Transaction Montréal-Calgary: Radio-Canada ouvre la porte

Transaction Montréal-Calgary: Radio-Canada ouvre la porte

Par David Garel le 2025-07-04

C’est un petit segment audio glissé à la fin de l’épisode de Tellement Hockey, à Radio-Canada, qui a lancé une rumeur aussi séduisante qu’improbable : le Canadien de Montréal devrait-il s'intéresser à Nazem Kadri?

 Marc Antoine Godin y pose la question : « Pourquoi pas Kadri? »

Et soudainement, voilà que certains partisans s’excitent. Mais la vérité, froide, c’est que le Tricolore ne veut pas de Kadri. Et encore plus clair : les Flames ne veulent pas le bouger.

Commençons par la base. Nazem Kadri a 34 ans. Il lui reste quatre saisons à 7 millions de dollars par année. Il possède une clause de non-mouvement complète jusqu’à l’été 2026.

En clair, il choisit s’il part et où il part. Et tout indique qu’il est heureux à Calgary. Selon les informations de Darren Dreger (TSN), les Flames n’envisagent pas du tout de l’échanger pour le moment.

Le Canadien de Montréal, quant à lui, gère déjà un plafond salarial serré. Il a investi lourdement dans Noah Dobson (9,5 M$), Patrik Laine (8,7 M$), qu’il tente d’ailleurs de liquider, et il devra bientôt renouveler Lane Hutson cet été, puis Ivan Demidov l'été prochain.

Ajouter Kadri, ce serait se condamner à sacrifier du talent jeune… pour un pari risqué.

Supposons un instant que Calgary veuille vraiment bouger Kadri. Que demanderait-on en retour? Un vétéran productif de 67 points en 82 matchs, encore robuste, hargneux, et excellent en séries, ne part pas pour rien. On pourrait facilement imaginer un prix du type :

Un choix de première ronde en 2026.

Joshua Roy, voire un espoir plus haut dans la hiérarchie (Adam Engstrom)

Une prise en charge complète du contrat.

Est-ce que Kent Hughes veut sacrifier ça pour un centre de transition, âgé de 34 ans, au gabarit moyen, qui ralentira d’ici deux ans et pourrait nuire au développement d’un certain Michael Hage?

Le cœur de la stratégie du Canadien n’est pas d’aller chercher un vétéran pour boucher un trou, mais bien de développer Michael Hage comme futur deuxième centre.

À l’interne, c’est la mission prioritaire de 2025-2026, selon les propos de Martin Lapointe. Et si le projet fonctionne, Hage deviendrait le partenaire de ligne idéal pour Ivan Demidov dès 2026.

Lapointe est clair : Hage a toutes les habiletés techniques pour jouer dans la LNH. Son intelligence, sa vision, sa protection de rondelle, sa « shot cachée », tout y est.

« Il a toutes les habiletés pour être un joueur de centre. Quand il défend dans sa zone, il faut qu’il travaille comme s’il avait la rondelle. »

Pour lui, le défi est clair : transformer Hage en centre complet, responsable, et capable de soutenir Ivan Demidov à moyen terme.

Ce n’est donc pas un hasard si le CH mise tout sur son développement, plutôt que de s’encombrer du contrat à 28 millions de dollars de Nazem Kadri.

Selon le co-directeur du recrutement, c’est le jeu sans la rondelle qui empêche encore le CH de lui faire une place dans l’alignement dès maintenant.

Cette saison à l’Université du Michigan est donc sa dernière chance de transformer le talent brut en diamant poli pour qu'il signe son contrat d'entrée en avril prochain et rejoigne le CH avant les séries.

En pariant sur Kadri, Kent Hughes affecterait potentiellement la progression du seul espoir capable de combler ce trou de manière durable et économique. Cela irait à l’encontre de tout le plan de développement patient mis en place depuis trois ans.

Pourquoi Radio-Canada lance cette idée?

C’est la vraie question. Pourquoi cette suggestion ne vient-elle que de Radio-Canada, alors que TSN, Sportsnet, The Athletic, TVA Sports et les insiders américains n’ont jamais sérieusement évoqué Kadri à Montréal?

Parce que c’est une idée séduisante sur papier : un vétéran qui supportait Montréal enfant, parce que c'était l'équipe de son père.

Mais la rumeur manque de substance transactionnelle, de logique salariale et d’alignement stratégique.

D’un côté, Kadri serait un fit naturel à Toronto pour un retour aux sources. Les Maple Leafs cherchent un centre de soutien derrière Matthews et Tavares, et Kadri connaît la maison. S’il y a une équipe dans la LNH avec plus de chances que Montréal de mettre la main sur Kadri, c’est Toronto.

De l’autre, Montréal n’est pas prêt à brûler son avenir pour gagner une dizaine de matchs de plus en saison régulière.

On parle d’un contrat qui amènerait Kadri à 38 ans, avec un style de jeu usant physiquement. Si les Flames veulent s’en départir un jour, cela doit se faire avec rétention de salaire.

Mais sacrifier Joshua Roy Roy et un choix de première ronde pour un centre usé de 34 ans, non merci.

Il faut le répéter : le CH n’a pas trouvé son deuxième centre cet été, malgré les rumeurs entourant Mason McTavish, Anthony Cirelli, Ran Strome, Nazem Kadri (maintenant) et même Sidney Crosby.

Le marché des joueurs autonomes était maigre. Kent Hughes a étudié toutes les options, mais n’a pas voulu surpayer. Il sait qu’une mauvaise signature bloquerait les jeunes et nuirait à la structure salariale.

En attendant, il compte sur Kirby Dach pour revenir en santé et remplir ce rôle temporairement. Mais tout repose sur Michael Hage.

L’été 2025 aura prouvé une chose : les deuxièmes centres se repêchent ou se paient à gros prix. Kent Hughes a préféré miser sur le développement. Et ça le place à contre-courant de certains médias, qui cherchent des noms "crunchy" pour remplir les heures de radio ou les balados.

Radio-Canada peut bien rêver à Kadri. Mais dans les bureaux du Canadien, le rêve est ailleurs : il porte un chandail de l’Université du Michigan, il s’appelle Michael Hage, et il représente l’avenir du club au centre.

Kadri? C’est un nom de prestige, un nom du passé, un nom qui ne cadre plus avec la philosophie actuelle du CH.

Et c’est exactement pour ça que seul Radio-Canada y croit encore.