La scène était révélatrice.
Après un match où Jake Evans avait encore une fois brillé dans son rôle de joueur défensif clé, un journaliste l’interrogea sur l’état des discussions concernant son avenir à Montréal.
La réponse, accompagnée d’une expression qui en disait long : « Still crickets. »
Aucune discussion. Rien. Le silence, à ce stade de la saison, parle plus fort que n’importe quelle déclaration officielle.
Son visage renfermé voulait tout dire. Jake Evans est en colère face à l'inexistance des négociations pour son contrat.
Evans, à 28 ans, vit pourtant la meilleure saison de sa carrière. Ses 19 points en 33 matchs, sa domination en désavantage numérique et son impact constant sur les unités spéciales sont des arguments indiscutables pour une prolongation de contrat.
Mais le problème est évident : Kent Hughes et Jeff Gorton savent que cette saison pourrait bien être l’exception et non la norme.
Si les Canadiens ne se sont pas encore manifestés pour discuter d’une prolongation, ce n’est pas un hasard. Hughes sait que l’excellent rendement d’Evans cette saison, combiné à son rôle crucial dans les unités spéciales, fait de lui une pièce très prisée sur le marché des transactions.
Avec une efficacité de 82,4 % en désavantage numérique, le CH se classe dans le top 10 de la LNH, et Evans est la pierre angulaire de ce succès.
Mais Hughes sait également que pour garder Evans, il devra probablement surpayer un joueur dont la production offensive reste modérée à long terme.
Avec un contrat actuel de 1,7 M$ par année qui expire à la fin de la saison, Evans demandera vraisemblablement une augmentation importante. Son agent pourrait viser un contrat de 4 à 5 ans à environ 3,5 à 4 M$ par saison, une somme qui représente un pari risqué pour un joueur au plafond offensif limité.
De plus, la pression du marché augmente, avec plusieurs équipes montrant un intérêt croissant pour ses services.
Parmi les prétendants, les Kings de Los Angeles, les Devils du New Jersey et le Wild du Minnesota se démarquent.
Les Kings, avec leur ambition de solidifier leur profondeur au centre, voient en Evans un joueur capable de stabiliser leurs unités spéciales et de jouer un rôle crucial sur le troisième ou quatrième trio.
Sa compatibilité avec leur structure axée sur la possession de la rondelle et le jeu défensif en fait une cible idéale.
Les Devils, en quête d’un centre défensif fiable pour équilibrer leur alignement, ont également Evans dans leur mire.
Leur besoin urgent de renforcer leurs désavantages numériques pourrait pousser leur directeur général, Tom Fitzgerald, à faire une offre agressive.
Le Wild, victime de blessures clés comme celle de Joel Eriksson Ek, voit en Evans une solution immédiate pour pallier l'absence de leur centre numéro un.
Avec une compétition féroce dans la division centrale, le Wild pourrait tomber dans la panneau d'une surenchère pour s’assurer ses services.
Pour Hughes, la question est stratégique. Prolonger Evans signifierait stabiliser le centre du « bottom-six » pour les années à venir, mais cela risquerait de surcharger la masse salariale pour un joueur dont les meilleures années pourraient être derrière lui après cette saison exceptionnelle.
De l’autre côté, échanger Evans maintenant, alors que sa valeur est à son apogée, permettrait de maximiser le retour et de renforcer l’avenir de l’équipe avec des choix de repêchage ou de jeunes talents prometteurs.
Certains affirment qu'Evans pourrait coûter un choix de 1ère ronde. Le problème est que seuls les Kings possèdent un choix de 1ère ronde, alors que les Devils et le Wild n'en ont pas.
Les Devils du New Jersey, avec leur alignement talentueux mais déséquilibré, voient en Jake Evans une solution immédiate à leurs problèmes en désavantage numérique.
Le nom de Dawson Mercer commencer à circuler à Montréal.
Ses 16 maigres points (7 buts) en 36 matchs cette saison prouvent une année frustrante. Coincé sur le troisième trio à droite, une position qui n’est pas naturelle pour lui, il a exprimé publiquement son mécontentement quant à son rôle limité et au manque de temps de glace.
Ses performances décevantes en tant que centre, sa position préférée, pourraient pousser les Devils à envisager de s’en départir.
Une transaction impliquant Mercer et Evans serait logique. Les Canadiens obtiendraient un jeune joueur avec un potentiel encore inexploité, tandis que les Devils renforceraient immédiatement leur profondeur au centre et leurs unités spéciales.
Le Wild du Minnesota, de son côté, est en quête de stabilité au centre, surtout avec la fragilité Joel Eriksson Ek. Jake Evans, avec son jeu défensif irréprochable et sa capacité à jouer dans toutes les situations, représente une solution parfaite.
Mais pour obtenir ses services, le Wild devra proposer un retour qui attire l’attention de Kent Hughes, surtout sans choix de 1ère ronde.
Le nom de Danila Yurov revient souvent dans les discussions. Yurov, l’un des espoirs les plus prometteurs du Wild, a brisé des records en KHL la saison dernière, surpassant même Vladimir Tarasenko pour le nombre de points par un joueur de moins de 21 ans.
Cependant, sa décision de prolonger son séjour en Russie d’un an a suscité des inquiétudes chez le Wild.
Pour Montréal, Yurov serait une acquisition idéale dans le cadre de leur reconstruction, ajoutant un ailier droit offensif de calibre élite à leur bassin d'espoirs.
Mais le Wild pourrait hésiter à sacrifier un joueur de cette trempe, même pour un joueur aussi fiable que Jake Evans.
Avec les Devils, les Kings et le Wild intéressés, une compétition pourrait s’engager pour obtenir Evans. Cela pourrait jouer en faveur des Canadiens, augmentant la valeur de leur joueur sur le marché.
Evans, lui, reste fidèle à son style discret mais efficace.
Pourtant, son visage trahissait une certaine déception en répondant aux questions sur l’absence de discussions contractuelles.
Après avoir été repêché au 207ᵉ rang en 2014, développé patiemment par l’organisation, et avoir finalement atteint la maturité de son jeu, il semble logique qu’il espérait plus de reconnaissance de la part du Canadien.
Mais la LNH est un business avant tout, et Hughes le sait. Si une équipe comme les Kings offre un choix de 1ère ronde le CH devra sérieusement considérer cette option.
Jake Evans, avec son éthique de travail irréprochable et ses performances exceptionnelles cette saison, représente à la fois un atout et un dilemme pour le Canadien de Montréal.
Son avenir, qu’il soit à Montréal ou ailleurs, dépendra de la capacité de Kent Hughes et Jeff Gorton à peser le présent contre l’avenir.
Le silence autour de sa prolongation de contrat, bien que frustrant pour Evans, est un signe que la direction du CH évalue minutieusement toutes les options.
Qu’il reste ou qu’il parte, Jake Evans aura marqué l’organisation par son dévouement et son travail dans l’ombre.
Pour Montréal, le défi sera de transformer cette valeur en un gain significatif, qu’il s’agisse d’une présence stable au centre pour les années à venir avec un contrat à long terme ou d’une valeur surestimée sur le marché des transaction en cas d'échange.
Selon nous, il faut échanger Evans au lieu de le surpayer.
Jamais une bonne idée de donner trop d'argent à des joueurs défensifs.