Jason Robertson à Montréal? La rumeur vient de prendre une autre dimension.
Selon des informations croisées de The Athletic et de Radio-Canada, le Canadien de Montréal ferait partie des favoris dans le derby Jason Robertson.
Un véritable coup de tonnerre, lorsqu'on considère que l'ailier vedette des Stars de Dallas a régulièrement frôlé ou dépassé le plateau des 80 points ces dernières saisons. Il a même atteint les 109 points il y a trois ans.
Mais derrière la rumeur croustillante se cache un véritable dilemme : Robertson est-il le profil de joueur que Martin St-Louis souhaite insérer dans son échiquier?
C'est que le profil de Jason Robertson ne colle pas nécessairement à l'identité moderne du CH. Très lent sur patins, parfois même lourd dans ses transitions, il brille davantage par son instinct de marqueur que par sa vitesse ou sa relance.
Son style rappelle étrangement celui d'un certain Max Pacioretty à Montréal : un récolteur de buts pur, mais dont l'apport dans les replis défensifs ou les situations de contre-attaque demeure limité. À l'ère du hockey ultra rapide, ce genre de profil fait sourciller.
Des journalistes à Dallas commencent d'ailleurs à parler de déclin, même s'il n'aura que 26 ans cet été. Le mot est lancé. On le compare déjà à Patrick Laine, qui, malgré un coup de patin encore plus déficient, avait provoqué la frustration de Martin St-Louis l'hiver dernier lors de son court passage à Montréal.
La question est donc légitime : est-ce que Jason Robertson, avec ses limites physiques, peut vraiment s'intégrer dans une équipe qui mise sur le mouvement, le jeu en transition et la vitesse d'exécution?
Et pourtant, difficile de tourner le dos à un marqueur de 35 à 45 buts par année. Le Canadien en a cruellement besoin.
L'idée de voir Robertson sur l'avantage numérique avec Caufield, Suzuki, Demidov et Hutson fait saliver.
Du côté de Dallas, la situation salariale est étouffante. Avec moins de 5 millions de marge sur la masse salariale, et une liste d'agents libres sans restriction qui inclut Jamie Benn, Matt Duchene, Mikael Granlund, Evgenii Dadonov et Colin Blackwell, les Stars doivent faire des choix.
À cela s'ajoute un contrat étouffant de 9,85 millions par saison encore valide deux ans pour Tyler Seguin, et l'arrivée imminente d'un contrat de 12 millions annuels pour Mikko Rantanen. Il faudra couper, et Jason Robertson, malgré son talent, pourrait être le sacrifié.
Le CH a les moyens d'agir. Avec plusieurs choix de première ronde (16 et 17), des espoirs comme Logan Mailloux, Owen Beck, Adam Engstrom, et Joshua Roy, Kent Hughes peut bâtir une offre percutante.
Mais il devra éviter l'erreur de surpayer pour un joueur qui, bien que productif, pourrait plafonner rapidement si la vitesse de la LNH continue à grimper.
Arpon Basu (The Athetic) et Marc-Antoine Godin (Radio-Canada), dans leur podcast "The Basu & Godin Show", l'ont bien souligné :
"Robertson va commander une augmentation massive. Il sera joueur autonome sans compensation dans un an, et il pourrait exiger un salaire annuel proche des 10 à 11 millions. Est-ce que le CH peut se le permettre?"
On touche ici à l'équilibre du plan de relance du Tricolore. Si Kent Hughes souhaite garder sa flexibilité salariale pour encadrer les futurs contrats de Hutson et Demidov, il devra y réfléchir à deux fois avant d'absorber un pacte à huit chiffres pour un ailier unidimensionnel.
Mais dans un marché aussi assoiffé de vedettes que Montréal, refuser une telle opportunité pourrait être politiquement suicidaire. Les billets doivent se vendre. Le Centre Bell doit s'enflammer. Et une première unité d'avantage numérique Suzuki - Robertson - Caufield- Hutson- Demidov ferait parler d'elle dans toute la LNH.
La balle est dans le camp de Kent Hughes. Mais une chose est certaine : la rumeur est bien lancée, et elle est légitime.
Le CH est le favori dans ce dossier et prêt à bondir si Dallas ouvre la porte. Reste à savoir si Martin St-Louis, lui, est prêt à accueillir un autre ailier à la vitesse douteuse, dans une LNH où chaque fraction de seconde compte.
Mais ce n’est pas seulement la compétition qui brouille les cartes. En coulisse, une question plus sournoise mine le dossier Robertson : est-ce que Martin St-Louis le veut vraiment?
Ce n’est un secret pour personne : Martin St-Louis est obsédé par la vitesse, la créativité et la transition rapide. Il aime les joueurs dynamiques, mobiles, imprévisibles.
Robertson est un pur marqueur, mais sans explosivité, sans flair défensif, sans mordant dans les replis. Un joueur qui attend la passe parfaite pour décocher un tir, mais qui ne crée pas toujours le jeu.
Et ça, ça titille Martin St-Louis.
Certaines rumeurs autour de l’organisation parlent d’un certain refroidissement du coach envers Robertson. Non pas qu’il remette en doute son talent, mais il doute du "fit" avec son système.
Et pendant que les doutes s’installent à Montréal, Caroline ne doute de rien. Ils veulent Robertson. Et ils savent qu’ils ont une arme : le fit naturel avec leur noyau.
Pas besoin de vitesse pure dans un système ultra structuré et défensif. Pas besoin de courir après un joueur qui sait toujours où se placer. En Caroline, Robertson peut être le “finisher” que Rod Brind’Amour attend depuis trois ans.
C’est là que Montréal pourrait se faire doubler. Non pas parce qu’il n’a pas les moyens, mais parce qu’il ne sait pas s’il veut payer le prix. Ou pire : parce qu’on n’est pas certain que l’entraîneur en ferait bon usage.
Pendant ce temps, d’autres s’organisent. Utah veut monter dans le repêchage. Caroline veut Marner et Robertson.Pittsburgh prépare un été explosif de vente de feu.
Et Montréal? Il jongle avec ses intouchables, ses jeunes qu’on n’ose pas échanger, et ses scénarios prudents.
Et pendant qu’il hésite, le train passe.
Le marché actuel n’attend pas les clubs prudents. Il récompense les équipes agressives, flexibles, prêtes à bousculer leurs plans. Ce n’est pas un été pour les demi-mesures.
Jason Robertson n’est pas un joueur parfait. Il est lent, parfois passif, et pas toujours impliqué physiquement. Mais il marque des buts. Et des buts, le CH en manque cruellement.
Si Martin St-Louis ne veut pas d’un marqueur de 40 buts sous prétexte qu’il ne cadre pas parfaitement dans son idéologie, il faudra se poser la vraie question : est-ce que c’est le bon entraîneur pour mener cette équipe à un autre niveau?
Parce qu’à un moment donné, le talent brut doit passer avant les caprices tactiques.