ll y a quelques semaines à peine, tout le monde l’envoyait déjà ailleurs. Chicago, San Jose, Anaheim… toutes les destinations possibles circulaient pour libérer les 8,7 millions de dollars de Patrik Laine.
Même des partisans du Canadien, pourtant bienveillants dans l’ensemble, étaient prêts à lui faire ses valises en échange d’un choix de 3e ronde simplement pour se débarrasser de son salaire.
On l’imaginait solitaire, déconnecté, lointain, comme cette fameuse photo où il regarde le hublot de l’avion, perdu dans ses pensées, loin du groupe.
Mais hier soir, au mariage de Nick Suzuki, Laine a littéralement retourné Internet.
Le party du capitaine du Canadien n’était pas qu’une célébration d’amour entre Nick et Caitlin Fitzgerald. C’était aussi, sans qu’on le sache, le coming out social et sportif de Patrik Laine. Une résurrection. Un statement.
Et quel statement! Chemise ouverte, verre à la main, sourire éclatant, et moves de danse qui ont fait exploser les réseaux sociaux.
@br_openice The little move by Cole Caufield at the end 😭 (via IG/jordanleigh) #fyp #hockey #nhl #wedding #canadiens ♬ original sound - BR_OpenIce
Le compte de Jordan Leigh, sa femme, regorge maintenant de vidéos absolument légendaires. Dans l’une d’elles, on voit Laine danser comme un fou, entouré de ses coéquipiers, complètement détendu, vivant le moment à fond. Dans une autre, il mène une file de joueurs qui se suivent sur le dancefloor en riant comme des enfants.
Fini le Laine effacé. Fini le regard perdu dans le vide. Ce n’est pas un joueur qui quitte. C’est un joueur qui s’installe.
Et que ce soit clair : on n’est pas simplement en train de parler d’un party arrosé ou d'une vidéo virale. C’est une image forte. Celle de Laine, bras dessus bras dessous avec Caufield, Xhekaj, et les autres… ça veut dire quelque chose. Ça veut dire : Je suis des vôtres.
Avant même ce mariage, on avait déjà remarqué que Laine était à Brossard, bien avant la majorité des joueurs. Il patinait, il s’entraînait, il souriait.
Ça contrastait complètement avec le nuage de rumeurs qui le survolait depuis des mois. Puis il y a eu le retour massif du noyau : Suzuki, Caufield, Demidov, Dach, Slafkovsky, Carrier, Newhook, Montembeault, Toffoli, les frères Xhekaj… tous sur la glace, à s’entraîner avant le camp.
Et Laine? Toujours là. Impliqué. Concentré. Investi.
On ne garde pas un joueur dans une telle dynamique si on compte le transiger. On ne le place pas au cœur des activités sociales et sportives si on prépare son départ.
Laine ne fait pas partie du plan B du Canadien. Il est en train de s’imposer dans le plan A. Et hier soir, cette impression est devenue certitude.
Du banc d’échange à la première vague d’avantage numérique?
Mais la vraie question, maintenant, est la suivante : où jouera-t-il? Parce que cette équipe est plus profonde que jamais.
Demidov est intouchable et sera de la première unité assurément. Suzuki et Caufield sont le duo de rêve aussi intouchable. Lane Hutson a sa place.
Qui sera le 5e? Slafkovsky? Laine? Zachary Bolduc qui va pousser très fort?
Parlant de Bolduc, tout le monde voyait le Québécois compléter un trio avec Dach et Demidov. Mais là, avec un Laine aussi investi, aussi flamboyant, peut-on vraiment le laisser sur un troisième trio?
Ou pire, hors de la première vague d’avantage numérique? Rappelons qu’il a marqué 15 de ses 20 buts en 52 matchs en power play l’an dernier… malgré une insertion tardive.
La logique veut qu’on donne à Laine une chance de retrouver sa pleine valeur offensive. Pas en le cachant dans l’ombre. Mais en lui donnant des munitions. Et à Montréal, les munitions ne manquent pas.
La vidéo de Laine, torse presque nu sur la piste de danse, en a fait rire plusieurs. Mais ce qui est encore plus frappant? Il n’est pas en surpoids.
Malgré toutes les blagues sur sa forme physique, malgré les moqueries, malgré les commentaires désobligeants, Laine n’a pas l’air d’un gars out of shape.
Au contraire. Il a l’air plus mince, plus en confiance. Moins gonflé. Plus lean.
Et quand on combine cela à son sourire retrouvé, à sa complicité visible avec les autres joueurs, à son envie de s’intégrer au noyau… on comprend que ce n’est plus le même homme.
Le gars qui hésitait à s’ouvrir au groupe est maintenant celui qui mène la danse, au sens propre comme au figuré.
Il ne faut pas oublier ce qu’a vécu Patrik Laine dans la dernière année. Il s’est inscrit au programme d’aide de la LNH pour des raisons de santé mentale.
Il a perdu son ami Johnny Gaudreau dans une tragédie qui a secoué toute la ligue. Il est passé d’un espoir perdu à Columbus à une recrue tardive à Montréal, bousculé, incertain, instable.
Et malgré tout ça, il a inscrit 20 buts.
Aujourd’hui, il se relève. Il sourit. Il danse. Il vit.
Et dans ce contexte, nos pensées l’accompagnent. Peu importe ce que l’on pense de son contrat, peu importe les projections statistiques, il faut d’abord voir en lui un être humain qui revient de loin.
Et ça, c’est plus fort que n’importe quelle prédiction.
Oui, Laine joue pour un nouveau contrat. Oui, il joue pour sa réputation. Mais surtout, il joue pour montrer qu’il fait partie de quelque chose de plus grand. Que le CH peut compter sur lui. Que ce n’est pas un accident s’il a été échangé à Montréal. Que c’est ici qu’il voulait relancer sa carrière.
La saison qui s’en vient pourrait être celle de la rédemption. Et si les rumeurs d’échange se sont estompées, c’est parce que les images parlent plus fort que les mots.
Et là, on a vu un Laine heureux. On a vu un Laine vivant. On a vu un Laine intégré.
Les partisans peuvent rire de ses déhanchements, des commentaires de sa blonde, ou de ses lunettes de soleil douteuses à minuit… mais au fond, ils sourient parce qu’ils sentent quelque chose de différent.
Ils sentent que Patrik Laine… est de retour.
Et si ça continue comme ça, ce ne sera plus une surprise. Ce sera une renaissance. Et peut-être, qui sait, une saison de 40 buts.
Danse, Patrik. Danse. Parce que cette fois, Montréal danse avec toi.