Tension à Brossard: le départ d'Oliver Kapanen et Owen Beck sur toutes les lèvres

Tension à Brossard: le départ d'Oliver Kapanen et Owen Beck sur toutes les lèvres

Par David Garel le 2025-09-13

Les recrues du Canadien de Montréal auraient voulu vivre leur camp dans un climat d’espoir, de compétition saine et d’enthousiasme.

Mais cette année, impossible d’échapper au bruit. Les négociations entre le Tricolore et les Bruins de Boston, dévoilées au grand jour, ont eu l’effet d’une bombe dans les couloirs du Complexe de Brossard.

Ce qui devait être une simple vitrine pour Owen Beck, Oliver Kapanen, Filip Mesar et les autres espoirs, est devenu un théâtre d’incertitudes.

Car quand ton nom ou celui de ton coéquipier est associé à une transaction avec l’ennemi juré, tu ne patines plus de la même façon. Tu joues avec un poids sur les épaules.

Owen Beck et Oliver Kapanen l’ont compris. Oui, ils se battent pour un poste à Montréal. Oui, ils répètent devant les caméras que leur rôle en désavantage numérique pourrait les sauver. Mais la vérité, c’est qu’ils savent que leur nom circule dans les coulisses.

Beck, reconnu jadis pour son intelligence dans les deux sens de la patinoire, se décrit maintenant seulement comme un spécialiste des mises en jeu et de l’infériorité numérique.

Une réinvention forcée, presque désespérée. Kapanen, lui, jure qu’il peut être responsable défensivement, même si son profil naturel n’a jamais cadré dans ce moule en Finlande.

Étrange pourtant, alors que tout le monde le voit comme un plombier défensif. Mais Kapanen aimait rappeler qu'il était un joueur offensif dans son pays. Ces déclarations sentent moins la conviction que la survie.

Et derrière leurs discours polis, il y a cette réalité brutale : ils font partie du trio de jeunes (avec Jayden Struble) évoqué par RG Media comme monnaie d’échange potentielle pour Pavel Zacha.

S’il y a un joueur frappé de plein fouet, c’est Jayden Struble.

Discret, travailleur, respecté par Martin St-Louis, il croyait encore avoir un avenir clair à Montréal. Mais son nom révélé publiquement dans les discussions avec Boston a tout changé.

Son contrat abordable, son profil redondant avec Arber Xhekaj et la montée irrésistible d’Adam Engström (« Showtime ») en font désormais une cible facile.

Dans le vestiaire, tout le monde le sait : une fois que ton nom sort, tu es marqué.

Au milieu de ce chaos, Filip Mesar a ajouté à la confusion. En affirmant vouloir imiter Brad Marchand et même « jeter les gants », il a provoqué l’incrédulité de Pascal Vincent.

«J’aime la façon dont Brad Marchand joue, a-t-il ensuite observé. Si je veux faire mon chemin jusque dans la LNH, je vais devoir être un joueur semblable à lui. Je veux jeter les gants.» a affirmé le flop.

La réponse de Vincent... fut cinglante...

«Il a dit ça? Mesar?»,

«Non, non, je ne lui ai jamais demandé ça. Mais si ça arrive et qu'il est volontaire, c'est sa décision, mais si c'est ce qu'il a compris quand on lui a parlé d'être plus hargneux, ce n'est pas le cas. Je vais lui parler».

Ce n’était pas un plan tactique, mais plutôt le cri d’un joueur qui sent la glace se dérober sous ses pieds.

Mesar, blessé et ralenti l’an dernier, cherche désespérément une façon de redevenir pertinent. Mais ses propos révèlent surtout une nervosité évidente.

Quand la hiérarchie est bouchée et que ton nom n’apparaît plus nulle part dans les plans, tu es prêt à tout… même à mal comprendre ton entraîneur.

Ce qu’il faut retenir, c’est que les discussions avec Boston n’ont pas seulement touché Zacha. Elles ont exposé une réalité cruel : le Canadien est prêt à sacrifier une partie de sa relève pour améliorer son centre de deuxième trio.

Joshua Roy, Oliver Kapanen, Owen Beck, Jayden Struble : tous ont été placés dans le même sac. Et même si la transaction n’a pas encore eu lieu, le mal est fait. Ces jeunes savent désormais qu’ils ne sont plus intouchables.

Le nom d’Owen Beck a aussi circulé à Nashville, cette fois dans les rumeurs entourant Ryan O’Reilly. Même constat pour Oliver Kapanen, dont le profil défensif intéresse Barry Trotz.

Les Predators aiment ce genre de centres responsables, capables de tenir un troisième trio et de tuer des punitions. Mais pour Beck, ce n’est pas une bonne nouvelle : ce n’est plus Montréal qui l’appelle, c’est une autre organisation qui le perçoit comme u throw-in.

Le coup le plus dur reste celui lié à la transaction avortée pour Noah Dobson. Beck sait qu’il était inclus dans l’offre initiale. Et il sait que si son nom a finalement disparu de la feuille, ce n’est pas parce que Montréal a changé d’idée : c’est Mathieu Darche qui a exigé Emil Heineman à la place.

Autrement dit, même à Long Island, on ne croyait pas assez en Beck pour en faire la pièce centrale. On a préféré un autre. Pour un joueur de 21 ans, c’est une gifle. Un rappel brutal qu’il n’est pas seulement indésirable à Montréal, mais aussi ailleurs.

Ce sentiment d’être un pion, sacrifiable à tout moment, ronge Beck. Oui, il est bon dans les deux sens de la patinoire. Oui, il est fiable sur 200 pieds. Mais à Montréal, ce n’est plus suffisant. À Nashville non plus.

Et à force d’entendre son nom dans toutes les discussions, Crosby, Zacha, O’Reilly, il sait qu’il est devenu une monnaie d’échange, pas un projet d’avenir.

Pour Beck et Kapanen, la réalité est cruelle : leur seule chance de rester dans l’alignement du Canadien passe par une métamorphose. Ils doivent se transformer en plombiers défensifs, des joueurs d’attitude, d’énergie, de sueur et de sacrifice.

Des gars qu’on envoie pour bloquer des tirs et écouler des punitions. Pas des centres qu’on développe pour porter le jeu. C’est ça, leur horizon aujourd’hui. Et c’est triste.

Le camp des recrues, habituellement un laboratoire d’énergie et de rêve, s’est transformé en épreuve psychologique.

Chaque entrevue est une justification. Chaque présence sur la glace devient une audition, non seulement pour Montréal, mais pour les autres équipes de la LNH qui observent en coulisse.

C’est ce qui fait dire à plusieurs observateurs que ce camp restera dans les mémoires comme l’un des plus lourds des dernières années. Non pas à cause du niveau de jeu, mais à cause du poison des rumeurs, qui a coulé jusque dans le cœur des jeunes.

Le Canadien a beau répéter que rien n’est imminent, que Kent Hughes « écoute seulement », le dégât est réel. Les noms ont circulé. Les recrues l’ont entendu. Le vestiaire l’a ressenti.

Et c’est peut-être ça, le vrai prix d’une négociation trop bruyante avec l’ennemi juré de Boston : avoir transformé un camp d’espoir en camp de doutes.