Le fait que Jayden Struble a signé une entente de deux ans avec le Canadien de Montréal au salaire annuel de 1,41 million de dollars est tout sauf anodin.
Le Canadien n’a pas seulement fait signer un défenseur fiable. Il a envoyé un message clair : la ligne bleue est congestionnée, et il y aura une transaction.
Ce que tout le monde comprend immédiatement, c’est que Struble n’est pas celui qui va bouger. Le Canadien aurait pu facilement s’en débarrasser : il était joueur autonome avec compensation, avec un salaire raisonnable à venir, donc très facile de l'échanger.
Mais Kent Hughes a choisi de le garder. Et ce n’était pas un geste de routine. C’était une décision stratégique.
En le signant, on vient confirmer ce que plusieurs journalistes avançaient déjà : Jayden Struble fait désormais partie du plan.
Il n’est plus un simple figurant ou un remplaçant. Il est un membre à part entière de la brigade défensive, un joueur que Martin St-Louis apprécie, un gaucher fiable, formé dans l’organisation, et qui monte en puissance.
Mais voilà le problème : la gauche est trop pleine. Beaucoup trop pleine.
Lane Hutson : Le joyau. La perle. Le prodige offensif qu’on veut signer à long terme autour de 10 M$.
Kaiden Guhle : Le général défensif, déjà payé à 5,55 M$ par saison.
Mike Matheson : Le vétéran du groupe, payé 4,875 M$ cette saison, mais qui en vaudra 6,5 M$ l’an prochain selon AFP Analytics.
Jayden Struble : Tout juste signé à 1,41 M$.
Arber Xhekaj : Encore sous contrat à 1,3 M$.
Adam Engström : Le Suédois discret, méthodique, et maintenant prêt pour la LNH.
Et c’est là que ça explose. Six défenseurs gauchers de calibre LNH. Pour trois postes. Quelque chose doit casser. Et vite.
Depuis plusieurs mois, tous les recrueturs le disent : Adam Engström est prêt. Dominant à Laval, rassurant dans son jeu, mature dans ses décisions, et capable de jouer à droite si nécessaire. Mais c’est un gaucher pur. Et son talent n’attendra pas.
À chaque séance d’entraînement, il pousse. Il montre qu’il mérite une place. Et les entraîneurs le voient. Les journalistes le répètent. Les partisans le réclament. Engström ne passera pas une saison de plus dans la Ligue américaine. Il est trop bon. Trop complet. Trop précieux.
Et donc, quelqu’un devra partir.
Pas Struble. Pas Hutson. Pas Guhle.
Règlons une chose tout de suite : Struble ne sera pas échangé. Il vient de signer. Le CH aurait pu le perdre ou le transiger cet été. Il ne l’a pas fait. Ce n’était pas une négociation difficile. C’est un choix assumé. Il reste.
Il reste donc trois noms : Mike Matheson, Arber Xhekaj et Adam Engström. Et Engström n’ira nulle part. Il est jeune, pas encore payé, et il représente l’avenir.
Le nom qui revient souvent, c’est Arber Xhekaj. Mais l’idée de l’échanger provoque des sueurs froides au département marketing.
Le shérif vend des chandails. Il attire la foule. Il incarne une partie de l’identité du club. Son style physique, ses bagarres, son attitude de dur à cuire font vibrer le Centre Bell.
Et pourtant… sur la glace, sa place est menacée. Il a terminé la saison dernière souvent dans les gradins. Martin St-Louis l’a rayé de l’alignement plus souvent qu’à son tour. Il est moins mobile, moins fiable défensivement, et ses minutes diminuent. Sa progression a stagné.
Mais l’échanger, ce serait un risque immense. Un geste lourd de conséquences. Car au-delà du hockey, Xhekaj est un symbole tellement il est populaire aux yeux du public.
Un symbole de dureté. Un symbole d’espoir pour les non-repêchés. Un symbole de résilience.
L’échanger? Ce serait déclencher une mini-crise dans l’opinion publique. Une vague de critiques. Un tollé médiatique. Un coût émotionnel énorme.
Et c’est ici que Mike Matheson entre en scène. Le défenseur de 31 ans, qui a été un modèle de constance et de leadership pour certains, et d'une catastrophe défensive pour d'autres, arrive à un carrefour.
Il lui reste un an de contrat à 4,875 M$. Mais il vaudrait 6,5 M$ par année pour un renouvellement. Et ça, le Canadien ne peut tout simplement pas se le permettre.
Avec Dobson à 9,5 M$, Guhle à 5,55 M$, Hutson bientôt à 10 M$, et Struble maintenant à 1,41 M$, Matheson devient un luxe insoutenable. D’autant plus qu’il sera bientôt, au mieux, le quatrième défenseur gaucher dans la hiérarchie.
Et un défenseur de soutien à 6,5 M$? C’est impossible.
L’organisation le sait. Matheson le sait. Les autres équipes le savent.
Mais justement, c’est là que réside l’opportunité.
Matheson est dans une fenêtre idéale pour être échangé. Il sort de sa meilleure saison en carrière. Il a encore un an de contrat à prix abordable. Il est apprécié dans la ligue. Et plusieurs équipes en mode « win now » pourraient en bénéficier.
Les Oilers d’Edmonton, les Kings de Los Angeles et les Stars de Dallas sont les trois équipes les plus souvent citées comme destinations potentielles.
Trois clubs qui cherchent à solidifier leur top 4 défensif, surtout que Mike Matheson est capable de jouer à droite même s'il est gaucher.
Trois équipes qui visent la Coupe dès maintenant.
Et le CH? Il a besoin d’un centre. D’un vrai. D’un deuxième centre pour épauler Nick Suzuki.
Un échange Matheson contre un centre? C’est non seulement logique… c’est inévitable.
Mike Matheson ne rapportera jamais Jason Robertson (qui n'est pas un centre). Et Dallas n’a pas de centre à offrir en retour.
Mais à Edmonton, un échange aurait du sens. Ryan Nugent-Hopkins n’est plus vraiment un centre chez les Oilers, il est souvent relégué à l’aile.
Pendant ce temps, les Oilers cherchent désespérément un défenseur mobile capable d’assumer de lourdes minutes, sans alourdir leur masse salariale.
Matheson, avec un an à 4,875 M$, est l’option parfaite. Et surtout, ce serait une transaction de hockey pur : pas de choix repêchage, pas de pari sur le futur. Deux joueurs du même âge, deux contrats abordables, deux carrières à relancer dans un nouveau contexte.
Et puis, il y a les Kings. Une autre équipe qui aspire à la Coupe Stanley dès cette saison, et qui cherche désespérément à remodeler sa ligne bleue après le départ de Vladislav Gavrikov.
La piste Mike Matheson devient crédible. Il est mobile, expérimenté, capable de relancer l’attaque rapidement, et son contrat à 4,875 M$ pour un an seulement est un bijou dans le contexte du plafond.
Pour les Kings, c’est une option de transition parfaite. Et si Kent Hughes veut vraiment frapper un coup de circuit émotif, il pourrait tenter d’inclure Phillip Danault dans la discussion.
L’idée semble farfelue à première vue (Danault est adoré à L.A.), mais son rôle diminue lentement et les incendies en Californie ont sérieusement ébranlé sa cellule familiale.
Un retour à Montréal pour le Québécois, contre Mike Matheson? Ce serait un échange de vétérans qui réglerait deux problèmes bien précis pour deux clubs aux ambitions claires. Rien d’impossible. Tout est sur la table.
Personne ne veut voir Mike Matheson partir. Il est apprécié. Il est montréalais. Il a été un professionnel exemplaire. Mais le hockey moderne est une affaire de chiffres. Et les chiffres ne mentent pas.
Il est trop vieux pour faire partie du noyau 2026-2030.
Il est trop bon pour accepter une réduction de rôle.
Il est trop cher pour être relégué en troisième paire.
Il est trop lucide pour signer un contrat qu’il regrettera dans deux ans.
Et surtout, le Canadien a besoin d’espace. D’espace salarial. D’espace physique. D’espace stratégique.
Matheson ne cadrera plus dans les plans à moyen terme. Et son départ n’est pas une trahison. C’est une étape. Une nécessité. Un geste de vision.
Avec la signature de Jayden Struble, le Canadien a envoyé un message puissant. Et ce message est clair : quelqu’un va partir.
Pas Struble. Pas Hutson. Pas Guhle. Pas Engström.
Et Xhekaj? Trop risqué.
Il reste donc Mike Matheson.
C’est dur. C’est cruel. C’est contre-intuitif pour certains.
Mais c’est la seule décision cohérente. La seule issue logique.
Une transaction est inévitable. Et Mike Matheson doit être celui qui part. Pour l’équilibre. Pour l’avenir. Pour Engström. Pour Hutson. Pour le deuxième centre qui manque tant à cette équipe.
Parce qu’en 2025, la LNH ne pardonne pas les erreurs de gestion salariale.
Et garder Mike Matheson serait la plus coûteuse de toutes.