Il y a des descentes qui se font en douceur, dans l’ombre, avec résignation.
Et il y a celles qui claquent comme un avertissement brutal, un signal d’alarme que tout le monde entend sauf les décideurs.
Owen Beck vit la seconde. Et le pire, c’est que personne au sein du Canadien de Montréal ne semble vouloir freiner la chute.
On regarde un ancien choix de 33e au total devenir un « throw-in », un extra de fond d’alignement, sans rien faire. Sans s’en alarmer. Sans même cligner des yeux.
La valeur de Beck est en chute libre.
Beck est à deux doigts de s'effondrer : rétrogradation silencieuse, manque de confiance, jeunes rivaux qui lui passent devant, et surtout, des dirigeants qui n’ont plus le moindre plan pour lui.
La transaction d’aujourd’hui entre l’Avalanche du Colorado et les Sharks de San Jose en est une autre preuve éclatante.
Oskar Olausson, le 28e choix au total du repêchage 2021, un ailier offensif de talent qui n'a jamais su faire sa place, a été sacrifié pour obtenir… Daniil Gushchin, un petit ailier russe sans contrat. (joueur autonome avec compensation).
Ce type de transaction envoie un message clair : les choix de fin de première ronde n’ont plus de valeur sur le marché. Surtout s’ils stagnent.
Et c’est exactement ce qu’est devenu Owen Beck : un joueur de 2e ronde repêché haut (33e), mais dont le stock est en chute libre.
La preuve? Le Canadien a proposé Owen Beck dans une transaction majeure avec les Islanders de New York. L’objectif : acquérir Noah Dobson.
Kent Hughes avait mis sur la table non pas un, mais deux choix de première ronde (16e et 17e)… et Owen Beck. Un package impressionnant. Sauf que les Islanders ont refusé. Pourquoi? Parce qu’ils préféraient Emil Heineman à Beck.
Une honte monumentale.
Darche a été clair : Beck ne les intéressait pas.
À ce moment précis, tout a changé. Parce que c’est une chose de ne pas percer l’alignement du Canadien, mais c’en est une autre d’être publiquement rejeté dans une transaction où tu es censé être la monnaie d’échange centrale.
Et la suite n’a fait qu’empirer la situation.
Quelques jours plus tard, le CH annonce la signature de Joe Veleno pour être le 4e centre. Un joueur fiable, mature, polyvalent. Et gaucher.
Beck n'est qu'un droitier parmi tant d'autres.
Le message est sans pitié : Beck tassé. Pas besoin d’attendre son développement. On a Veleno.
Ajoutez à ça Jake Evans, déjà installé au centre du 3e trio. Beck n’a plus de chaise.
Et contrairement à Roy ou Kapanen, il ne peut pas jouer à l’aile. Il est un pur centre. Un joueur de structure, pas de périphérie. Et dans un club qui cherche du “punch”, du “wow”, Beck est devenu le contraire e de ce qu’on valorise aujourd’hui.
Il est discret. Silencieux. Efficace, mais invisible.
Et c’est ça, le drame.
Il ne faut pas s’y tromper : Beck est loyal. Il ne sortira pas en tempête dans les médias. Il n’est pas un provocateur. Mais la frustration gronde. Elle est sourde, froide, accumulée. Et elle peut exploser d’un seul coup.
On le voyait comme un Danault en devenir. Un centre capable de stabiliser un trio, de jouer en désavantage numérique, de gagner des mises au jeu. Et aujourd’hui, on l’envisage comme un simple extra qui ne vaut rien dans un éventuel échange pour Sidney Crosby. Même pas la pièce centrale. Juste un nom qu’on jette dans la balance.
Le plus ironique, c’est que même là, sa valeur est contestée. Car selon plusieurs observateurs, si Crosby accepte de venir à Montréal, Kent Hughes offrira Beck assurément comme "throw-in". Les Penguins, pris à la gorge, devront se contenter de choix secondaires ou d’espoirs périphériques si Crosby exige d'aller à Montréal.
Ça veut dire quoi? Que Beck n’est même plus jugé assez “intéressant” pour être une pièce nécessaire dans un échange de vedette.
Même Mathieu Darche ne voulait pas de lui.
C’est dramatique.
Et pendant ce temps, il encaissera 82 500 $ dans la Ligue américaine. Un salaire ridicule pour un joueur qui, il n’y a pas si longtemps, représentait l’avenir du centre défensif du CH.
Aujourd’hui, il est perçu comme un joueur de fond d’alignement. Un “trop”. Un actif qu’on garde sous la main au cas où, mais qu’on ne valorise plus.
Et pendant ce temps, Veleno sourit en entrevue. Même Kapanen passe avant Beck.
C’est injuste. C’est cruel. Mais c’est la réalité.
Et ce qui rend cette chute encore plus violente, c’est que Beck n’a jamais dérapé. Il n’a jamais mal agi. Il n’a jamais manqué d’effort. Il est victime d’un système qui ne sait pas quoi faire avec les joueurs sans éclat.
Parce qu’à Montréal, aujourd’hui, il faut briller. Il faut faire rêver. Il faut générer des clics, des attentes, de l’enthousiasme.
Et Beck, lui, ne crie pas.
Mais attention : il pourrait le faire bientôt.
Car si Montréal continue à le repousser dans l’ombre, s’il continue d’être ignoré dans les plans futurs, une demande publique pourrait arriver. Et à ce moment-là, le feu prendra.
Dans une ville aussi hystérique que Montréal, une sortie publique d’un jeune joueur frustré devient une tempête médiatique. Les lignes ouvertes s’enflamment. Les journalistes demandent des comptes. Les dirigeants sont mis sur la défensive.
Et pour le Canadien, cela créerait une crise évitable.
Tout ça pour un joueur qu’on pourrait encore développer. Qu’on pourrait valoriser. Qu’on pourrait réintégrer dans les plans. Mais dont on a décidé, sans vraiment le dire, qu’il n’était plus nécessaire.
Beck est à un tournant. Un point de rupture.
Et si personne ne tend la main maintenant, c’est lui qui décidera de faire le premier geste. Un message pour une demande de transaction. Une publication. Une déclaration. Et il sera trop tard.
Trop tard pour sauver Owen Beck.
Trop tard pour dire qu’on croyait encore en lui.
Trop tard pour cacher le fait qu’on l’a laissé tomber.
Le joueur de centre doit quitter Montréal... pour son bien...