Tandis que la majorité des équipes de la LNH profitent de leur camp pour peaufiner leurs trios, Anaheim vit une scène de plus en plus inquiétante : Mason McTavish, attendu de leur attaque, ne s’entraîne pas en Californie, mais à Ottawa… avec les 67’s de l’OHL.
Une image forte, presque symbolique. Le troisième choix au total de 2021 patine loin de son club, loin de ses coéquipiers, alors que le dossier contractuel traîne en longueur.
Et quand Pierre LeBrun (The Athletic) explique que les deux camps n’ont même pas discuté depuis plusieurs jours, on comprend que le fossé est immense :
« Les Ducks et le clan McTavish n’arrivent pas à s’entendre ni sur la durée ni sur le salaire. Les positions sont complètement campées. »
Pourquoi c’est bloqué? Parce qu’Anaheim veut répéter « l’affaire Guhle »
La logique des Ducks est limpide. Ils veulent appliquer la recette qui a si bien fonctionné pour Kent Hughes à Montréal : signer un jeune en devenir pour beaucoup moins que sa valeur réelle, quitte à le frustrer.
Souvenez-vous du dossier Kaiden Guhle. L’été dernier, son agent Allain Roy réclamait 7 ou 8 ans à 7-8 M$ par saison. Un prix juste pour un défenseur de première paire, pierre angulaire de la défensive montréalaise.
Hughes a refusé net, imposant une entente de 6 ans à 5,5 M$ par saison. Résultat : Guhle est coincé jusqu’en 2031 dans ce qui est désormais vu comme un des « vols » contractuels de la décennie.
À Anaheim, le DG Pat Verbeek veut reproduire ce coup de maître, mais cette fois avec Mason McTavish. L’offre des Ducks? 3 à 5 ans à 5,5 M$ par saison. Exactement la même mécanique : signer un « pont » qui avantage uniquement l’organisation, pas le joueur.
Sauf que McTavish a appris la leçon. Son clan, mené par l’agent vétéran Pat Morris, refuse catégoriquement de se faire avoir.
Le centre de 22 ans exige un contrat « à la Nick Suzuki » : 7 à 8 ans, autour de 7 à 8 M$ par saison. Une sécurité financière à long terme qui reflète son rôle de futur premier centre d’Anaheim.
Ce bras de fer crée un climat toxique. Les Ducks, par leur intransigeance, vont jusqu’à menacer de laisser McTavish à la maison si les discussions ne bougent pas.
Des tactiques d’intimidation qui rappellent une autre saga : celle de Trevor Zegras, absent lui aussi du camp il y a deux ans, avant de signer in extremis le 3 octobre.
On connaît la suite. La relation entre Zegras et les Ducks fut brisée. Et l'attaquant est maintenant à Philadelphie.
Ce n’est pas un secret : le Canadien de Montréal rêve d’ajouter McTavish. Un centre jeune, robuste, capable de produire offensivement, c’est exactement le profil qui manque derrière Nick Suzuki. Avec les doutes entourant Kirby Dach et l’incertitude à long terme au poste de deuxième centre, l’occasion est unique.
Mais les Ducks sont clairs : s’il n’y a pas David Reinbacher, il n’y a pas de transaction.
Et c’est là que le dossier se brise. Hughes a fait savoir tout l’été que son cinquième choix de 2023 est intouchable. Même si Reinbacher traverse un camp difficile, même s’il semble fragile mentalement après sa blessure, Montréal refuse de céder.
Résultat? Le dossier McTavish est figé.
Si Montréal ne parvient pas à bouger pour McTavish, deux autres noms circulent.
Pavel Zacha (Boston) : Kent Hughes a déjà tenté un « package » avec Oliver Kapanen, Jayden Struble et Joshua Roy. Les Bruins ont refusé, mais ont laissé la porte entrouverte pour l’Action de grâce américaine, question d'évaluer la position au classement.
Bo Horvat (Islanders) : à 30 ans, 8,5 M$ par saison pour encore 6 ans. C’est cher, mais il reste un centre fiable, qui vieillit bien et pourrait stabiliser un vestiaire jeune.
Chris Johnston (The Athletic / RDS) l’a résumé :
« Peut-être que des vétérans comme Pavel Zacha à Boston ou Bo Horvat avec les Islanders deviendront disponibles… Ce sont des options qui peuvent répondre aux besoins d’équipes comme Montréal. »
Ce qui rend le dossier explosif, c’est à quel point les deux camps ne sont pas sur la même planète :
Les Ducks : 3-5 ans, 5,5 M$/an.
McTavish : 7-8 ans, 7-8 M$/an.
Un gouffre. Et derrière cette bataille de chiffres, une question fondamentale : Anaheim croit-il vraiment en McTavish comme centre #1 de son avenir?
La réponse est non vu la présence de Leo Carlsson. Le problème est que le Ducks ne voient même pas McTavish comme un contre #2.
La signature de Mikaël Granlund cet été a rajouté de l'huile sur le feu. McTavish l'a vraiment mis personnel. Il sent que les Ducks ne le voient pas comme un vrai centre.
Car si oui, pourquoi ne pas l’attacher à long terme? Pourquoi refuser de miser sur lui comme sur Zegras? Pourquoi ce bras de fer humiliant qui le pousse à patiner à Ottawa au lieu de préparer la saison avec ses coéquipiers?
Pierre LeBrun l’a dit : pour l’instant, McTavish ne demande pas de transaction, et Anaheim ne cherche pas activement à l’échanger. Mais… « si ça se rend en octobre, on ne sait jamais. »
C’est là que tout bascule. Si le fossé persiste, Anaheim pourrait se résoudre à encaisser un retour plutôt que de s’enliser dans une guerre d’usure.
Et à ce moment-là, Montréal sera au premier rang des intéressés.
Au fond, le cas McTavish résume parfaitement la tension actuelle entre joueurs et DG dans la LNH.
D’un côté, des organisations qui veulent maximiser la valeur, répéter les « vols » contractuels comme celui de Guhle.
De l’autre, des joueurs qui refusent de sacrifier leur avenir pour un pont qui ne leur profite pas.
McTavish n’est pas Guhle. Il ne veut pas finir enfermé dans un contrat à rabais qui deviendra une aubaine pour Anaheim. Il veut sa valeur, maintenant.
Pour l’instant, la balle est dans le camp d’Anaheim. Mais chaque jour qui passe rapproche un peu plus la possibilité d’une transaction.
Si les Ducks persistent dans leur refus, et si McTavish refuse de céder, octobre pourrait devenir le mois de tous les rebondissements.
Et si Kent Hughes tient bon en refusant de céder Reinbacher, il pourrait bien avoir raison d’attendre : les Ducks finiront peut-être par craquer...