Tension médiatique à Montréal: David Reinbacher veut en finir avec Matvei Michkov

Tension médiatique à Montréal: David Reinbacher veut en finir avec Matvei Michkov

Par David Garel le 2025-08-06

On ne s’en sortira pas.

La comparaison entre Matvei Michkov et David Reinbacher est là pour rester. Pour dix ans. Peut-être même vingt. C’est une cicatrice ouverte qui ne guérira jamais complètement dans l’imaginaire collectif des partisans du Canadien de Montréal.

Et les médias québécois, conscients de la douleur provoquée par cette blessure, semblent déterminés à la camoufler. Pire : ils orchestrent subtilement une opération de redressement de l’image de Reinbacher, pendant qu’ils exposent chaque imperfection de Michkov sous le microscope.

On comprend que Daniel Brière a décidé de protéger son joyau en le défendant à chaque conférence de presse. Mais à Montréal, les flammes ne s’éteindront pas. Elles ne font que grossir.

Daniel Brière, ancien joueur du Canadien, connaît trop bien le cirque médiatique montréalais. Il sait que chaque question porte toujours sur les rumeurs voulant que Michkov ait refusé catégoriquement de jouer à Montréal. Il sait que les journalistes locaux vont lui poser LA question : « As-tu vraiment snobé le Canadien? »

Selon plusieurs recruteurs, la réponse est oui. Lors des entrevues pré-repêchage de 2023, Michkov aurait démontré un clair désintérêt envers l’idée d’évoluer à Montréal. Une attitude qui aurait déplu au groupe de direction du CH. Et qui aurait, de fait, orienté leur choix vers David Reinbacher.

On se souvient tous du moment-clé survenu en septembre dernier, alors que les Flyers étaient de passage au Centre Bell pour y affronter le Canadien en match préparatoire.

Toute la planète hockey attendait fébrilement la confrontation entre Matvei Michkov et David Reinbacher, les deux joueurs liés à jamais par ce repêchage de 2023.

Mais à la surprise générale, Daniel Brière avait décidé de ne pas habiller Michkov, prétextant qu’il avait disputé un match la veille contre les Capitals.

Cette décision avait suscité de vives réactions à Montréal, plusieurs y voyant une manœuvre pour éviter que les médias locaux ne questionnent Michkov sur son prétendu refus de jouer pour le CH.

Cruauté du sort, David Reinbacher s'est blessé au genou quelques jours plus tard, mettant abruptement fin à sa présaison. 

Mais cette version des faits, les médias québécois ne veulent pas qu’on la retienne. Au contraire, chaque faux pas de Michkov devient un prétexte à le présenter comme un joueur ingrat, voire capricieux.

Son refus public de jouer le style « dump and chase », qu’il juge trop épuisant, a fait couler beaucoup d’encre. À tel point que Rick Tocchet, nouvel entraîneur des Flyers, a dû intervenir publiquement pour calmer les critiques.

Il a expliqué que la déclaration de son joueur dépendait du contexte. Si Michkov a de l’espace, il doit utiliser son talent. Mais Tocchet a aussi été clair : s’il veut gagner en juin, Michkov devra apprendre à faire les jeux simples et robustes.

Bref, il devra apprendre à jouer comme un Nord-Américain.

Et pendant que les médias québécois soulignent chaque nuance d’indiscipline ou d’individualisme chez Michkov, ils relaient avec enthousiasme les moindres signes positifs autour de David Reinbacher.

L’image du « gentil garçon travailleur » est omniprésente. Son genou va mieux? Parfait. On publie des vidéos de lui à Zurich, patinant avec aisance, maniant la rondelle avec fluidité.

Les journalistes font écho aux propos de son entraîneur d’habiletés, relaient les publications Instagram, partagent même des prédictions enthousiastes de Logan Mailloux : « Reinbacher sera tout un joueur. »

Et tant mieux si c’est vrai. Reinbacher a tout à gagner à se développer à son rythme. Mais cette couverture médiatique déséquilibrée n’est pas neutre.

Elle vise à faire oublier que le Canadien a volontairement passé son tour sur un joueur que plusieurs considèrent comme un talent générationnel.

Elle vise à légitimer une décision qui continue de faire grincer des dents. Et elle place sur les épaules de Reinbacher une pression gigantesque.

Car au final, ce n’est pas Michkov qui devra prouver qu’il méritait d’être choisi. C’est Reinbacher qui devra faire oublier qu’on ne l’attendait pas à ce rang.

L’Autrichien devra répondre, non seulement à la vitesse et à la robustesse de la LNH, mais aussi à une comparaison constante, brûlante, toxique parfois, avec Michkov.

Chaque erreur, chaque revirement, chaque mauvaise relance, sera pesée, analysée, et comparée à ce que Michkov fait de l’autre côté.

Et c’est ici que réside le vrai affrontement : dans le regard du public. Car même s’ils ne s’affrontent pas sur la glace lundi soir, Michkov et Reinbacher sont déjà engagés dans un duel médiatique inégal.

D’un côté, un Russe talentueux mais controversé, déjà affublé de l’étiquette de diva. De l’autre, un défenseur travailleur et humble, revenu de blessure, discret, parfait pour le moule du CH.

Mais ce moule, est-ce celui du prochain Shea Weber, ou celui d’un solide mais oubliable top-4?

Le camp d’entraînement du Canadien déterminera si Reinbacher amorcera la saison avec le grand club ou au sein du Rocket de Laval.

À ce jour, l’équipe n’a que deux défenseurs droitiers réguliers : Noah Dobson et Alexandre Carrier. En théorie, une place pourrait être à gagner. Mais en pratique, Reinbacher devra surclasser sept autres défenseurs déjà sous contrat à un volet. Un défi de taille.

Un jour ou l’autre, Michkov viendra au Centre Bell alors que David Reinbacher sera en uniforme.  Et ce jour-là, les caméras, les micros, les pancartes, les sifflets et les applaudissements seront tous braqués sur cette question fondamentale : Le Canadien a-t-il fait la bonne chose?

Et tant que cette réponse n’aura pas été prouvée sur la glace, Reinbacher portera ce fardeau. Celui d’un choix contesté par rapport au prodige russe. 

À Montréal, on tente de tourner la page.

Mais cette page, Michkov l’a signée à l’encre rouge.