Après quatre matchs, un détail saute aux yeux : le sourire d’Ivan Demidov est revenu.
Un sourire discret, mais contagieux ...celui d’un joueur qui commence à respirer dans le système de Martin St-Louis.
Contre le Kraken, on a enfin vu un Demidov libre, en contrôle, utilisé au bon moment, contre les bons trios.
St-Louis avait le dernier mot, le fameux last change, et il s’en est servi toute la soirée.
Pour la première fois depuis le début de la saison, l’entraîneur du Canadien a pu protéger son jeune prodige, éviter les duels défensifs trop lourds, et lui offrir des mises au jeu favorables.
Résultat : 1 but, 1 passe, et surtout, Demidov a respiré, a trouvé son rythme, et a montré ce qu’il sait faire quand on le place dans les bonnes situations ... entrer avec vitesse, ralentir le jeu, créer de l’espace.
C’est là qu’on voit la main du coach.
Les logs le montrent : il monte en temps de jeu de 12 minutes à Detroit, à 14 contre Chicago, presque 15 hier.
Et ce premier but du match ?
Sur le premier but du match, tout part de Demidov.
Une entrée de zone d’école : il freine juste au bon moment, change son angle, attire deux défenseurs, puis glisse une passe parfaite à Alex Newhook, qui n’avait plus qu’à effleurer la rondelle.
Même ma grand-mère l’aurait mise dedans. Tout le mérite revient à Demidov ... c’est lui qui a tout construit.
Mais derrière cette séquence spectaculaire, il y a surtout un détail qu’on ne voit pas sur la feuille de pointage : la confiance.
Martin St-Louis lui en donne enfin.
Match après match, on sent que le message change, que la laisse s’allonge. Ce n’est plus le petit prodige qu’on protège à tout prix, c’est un joueur qu’on teste.
Et dans le vestiaire, ça se ressent.
Le ton a changé. St-Louis n’est pas devenu son plus grand admirateur du jour au lendemain, mais il commence à lui déléguer des responsabilités offensives sans le surcharger.
C’est une progression graduelle, un « level up » discret, mais réel.
Et puis il y a ce but.
Pas un but banal, pas un rebond chanceux.
C’était à la toute fin de la deuxième vague de l’avantage numérique, après que la première unité ait encore une fois tourné en rond sans rien créer.
Tout est parti d’un échange simple, mais chirurgical : Demidov à Laine, Laine à Demidov.
Et là, le jeune Russe a sorti son arme la plus redoutable ... sa patience.
Il a gardé la rondelle, fait coucher deux défenseurs, puis, d’un revers précis, a glissé la rondelle au fond du filet.
Une séquence d’horloger.
Quelle patience. Quelle exécution. Quelle fin.
C’est dans ce genre de moment qu’on comprend pourquoi Martin St-Louis commence à lui faire confiance.
Demidov, de son côté, n’est pas du genre à exploser dans les médias.
On l’a vu hier après le match : il a choisi de s’adresser au public montréalais… en français, avec un grand sourire.
Ce geste ... peu spectaculaire aux yeux des puristes mais très parlant dans le contexte ... démontre qu’il veut appartenir à Montréal, et comprendre les attentes du public.
Ce n’est pas une revanche, ce n’est pas un défi ouvert. C’est un jeune joueur en train de trouver sa place.
Oui, ce n’est pas encore un rôle dominant.
Non, il n’est pas systématiquement mis sur la première vague de l'avantage numérique.
Mais on sent que Martin St-Louis continue de jouer ses cartes avec prudence, qu’il cherche à préserver ses armes tout en équilibrant ses unités.
Demidov n’est pas encore ce joueur “safe” qu’on envoie dans toutes les situations à 5 contre 5…
Mais il s’en approche. Match après match. Sans brûler d’étapes.
Et c’est là que tout devient intéressant.
Parce que cette progression-là, on la voit.
Et elle a l’effet d’une boule de neige : chaque présence, chaque séquence, chaque bonne décision fait gonfler la confiance ... la sienne, et celle de son entraîneur.
Le Canadien va jouer ses prochains matchs cette semaine à Montréal.
Et avec le dernier changement en main, St-Louis aura encore plus de liberté pour le tester, pour l’exposer à de vraies responsabilités offensives.
Parce que si Ivan Demidov finit par s’installer sur la première unité du power play, on ne parlera plus de 15 minutes par match… mais de 17-18.
Et là, tout pourrait basculer.
Soyez prêts...