Tension avec les journalistes: Juraj Slafkovsky perd patience pour Ivan Demidov

Tension avec les journalistes: Juraj Slafkovsky perd patience pour Ivan Demidov

Par David Garel le 2025-08-22

« Ne lis pas ce que les gens disent sur toi. »

C’est le conseil donné par Juraj Slafkovsky à Ivan Demidov, le joyau russe du Canadien de Montréal.

Une phrase bienveillante… en apparence. Mais pour ceux qui connaissent Slafkovsky, pour ceux qui l’observent depuis son arrivée dans la LNH, c’est aussi une déclaration profondément ironique.

Parce que Juraj Slafkovsky lit absolument tout.

Il lit les commentaires sur ses performances. Il lit ce que disent les journalistes, les partisans, les trolls. Il lit ce qu’on dit de sa copine. Il lit les commentaires sur ses choix de vêtements, sur ses photos de couple, sur ses jeans trop moulants, sur son heure de coucher, sur ses absences en Slovaquie, sur ses présences à Brossard, sur son engagement envers son pays natal.

Il lit tout, il analyse tout, il s’emporte souvent… et il souffre, beaucoup plus qu’il ne veut le montrer.

Et pourtant, c’est lui qui dit à Ivan Demidov de ne pas trop écouter le bruit ambiant.

Cet été, Slafkovsky a joué les grands frères auprès d’Ivan Demidov. Il est resté en contact avec lui tout au long de l’entre-saison. Il lui a donné des conseils, l’a rassuré.

Mais cette posture de mentor cache une vérité brutale : Demidov est tout ce que Slafkovsky n’est pas.

Demidov dort tôt. Il s’entraîne dur. Il évite les distractions. Il ne fait pas de vagues. Il ne répond pas aux critiques. Il ne lit pas les commentaires.

Slafkovsky, lui, a de la difficulté à se coucher tôt, comme on l’a souvent souligné dans les cercles montréalais. Et on sait que ce n’est pas nouveau : depuis son année recrue, il est réputé pour ses habitudes de sommeil douteuses, ce qui a même préoccupé certaines personnes au sein du personnel d’encadrement du CH.

Demidov, lui, est déjà un modèle de discipline.

Et pourtant, c’est Slaf qui joue le rôle de guide.

Le problème, c’est que le Slovaque n’a jamais appris à gérer la pression de Montréal. Il dit aux autres de faire ce qu’il est incapable de faire lui-même. Il dit d’ignorer les critiques… alors que ces critiques le consument de l’intérieur depuis deux ans.

Au cœur de l’été, Juraj Slafkovsky a pris une décision controversée : il a manqué une activité de team building avec la sélection olympique slovaque pour assister au mariage de Nick Suzuki, son capitaine, son ami.

Une quarantaine de joueurs slovaques étaient réunis pour préparer les Jeux olympiques de 2026.

Slaf, lui, a préféré être à Montréal, aux côtés de Suzuki.

Est-ce condamnable? Pas nécessairement.

Mais dans son pays, ce geste a été vu comme une insulte nationale. On se souvient qu’il avait déjà refusé de participer au Championnat du monde.

Maintenant, il manque un événement préparatoire majeur. Et pendant ce temps, il est vu sur des photos, en complet-cravate, dans les festivités du mariage de Suzuki.

Une claque en pleine figure pour les partisans slovaques.

Et une aubaine pour ses détracteurs.

C’est dans ce contexte inflammable que David Pastrnak, la mégastar tchèque des Bruins de Boston, s’est permis une sortie assassine contre lui.

« Il lui manque un peu d’humilité. Il devrait donner l’exemple aux plus jeunes. »

Ces mots ont résonné comme une gifle. Une gifle publique, envoyée d’un pays rival (anciennement le même pays), d’un joueur respecté qui, lui, n’a jamais manqué un tournoi pour aller faire la fête à un mariage.

Slafkovsky a reçu cette critique de plein fouet. Et devinez quoi? Il l’a lue. Évidemment qu’il l’a lue.

En Slovaquie, Slafkovsky est à la fois une idole et un problème.

Il est la figure de proue d’une génération dorée. Il est le premier choix au total du repêchage 2022. Il est la fierté d’un petit pays qui rêve de briller à l’international.

Mais il est aussi perçu comme arrogant, distant, ingrat.

Il a critiqué la fédération slovaque. Il a snobé le Championnat du monde. Il a préféré ses engagements nord-américains à ceux de son pays. Et maintenant, il manque une activité clé pour un événement social.

Alors que Zdeno Chara, lui, est acclamé et intronisé au Temple de la renommée, Slaf semble déjà usé, amer, et en conflit avec ses propres racines.

Tout au long de sa jeune carrière, Slafkovsky a tenté de se montrer fort, drôle, charismatique devant les médias. Mais ceux qui le connaissent savent qu’il est hypersensible. Chaque mot le touche. Chaque commentaire le déstabilise.

Et parfois, cette sensibilité devient de l’arrogance.

On l’a vu dans certaines entrevues où il a ricané devant les questions. On l’a vu dans ses choix de mots. On l’a vu dans sa posture publique. On l’a vu quand il répondait aux critiques comme un adolescent blessé plutôt qu’un professionnel mature.

Et maintenant, il est là, à dire à Demidov : « Ne te soucie pas de ce que disent les gens. »

Mais comment croire ce conseil quand celui qui le donne est dévasté à chaque ligne qu’il lit sur lui?

Ivan Demidov, lui, fait tout à l’envers de Slafkovsky.

Il ne se plaint pas. Il ne réagit pas. Il ne donne pas d’entrevue-choc. Il ne manque pas d’activités. Il ne se place pas au centre de controverses inutiles. Il se couche tôt. Il s’entraîne fort. Il patine avec Suzuki, Laine et Evans. Il veut s’intégrer, apprendre, grandir.

Il est jeune, mais il agit déjà comme un pro.

Et peut-être que c’est ce qui dérange le plus Slafkovsky. Parce qu’en Demidov, il voit ce qu’il aurait voulu être.

Ce n’est pas que Slafkovsky est méchant. Il ne l’est pas. Il aime Montréal. Il aime ses coéquipiers. Il veut bien faire.

Mais il est incapable de prendre du recul.

Il veut être admiré. Il veut être aimé. Il veut qu’on arrête de le juger… mais il lit tous les jugements. Il veut qu’on le respecte… mais il multiplie les décisions controversées.

Il veut protéger Demidov des commentaires… mais il s’en nourrit, il s’en imprègne, il en souffre.

Et à la fin, c’est tout le paradoxe de Slafkovsky : il est sincère… mais il est piégé par lui-même.

À Montréal, le rôle de Juraj Slafkovsky est de plus en plus flou.

Est-il une vedette? Un leader? Un exemple? Ou un joueur en pleine crise d’identité?

Il veut prendre Demidov sous son aile. Mais avant de jouer les grands frères, il doit apprendre à se libérer de ses propres démons. Il doit cesser de tout lire, de tout absorber, de tout dramatiser. Il doit retrouver la légèreté qu’il conseille aux autres.

Parce qu’en ce moment, il n’a pas l’air d’un mentor. Il a l’air d’un gars qui s’égare, qui cherche à faire bonne figure, mais qui craque à l’intérieur.

Et pendant que Demidov s’élève en silence, Slafkovsky est affecté... sous le poids du bruit....