage numérique, réduit à l’un des plus faibles temps d’utilisation de l’équipe, et malgré deux buts en six matchs, n’a jamais été réévalué à la hausse.
Pire encore : il a été systématiquement surpassé par un joueur comme Freddy Gaudreau, qui n’a récolté aucun point en séries et n’a décoché que deux tirs.
En entrevue après l’élimination, Marco Rossi a été cinglant :
« J’ai été très déçu de mon utilisation. »
Il a ensuite confirmé avoir eu une discussion franche, “d’homme à homme”, avec l’entraîneur-chef John Hynes lors de la réunion de fin de saison.
Le ton était clair. Rossi sait ce qu’il vaut. Il le dit sans arrogance, mais avec conviction :
« J’ai montré tout au long de la saison à quel point je suis bon. De 40 points l’an dernier à 60 cette année. Je progresse sans cesse. Je suis un joueur de top-6, sans l’ombre d’un doute. »
Le message est passé. Et au Québec, il résonne fort.
Dans les coulisses montréalaises, Marco Rossi est en train de devenir un nom incontournable. Le Canadien de Montréal cherche un centre depuis des mois.
La situation de Kirby Dach est plus qu’incertaine et ne sera jamais un vrai centre de la LNH, Christian Dvorak ne sera pas re-signé, et l’état-major du Tricolore considère toujours que Nick Suzuki a besoin d’un partenaire stable pour ancrer un vrai duo de centre capable de rivaliser avec les grandes puissances de la LNH.
Et voilà qu’un centre de 23 ans, ancien choix de première ronde, marqué par une gestion incohérente à Minnesota, devient disponible.
Mais attention : Rossi n’est pas encore joueur autonome sans compensation. Il devient agent libre avec restriction (RFA) le 1er juillet. Et tout indique que son clan, mené par l’agent Ian Pulver, explore activement toutes les options.
Le clan Rossi aimerait bien qu'une offre hostile soit déposée pour que son client change de scénario.
Une chose est claire : il a déjà refusé une offre de cinq ans et 25 millions de dollars soumise par le Wild cet hiver. Et selon plusieurs sources, il n’est pas intéressé par un pont de deux ou trois ans.
Pourquoi? Parce qu’il sait très bien que s’il est à nouveau relégué à un rôle de soutien, sa valeur s’effondrera avant son prochain contrat. Il ne signera que s’il est traité comme un vrai joueur de premier plan.
Et c’est là que Montréal entre en scène.
Le Canadien de Montréal détient les 16e et 17e choix au prochain repêchage. Il a également une marge salariale importante, tous ses choix de repêchage pour les prochaines saisons, et un alignement jeune, dynamique, prêt à accueillir un joueur de la trempe de Rossi.
Le Wild, de son côté, vit sous la contrainte écrasante de la prolonagation de contrat de Kirill Kaprizov.. L’espace est limité, les besoins criants, surtout à la défense.
Et justement : Minnesota cherche un défenseur droitier.
C’est là que le nom de Logan Mailloux prend toute son importance. Le jeune défenseur du Rocket de Laval possède le gabarit, le tir et l'impact physique qui manquent au Wild.
Brock Faber et Jared Spurgeon sont déjà établis. Mais Zach Bogosian ne peut plus suivre le rythme. L’arrivée de Mailloux donnerait à Minnesota une option crédible à court et moyen terme sur le flanc droit.
Un échange Mailloux + choix contre Rossi? Ce n’est pas farfelu. C’est même stratégique.
Certains observateurs se moquent de l’intérêt du CH pour un centre de 5 pieds 9. Mais avec Martin St-Louis comme entraîneur-chef, cet argument ne tient plus.
L’homme qui a prouvé que la grandeur ne faisait pas la valeur d’un joueur sait exactement comment utiliser un centre combatif, rapide, intelligent et redoutable en avantage numérique.
Et c’est exactement ce que Rossi apporte. Il pourrait très bien amorcer l’année au centre du troisième trio, jouer sur la deuxième vague du jeu de puissance, et s’imposer comme centre top-6 à moyen terme. En séries, un tel joueur peut glisser au centre du troisième trio et faire des ravages dans les confrontations favorables.
Et si Montréal parvenait à signer un vétéran centre (comme Sam Bennett) ou à faire une autre acquisition estivale, Rossi n’en serait que mieux protégé.
Mais le scénario le plus audacieux reste encore en jeu.
Si le Wild ne réussit pas à s’entendre avec Rossi d’ici le 1er juillet, il devient vulnérable à une offre hostile. Et Kent Hughes possède tous les outils pour en déposer une. On l’a vu récemment avec Jeff Gorton : les offres hostiles ne sont plus taboues dans la LNH.
Le CH pourrait soumettre une offre de 6,87 M$, (4,58M$ à 6,87M$) ce qui coûterait un choix de première et de troisième ronde — une option tout à fait viable avec les ressources actuelles.
Et à ce niveau de salaire, le Wild va avoir des sueurs froides, puisqu'ils ne veulent pas le payer plus que 5 M$ par année.
Une rupture inévitable.
Marco Rossi, dans ses propos, ne ferme aucune porte. Il dit qu’il laisse son agent gérer les négociations, qu’il veut prendre un peu de recul après l’élimination. Mais il ajoute aussi, avec lucidité :
« J’ai montré que je peux produire. Et ceux qui me connaissent savent que je vais toujours m’améliorer. »
Ses coéquipiers, eux, ne tarissent pas d’éloges.
Matt Boldy : « Le fait qu’il puisse être notre premier centre, puis descendre au quatrième trio sans jamais se plaindre, ça en dit long sur lui. »
Mats Zuccarello : « Il est encore jeune, mais il va avoir une grande carrière, ici… ou ailleurs. »
Et ce « ailleurs », c’est peut-être Montréal.
Ce qui rend ce dossier encore plus explosif, c’est la tension autour de Logan Mailloux. Son agent, frustré d’entendre que le CH veut acquérir un défenseur droitier, commence à se demander si son client a encore un avenir à Montréal. Comme pour Rossi, les signaux sont clairs : soit on donne une vraie chance, soit on passe à autre chose.
Et pour Kent Hughes, c’est le moment de décider.
Marco Rossi est disponible. Il est frustré. Il est prêt. Et il rêve probablement d’un nouveau départ. Le CH peut lui offrir exactement ça.
Reste à voir si le Wild agira avant qu’il ne soit trop tard.
Et c’est là toute la réalité brutale qui attend le Wild du Minnesota : ils n’ont plus le luxe d’attendre.
S’ils ne bougent pas maintenant, ils risquent de perdre Marco Rossi pour rien. Une offre hostile bien structurée du Canadien – disons autour de 9,2 millions – forcerait Bill Guerin à égaler une somme qu’il ne veut déjà pas offrir, simplement pour ne pas perdre un espoir majeur sans retour.
Et s’il égalait à contrecœur, il se retrouverait avec un joueur frustré, dans un rôle mal défini, surpayé, et dont la relation avec l’organisation est déjà fissurée.
C’est un scénario perdant-perdant.
Voilà pourquoi la transaction Mailloux-Rossi devient si logique : Montréal a ce que Minnesota cherche désespérément – un jeune défenseur droitier– et le Wild a un centre talentueux qu’il est sur le point de perdre.
Il n'y a pas de fumée sans feu...