La signature de Nikolaj Ehlers avec les Hurricanes de la Caroline pourrait bien être le début d’un nouveau chapitre... pour Patrik Laine.
Oui, Patrik Laine. Le même qui a été accueilli à bras ouverts à Montréal à l’été 2024.
Le même qui a fait lever le Centre Bell avec ses tirs foudroyants en avantage numérique.
Le même aussi qui a fait grincer bien des dents avec son inconstance à cinq contre cinq, ses passages à vide, et ses séquences de fantôme sur la patinoire.
Mais il faut le dire franchement : Laine, c’est un joueur polarisant.
Capable du meilleur comme du pire. Un sniper génial un soir, un joueur invisible le lendemain. Et c’est précisément ce qui rend sa situation si fascinante.
Il y a un an, quand Kent Hughes a surpris tout le monde en mettant la main sur Laine, les attentes étaient énormes. C’était une transaction coup de tonnerre.
Montréal accueillait enfin un marqueur pur. Un homme capable de changer l’allure d’un match d’un seul tir.
Ce jour-là, c’est comme si une bombe était tombée sur la métropole. Le téléphone des partisans explosait, les journalistes trépignaient, et l’enthousiasme atteignait des sommets.
Mais voilà : à Montréal, il n’y a pas de demi-mesure. Il faut performer. Toujours. Et rapidement.
Laine n’a pas eu ce luxe.
Dès son arrivée, le sort s’est acharné sur lui. Une blessure au genou lors du camp d’entraînement a mis la table pour une saison en montagnes russes.
On s’est demandé s’il reviendrait rapidement. Il est revenu. Trop vite? Peut-être.
Mais lorsqu’il a enfilé quelques buts coup sur coup, tous marqués de son fameux « bureau » sur l’avantage numérique, l’espoir a repris vie.
À ce moment précis, il était intouchable. On croyait en lui. On croyait que le Canadien avait enfin trouvé son sniper.
Mais tout s’est effrité.
Les équipes adverses se sont ajustées. À cinq contre cinq, Laine n’était plus une menace.
Sa défensive était douteuse. Son implication, intermittente. Et lorsqu’il a rechuté en série, à nouveau blessé, c’est Ivan Demidov qui a été catapulté sur la première vague de l’avantage numérique.
Et soudainement, quelque chose a cliqué.
Demidov apportait une étincelle. Une énergie. Une créativité qu’on ne voyait plus chez Laine.
Et dans les coulisses, certains se demandaient déjà si l’expérience finlandaise arrivait à son terme.
Ce serait injuste de faire le procès de Patrik Laine.
Il reste un atout. Mais il faut regarder les faits : il lui reste une seule saison à son contrat. 8,7 millions de dollars. Et le Canadien, en pleine transition entre reconstruction et compétitivité, devra bientôt trancher.
Le meilleur scénario possible? Que Laine connaisse une grosse saison.
Qu’il marque 30, 35 buts. Et qu’il permette au Canadien de se rendre en séries.
Mais le vrai dilemme, c’est celui-ci : si le CH lutte pour une place en séries, peut-il se permettre d’échanger Laine?
Et si Laine redevient un fardeau, peut-il simplement le laisser partir contre des miettes?
C’est là que la Caroline entre en scène.
Les Hurricanes viennent de frapper un grand coup en signant Nikolaj Ehlers. Un contrat de six ans, 51 millions de dollars.
Et ce nom-là, il fait tilt.
Pourquoi? Parce qu’Ehlers, c’est le grand ami de Patrik Laine.
Leur complicité à Winnipeg est encore légendaire. Sur la glace comme en dehors.
C’était les deux électrons libres, les deux esprits rebelles du vestiaire des Jets.
Et les rumeurs ont toujours circulé : Ehlers à Montréal pour rejoindre Laine, Laine en Caroline pour retrouver Ehlers.
Et justement, la Caroline aime les Finlandais. Ils les collectionnent, littéralement.
Sebastian Aho y est la pierre angulaire.
Jesperi Kotkaniemi tente toujours de relancé sa carrière.
C’est une deuxième patrie pour les joueurs de la Suomi.
Ce n’est pas un hasard. Les Hurricanes ont un historique bien ancré avec la filière finlandaise, comme Detroit l’a déjà eu avec les Suédois ou Washington avec les Russes.
C’est une question d’identité. Et de stratégie.
On l’oublie peut-être, mais les rumeurs de Ehlers à Montréal ont déjà fait surface.
Des murmures discrets, mais insistants. L’idée de réunir Laine et son acolyte, son « frère de guerre », flottait dans l’air comme une promesse de renaissance.
Kent Hughes y a peut-être même songé. Mais voilà que le scénario s’inverse.
À Montréal, Ivan Demidov est en train de s’imposer. Le Tsar occupe l’espace offensif. Et Laine, malgré son tir légendaire, n’a plus l’aura du messie.
Avec Ivan Demidov, le CH a peut-être déjà trouvé la relève.
Un tireur plus jeune. Plus dynamique. Moins imprévisible. Dans l’ombre du Tsar, il n’y a peut-être plus de place pour le Sniper finlandais.
Alors on imagine.
Imagine la scène. Février 2026.
Le Canadien se bat corps et âme pour rester dans la course aux séries, mais la réalité frappe.
La saison précédente, Montréal avait déjoué tous les pronostics en accédant aux séries plus tôt que prévu, devançant le plan initial de la reconstruction.
Cette fois-ci, le défi est encore plus grand. La compétition est féroce. Rien n’est garanti.
Et c’est précisément dans ce genre de contexte que les décisions déchirantes doivent être prises.
Si le CH glisse hors du portrait éliminatoire, Kent Hughes n’aura d’autre choix que de tirer profit de la valeur de Patrik Laine.
L’attaquant deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la saison.
L’échanger à la date limite deviendra une évidence stratégique, surtout si une équipe comme la Caroline cogne à la porte pour réunir Laine à son grand ami Nikolaj Ehlers et son compatriote Sebastian Aho.
Les partisans du CH se divisent. Certains crient à la trahison, d’autres se disent soulagés.
À Raleigh, on l’accueille comme le chaînon manquant. Un Finlandais de plus, une pièce de plus pour la Coupe.
Et pendant ce temps, Kent Hughes observe. Froidement.
Stratégiquement. Car une vérité demeure : Patrik Laine n’est plus un pilier. Il est un pion. Une pièce qu’on peut avancer, sacrifier ou échanger.
La décision viendra. Inévitablement.
Mais en ce 3 juillet, alors que le marché se calme et que les regards se tournent vers l’automne, une chose est claire : le destin de Patrik Laine est désormais lié à celui de son ancien frère d’armes.
Et la Caroline, tranquillement, l’attend.
À suivre ...