Martin Nečas a 26 ans. Il est dans son prime. Il sort d’une saison de 83 points. Et pourtant, il pourrait être échangé comme un vulgaire joueur de location.
L’Avalanche du Colorado n’a pas envie de niaiser avec les prolongations de contrat.
On l’a vu avec Mikko Rantanen. Même en pleine course aux séries, alors que le no 96 empilait les points, la direction a préféré l’échanger à la Caroline, sachant très bien qu’il n’allait pas signer une prolongation.
Résultat? Rantanen a terminé la saison en lion, puis a signé à Dallas. Un geste qui a choqué à l’époque… mais qui s’inscrit dans une logique froide, calculée.
L’Avalanche ne perd pas ses joueurs pour rien. Et si Nečas continue de tergiverser, il subira le même sort. Peu importe que l’équipe vise encore les grands honneurs.
Chris Johnston l’a d’ailleurs résumé parfaitement :
« La raison pour laquelle son nom circule, c’est qu’il est à un an de l’autonomie complète. Si tu ne le prolonges pas, tu dois l’échanger. Et le Colorado, eux, ils vont vouloir gagner l’an prochain. »
Et c’est exactement là que le Canadien de Montréal pourrait entrer dans la danse.
Entre le Canadien et l’Avalanche, les lignes téléphoniques ne sont jamais bien froides.
Kent Hughes et l'Avalanche ont déjà dansé ensemble à plusieurs reprises.
Alex Newhook, Artturi Lehkonen, Justin Barron… Ces échanges ont jalonné les dernières saisons.
Les deux équipes se connaissent, se respectent, et n’hésitent pas à faire affaire quand l’opportunité frappe.
Dans ce contexte, voir Montréal dans le derby pour Necas ne serait pas juste logique, ce serait pratiquement inévitable.
Et si vous pensez que l’Avalanche n’est pas sérieuse, regardez simplement leur historique. Ils ont échangé Rantanen en pleine course, alors qu’il était l’un de leurs meilleurs éléments offensifs, juste pour ne pas le perdre pour rien.
Ils n’ont aucune pitié. Chris MacFarland est un romantique quand il s’agit de hockey, mais c’est un romantique qui gère comme un tueur à gages.
S’il sent que Necas n’est pas dans le coup, il ne clignera même pas des yeux. L’appel va se faire.
Car soyons honnêtes : Nečas coche toutes les cases. Il patine comme le vent. Il a un QI hockey élevé. Il peut jouer à l’aile comme au centre.
Et surtout, il produit. L’an dernier, il a commencé la saison à la Caroline, où il a récolté 55 points en 49 matchs.
Puis il a poursuivi sa saison à Denver, où il a ajouté 28 points en 30 matchs. On parle ici d’une saison de 83 points.
Le genre de production qui fait saliver n’importe quel directeur général.
Nečas, c’est un peu un Alex Kovalev moderne. Du talent brut. Des mains en or. Une vision périphérique exceptionnelle.
Et ce n’est pas un hasard si Kovalev lui-même l’avait déjà identifié comme un joueur unique, capable de changer un match à lui seul.
Il faut aussi souligner sa courbe de progression.
En 2023-2024, il avait connu une saison plus tranquille avec 53 points. Mais en 2022-2023, il avait explosé avec 71 points en 82 matchs. Ce n’est pas un feu de paille : c’est une pente ascendante.
Mais pour l’instant, il est dans les limbes contractuelles. Et si la situation ne se règle pas rapidement, le Colorado va agir.
Et devinez qui pourrait se frotter les mains? Le CH.
Avec une banque de jeunes espoirs, une masse salariale bien gérée, et une tonne de flexibilité à long terme, Kent Hughes a tous les outils pour faire une offre crédible.
Et dans le décor actuel, ce ne sont pas les besoins qui manquent à Montréal.
Le CH cherche désespérément un deuxième centre ou un ailier capable d’épauler Demidov. Les auditions se multiplient, mais les résultats ne suivent pas toujours.
On ne veut pas vivre une autre année d’improvisation à la Kirby Dach blessé, ou de Newhook en mode dépannage.
Il faut du solide. Il faut du talent. Et il faut que ce soit maintenant.
Le destin a parfois de l’humour.
En 2017, les Hurricanes ont repêché Martin Necas au 12e rang. Une minute plus tard, les Golden Knights jetaient leur dévolu sur Nick Suzuki au 13e.
Huit ans plus tard, ces deux joueurs pourraient bien se retrouver au centre d’une même ligne, à Montréal, si Kent Hughes parvient à ses fins.
Un retour de flamme poétique… et peut-être la pièce manquante pour transformer le CH en véritable aspirant.
On se rappelle aussi que Montréal avait eu un œil sur Necas dans les discussions passées impliquant d’autres joueurs, mais sans que rien ne se concrétise.
Cette fois-ci, la fenêtre est grande ouverte. Et Hughes le sait. Il a toujours dit qu’il attendrait le bon moment pour frapper. Il l’a fait avec Dobson. Il pourrait bien le refaire avec Necas.
Évidemment, la question du prix demeure. Et là, il faut être clair : ça ne sera pas donné.
On parle d’un gars de 26 ans, qui vient de produire 83 points, et qui entre dans ses meilleures années.
Le Colorado va exiger un gros retour. Peut-être un jeune défenseur. Peut-être un choix de première ronde. Peut-être les deux.
Mais à un moment donné, il faut payer pour du talent. Et dans le cas de Necas, ça pourrait être le pari qui change tout.
Le CH a besoin d’un joueur comme lui. Un gars qui peut transporter la rondelle, dicter le rythme, créer de l’offensive par lui-même.
Un gars qui peut devenir la version 2025 de Pierre Turgeon. Ou, rêvons un peu, la version tchèque d’Alex Kovalev.
Ce genre de joueurs, ça ne court pas les rues.
Et si l’Avalanche décide vraiment de liquider Necas, il va y avoir une file d’attente. Une file dans laquelle le Canadien ferait bien de s’incruster rapidement.
Car dans un monde où tout peut basculer en un été, Martin Necas pourrait être la clé d’un renouveau encore plus rapide que prévu.
Et si jamais vous doutiez encore de l’appétit de Kent Hughes pour un coup d’éclat, rappelez-vous ceci : l’homme n’a pas hésité à sacrifier deux choix de première ronde et un jeune espoir pour aller chercher Noah Dobson.
Necas serait un autre morceau de cette construction éclair.
Un autre jalon dans la reconstruction version accélérée. Un message clair aux autres équipes : le Canadien est de retour dans les discussions sérieuses.
Et pendant que l’Avalanche s’apprête à liquider sans remords, Montréal pourrait bien saisir l’occasion avec un sourire en coin.
Parce que parfois, la meilleure façon de bâtir, c’est de profiter du chaos chez les autres.
À suivre ...