Transaction Montréal-Boston: Kent Hughes montre la vitrine au DG des Bruins

Transaction Montréal-Boston: Kent Hughes montre la vitrine au DG des Bruins

Par David Garel le 2025-09-29

Oliver Kapanen n’a jamais eu autant les projecteurs sur lui qu’aujourd'hui.

Martin St-Louis n’a pas hésité. L’entraîneur du Canadien a pris ses trios, les a déposés dans le malaxeur, et a appuyé sur le bouton.

Tout a bougé. Tout a changé. Lundi matin à Brossard, l’image était frappante : des joueurs qu’on croyait établis ont vu leurs compagnons de trio redistribués comme au casino, alors que d’autres ont reçu des promotions aussi soudaines qu’inattendues.

À quelques jours du début de la saison, ce grand brassage n’est pas un détail. Ce n’est pas seulement un test. C’est une vitrine. Et dans certains cas, c’est un message envoyé directement aux équipes rivales qui épient chaque présence.

Les trios et les paires défensives à l’entraînement:

Caufield - Suzuki - Slafkovsky

Laine - Dach - Bolduc

Newhook - Kapanen - Demidov

Gallagher - Evans - Anderson

Veleno / Blais / Beck / Xhekaj

En défense :

Matheson - Dobson

Guhle - Hutson

Xhekaj - Carrier

Struble - Engström

Officiellement, Kapanen est récompensé d’un camp sérieux, propulsé entre Ivan Demidov et Alex Newhook, deux piliers offensifs déjà assurés de leur place dans la formation.

Officieusement, tout le monde a compris : cette mise en scène at des allures de vitrine. Pas une promotion. Une audition. Et pas pour Montréal. Pour Boston.

Les rumeurs ne mentent pas. Les Bruins adorent Kapanen depuis longtemps. Son nom a déjà circulé dans le fameux package refusé qui incluait Jayden Struble et Joshua Roy en échange de Pavel Zacha. Package qui n’a pas abouti, mais qui a mis au grand jour une vérité : Oliver Kapanen fait partie des actifs que le Canadien est prêt à sacrifier si la bonne occasion se présente.

Et aujourd'hui, ce n’est pas Martin St-Louis qu’il fallait convaincre… mais Don Sweeney.

Le Finlandais a livré son match le plus complet du camp samedi soir. Un tir au poteau, des replis défensifs propres, un tir bloqué, des séquences de relance efficaces et une intensité dans toutes les zones. Surtout, il a joué avec une confiance visible. Rare chez lui, il s’est même permis une déclaration après coup :

« Je pense que c’était mon meilleur match jusqu’ici, tant en attaque qu’en défense. »

Habituellement discret, c’était la première fois qu’on l’entendait s’auto-féliciter ainsi. Et c’est révélateur : il sait que ses performances ne sont plus seulement analysées par le staff montréalais. Il sait que chaque geste alimente les discussions de Boston. Hier, il a livré une audition sans bavure.

On se souvient : les Bruins n’ont pas dit non parce qu’ils doutaient de Kapanen. Ils ont dit non parce qu’ils n’étaient pas prêts à céder Zacha à Montréal, leur ennemi juré.

Mais l’information de Frank Seravalli a changé la donne. « Si quelqu'un leur offre ce qu'ils désirent, Zacha est disponible maintenant », a lâché le journaliste en parlant de Pavel Zacha. Et ce quelqu’un, ce pourrait être Montréal.

Kapanen, Struble, Roy : les trois noms que Boston a déjà vus sur papier. Et si Owen Beck venait se rajouter dans ce package, comme le préféraient initialement les Bruins, la négociation pourrait reprendre. Mais hier, Kapanen a peut-être rebattu les cartes. Sa prestation a rappelé qu’il n’est pas un simple pion.

Et Boston n’est pas seul. Barry Trotz, à Nashville, garde un œil attentif. Les Predators adorent le profil de Beck, mais Kapanen reste dans leur vision.

Si les Preds connaissent un mauvais début de saison, Ryan O’Reilly reviendra dans les rumeurs. Et Montréal a deux jeunes centres, Beck et Kapanen, prêts à être insérés dans un deal. Dans ce scénario, Beck et Kapanen ne sont plus en compétition pour un poste au CH, mais pour savoir lequel servira de monnaie d’échange pour un pivot établi.

Il faut ajouter Jayden Struble à cette équation. Bloqué par la congestion à gauche, éclipsé par l’aura médiatique d’Arber Xhekaj, Struble demeure la pièce facile à inclure.

Et les Bruins l’adorent. Ils aiment son profil robuste, sa capacité à fermer le jeu, exactement ce que l'ancien recruteur, Grant McCagg rappelait récemment :

« Struble ne fera jamais autant d’attaque que Hutson, mais Hutson ne fermera jamais les adversaires comme Struble le peut. » En clair : Struble, pour Boston, reste une cible.

À Montréal, le paradoxe est cruel. Martin St-Louis intègre Kapanen dans ses trios comme s’il avait un avenir au CH. Il lui donne Demidov et Newhook comme coéquipiers, un signe de confiance évident.

Mais en coulisses, Hughes et Gorton savent très bien que cette confiance est aussi une exposition. On veut montrer Kapanen, pas forcément le garder. On veut que Boston le voie dans un contexte valorisant, entouré de deux joueurs établis.

Et Owen Beck, placé avec les réserviste en compagnie de Veleno, Xhekaj et Blais, reçoit le message inverse. Moins de confiance, moins de vitrine. Pourtant, à Boston, Beck avait la cote. Hier, la performance de Kapanen pourrait bien avoir influencé les Bruins vers Kapanen.

Dans ce théâtre de rumeurs, Joshua Roy continue de flotter comme le « throw-in » obligé. Proposé déjà à Boston, cité à Pittsburgh, rétrogradé à Laval, Roy est clairement un actif destiné à être bougé. Pas parce qu’il n’a pas de talent, mais parce qu’il n’a plus de rôle à Montréal. Son inclusion dans les discussions est devenue un automatisme.

La vérité, c’est que Montréal ne pourra pas garder tout le monde. Struble, Roy, Kapanen, Beck : ce sont les noms qui circulent sans arrêt. Struble, sacrifiable. Roy, déjà vu comme un bonus de package. Beck, prometteur mais pas intouchable. Et Kapanen, malgré son ascension, déjà dans les carnets des recruteurs de Boston et Nashville.

Ce qui rend la situation encore plus ironique, c’est que Kapanen, hier, a prouvé qu’il pouvait remplacer Christian Dvorak dès aujourd’hui. Il a démontré qu’il peut tenir un rôle de troisième centre solide, voire glisser sur un deuxième trio. Mais à Montréal, cette progression n’est pas vue comme une promesse d’avenir. Elle est perçue comme une hausse de valeur marchande.

Et dans tout cette tempête, il ne faut pas oublier Sidney Crosby. Les Penguins envoient des dépisteurs au Centre Bell pour une raison. Tout le monde sait que Crosby, si jamais il décide de lever sa clause, pourrait être la pièce maîtresse d’un échange historique. Et les Penguins, eux aussi, regardent Kapanen, Beck, Struble.

Samedi soir, en frappant le poteau et en dictant le jeu avec Newhook et Demidov, Kapanen ne jouait pas seulement pour St-Louis. Il jouait pour Boston. Pour Nashville. Et pour Pittsburgh. Chaque présence était une audition, pas seulement pour gagner un poste, mais pour se vendre sur un marché qui s’emballe.

Oliver Kapanen est devenu le joueur paradoxal par excellence : valorisé par son entraîneur, mais déjà sacrifié dans les discussions de son directeur général. Samedi, il a rappelé qu’il avait le niveau pour s’imposer à Montréal. Mais chaque bonne performance, désormais, le rapproche peut-être davantage de Boston ou de Nashville.

Et tant que Sidney Crosby n’aura pas clarifié son avenir, chaque geste de Kapanen sera scruté comme une pièce de plus sur l’échiquier.

Montréal ne bâtit pas seulement une équipe : il prépare ses munitions. Et Kapanen, malgré lui, est devenu l’une des cartouches les plus précieuses.