Tension entre Serge Savard et Kent Hughes: le DG du CH dans de beaux draps

Tension entre Serge Savard et Kent Hughes: le DG du CH dans de beaux draps

Par David Garel le 2025-08-12

À Montréal, il suffit parfois d’une seule déclaration pour faire trembler tout le château de cartes. Et c’est exactement ce qui s’est produit.

Alors que les négociations entre Kent Hughes et Lane Hutson sont au point mort, Serge Savard, l’ancien directeur général mythiquel, et le dernier à avoir gagné la Coupe Stanley, a choisi son moment pour jeter de l’huile sur le feu.

« Le futur nous le dira, mais je pense que Lane Hutson est le gars le plus talentueux que le Canadien ait connu depuis Guy Lafleur »

« J’étais convaincu très tôt qu’il serait une grande vedette de la LNH, a-t-il ajouté. Les choses qu’il fait, il n’y a pas grand monde qui peut les faire. On a toujours peur lorsqu’un gars de 6 pi 4 po fonce vers lui à 100 milles à l’heure, mais il est tellement agile qu’il trouve toujours une manière de s’esquiver. 

Je pense que c’est un gars qui n’a pas peur de jouer lorsqu’un match est rude. Il est capable de jouer là-dedans.»

Le timing ? Parfaitement calculé. Le message ? Clairement destiné à mettre le DG du Canadien dans l’embarras.

Depuis plusieurs jours, des murmures circulaient déjà dans les coulisses : les discussions entre le Canadien et Lane Hutson ne progressent plus du tout.

On ne parle même plus de ralentissement, mais d’un véritable arrêt. Dans le jargon des DG vs agents, c’est une “rupture temporaire”, mais à Montréal, tout ce qui touche aux supervedettes est amplifié, déformé et dramatisé. Et pour cause : le temps presse.

Car il faut rappeler un élément crucial que beaucoup semblent oublier : cette saison est la dernière où Kent Hughes peut offrir un contrat de 8 ans à son jeune prodige.

À partir du 1er juillet 2026, la durée maximale tomberait à 7 ans. Un détail ? Pas du tout. Sur le marché actuel, une année supplémentaire de sécurité contractuelle peut représenter plus de 10 millions de dollars sur la durée totale. Autrement dit, chaque jour de blocage augmente la pression sur la direction.

Et c’est exactement dans ce contexte inflammable Savard a dégainé.

Si le grand Serge est reconnu pour quelque chose, c’est bien pour sa capacité à flairer le moment précis où ses mots feront le plus de bruit.

On pourrait presque croire qu’il possède un baromètre interne de la crise médiatique. Depuis sa retraite comme DG, il s’est transformé en commentateur habile, parfois sans pitié, souvent pertinent, et toujours conscient de l’impact de ses propos à Montréal.

Hier, donc, il a sorti ce qu’on pourrait qualifier de “coup de tonnerre” : un commentaire qui, sans attaquer frontalement Kent Hughes, remet subtilement en cause sa gestion du dossier Hutson. Le sous-entendu est cinglant : Hughes ne maîtrise pas la situation et risque de voir le rapport de force lui échapper.

Certains ont voulu y voir un geste motivé par la jalousie. Après tout, Savard a connu les sommets, soulever la Coupe Stanley à Montréal et il sait que Hughes rêve d’inscrire son nom à la même légende.

Mais il serait trop simpliste de réduire l’affaire à ça. Savard ne jalouse pas : il évalue, il juge, et il n’hésite pas à pointer ce qu’il considère comme une erreur stratégique.

Et dans le cas présent, il ne pouvait rêver d’un meilleur contexte pour intervenir : une star en position de force, un agent redoutable, Sean Coffey, qui vise ouvertement un contrat de 10 millions par année, et un DG qui, pour l’instant, refuse de céder. La recette parfaite pour que le moindre commentaire public se transforme en ouragan.

Il faut le dire : Kent Hughes n’a pas peur de se salir les mains dans une négociation. Depuis son arrivée, il a démontré qu’il n’était pas du genre à signer des chèques à blanc sous la pression populaire. Sa philosophie est simple : chaque dollar compte, chaque structure contractuelle doit avoir du sens à long terme.

Dans le dossier Hutson, cette approche prend des allures de poker à haut risque. Car si l’agent Coffey réclame 10 M$ par saison, ce n’est pas seulement par cupidité. Il joue sur deux leviers :

Le potentiel illimité du joueur, présenté comme le plus grand talent offensif depuis Guy Lafleur.

Le contexte émotionnel: Montréal veut garder sa pépite, peu importe le prix.

En d’autres termes, Coffey sait que le public est prêt à en vouloir à Hughes si jamais le dossier s’envenime. Et c’est exactement ce que Savard est venu rappeler.

Il est impossible d’ignorer un autre élément qui complique la donne : le contrat de Noah Dobson, signé à 9,5 M$ par saison sur huit ans après son arrivée de Long Island.

Pour Coffey, cet accord est une bénédiction : il fixe une barre de négociation. Et si un défenseur, aussi talentueux soit-il, peut obtenir ce montant, pourquoi une superstar offensive comme Hutson devrait-elle se contenter de moins ?

Ce genre de précédent est le cauchemar des directeurs généraux. Hughes le sait. Savard aussi. Et il n’a pas hésité à le mettre sur la place publique.

Savard n’est pas du genre à envoyer un simple message de félicitations ou un commentaire anodin. Chaque sortie est calculée. Dans ce cas-ci, il savait pertinemment que son intervention allait être reprise en boucle par les médias, amplifiée sur les réseaux sociaux, et scrutée par les fans.

Résultat : en moins de 24 heures, l’opinion publique a basculé dans un mélange de nervosité et de frustration. Les partisans voient désormais Hughes non pas comme le gestionnaire calme et patient qu’il prétend être, mais comme l’homme qui pourrait laisser filer un contrat de 8 ans à cause d’un bras de fer inutile.

La vraie bataille, en ce moment, ne se joue pas seulement autour de la table de négociation. Elle se joue dans l’arène médiatique.

Et là, Hughes est en terrain glissant. Les fans de Montréal sont passionnés, impatients et sensibles au moindre signe de faiblesse. Si l’idée s’installe que Hughes “joue trop dur” et qu’il risque de compromettre l’avenir de l’équipe, la pression deviendra insoutenable.

Et c’est précisément ce que Savard sait exploiter : une fissure dans l’armure de Hughes.

Sean Coffey n’est pas un agent comme les autres. Il n’a pas peur de la confrontation, et il sait manier l’opinion publique à son avantage.

Chaque fois qu’il reste silencieux, il laisse le camp adverse s’enliser dans l’incertitude. Chaque fois qu’il parle, il sait exactement quoi dire pour renforcer sa position.

En ce moment, Coffey n’a même pas besoin de parler. Savard fait le travail pour lui. La simple mention publique des tensions, combinée au rappel du précédent Dobson et au spectre de la dernière année de négociation pour un contrat de 8 ans, suffit à faire pencher l’opinion.

Et maintenant ?

Hughes est donc pris entre deux feux :

Céder aux demandes de Coffey et signer un contrat qui pourrait, à long terme, déséquilibrer la masse salariale.

Ou maintenir la ligne dure et risquer un conflit prolongé qui pourrait ternir l’image de l’organisation.

Dans ce contexte, chaque jour sans avancée rapproche Montréal d’un scénario où Hutson  ne signerait qu’un contrat de 7 ans… voire, dans le pire des cas, où il commencerait à envisager d’autres options comme un contrat de transition.

On peut reprocher beaucoup de choses à Serge Savard, mais certainement pas de manquer de flair. En choisissant ce moment précis pour intervenir, il a mis Kent Hughes dans la position la plus inconfortable possible.

Non seulement les négociations sont rompues, mais l’opinion publique est désormais consciente de l’urgence… et prête à désigner un coupable.

Hughes aime répéter qu’il ne ressent pas la pression. Mais à Montréal, la pression n’attend pas qu’on la ressente pour faire ses dégâts.

Et tant que Savard et Coffey joueront sur le même terrain, ce dossier risque de devenir le feuilleton le plus explosif de la saison.