Le Canadien de Montréal, version été 2025, sera un vestiaire... de compétition...
Une profondeur ravageuse, un noyau jeune affamé, des attentes élevées… mais surtout, une avalanche de talent pour trop peu de postes de prestige. Et le premier champ de bataille, c’est l’avantage numérique.
Après une dernière saison où le CH affichait un piètre 21 % de rendement (21e de la LNH), l’organisation compte sur l’offensive rapprochée pour relancer la machine.
Entre la prise de pouvoir de Demidov, l’émergence de Slafkovsky, le sniper Laine, la maîtrise de Suzuki, le flair de Caulfield, et la dynamite des jeunes "blueliners" Hutson, Dobson, l’alignement offensif est aussi excitant que surpeuplé.
Mais dans cette férocité, certains vont devoir céder du terrain. Et la première unité de PP est déjà l’objet d’intenses luttes.
Imagine : Laine, le gars que tout le monde annonçait mort. Celui qu’on disait hors du vestiaire, dont le mariage avait été boycotté, dont les performances avaient été jugées insuffisantes. Il ne devait pas faire partie de l’avenir.
Et pourtant…
Il est revenu. Au camp. À Brossard. Avant tout le monde. Il s’est réintégré à la clique. Sur les réseaux, il danse au mariage de Suzuki, il est à Osheaga avec tous les autres.
Et la direction a flanché: il ne sera pas échangé, comme l’a confirmé Frank Seravalli. Il commence l’année avec le club.
On croyait qu’il dormirait dehors. Il est maintenant sur le canapé des leaders.
Ce revirement ne passe pas inaperçu et il met les projecteurs sur celui-ci : Martin St‑Louis, qui pensait sûrement pouvoir tourner la page. Et ce que l’on comprend, c’est que Laine ne le laissera pas faire sans livrer bataille.
Sur les ondes du Sick Podcast, Pierre McGuire a évoqué une idée synonyme de coup de circuit... ou de retrait sur trois prises : installer Laine comme “bumper” dans un power play en formation 1‑3‑1.
Un poste stratégique : au sommet de l’arc, dans le haut du slot, entre les flancs et le devant du filet. Un rôle hybride de passeur, écran, tireur de pucks rapides, et générateur de chaos devant le filet.
La définition exacte?
Le bumper est placé dans le haut du slot, prêt à recevoir ou dévier une passe sans contrôle, à générer des retours ou ouvrir l’espace derrière lui .
Le modèle 1‑3‑1 (parapluie) l’intègre comme pièce centrale entre la ligne bleue, les ailes et l’avant du filet.
Dans ce contexte, Pierre McGuire estime que, si Laine est repositionné au bumper, cela pourrait :
Rendre le power play beaucoup moins prévisible ;
Exploiter son tir sur réception et son timing ;
Libérer du trafic pour Caulfield, Suzuki, Slafkovsky et Hutson.
C’est séduisant sur papier. Mais ça implique aussi de retirer Laine de la position de tireur principal. Ce qui, connaissant le personnage… pourrait vraiment mal passer.
Et ici se pointe la source d’un conflit évident : Laine, dans des passages aux médias finlandais, a clairement exprimé qu’il ne voulait pas jouer le rôle de bumper, comme s'il voulait avertir Martin St-Louis qu'il allait sauter une coche.
Il estime que sa place est en tant que sniper est sur la première unité, pas sur la 2e, encore moins en "bumper".
Il ne refuse pas qu’on lui attribue un rôle utile tactiquement. Il refuse qu’on l’éloigne du monde douillet des leaders offensifs. Pour lui, ce serait une rétrogradation. Un affront.
Et ce même si, paradoxalement, dans l’alignement projeté de DailyFaceoff et The Athletic, on le verrait intégrer la deuxième vague.
Un positionnement logique sur le papier: garder la première unité jeune, dynamique, pilotée par Suzuki en rajoutant Demidov, mais qui pour Laine, serait un message clair : tu n’es plus un incontournable.
Derrière ce bouillonnement, se cache un autre duel annoncé : Bolduc vs Laine, pour savoir qui accompagnera Demidov et Dach sur le 2e trio.
Bolduc, en touriste durant l’été, était invisible aux événements d’équipe, à Brossard comme à Osheaga, aucun signe de lui. (aujourd'hui est sa première journée à Brossard)
Poser ce gars dans la gang n’est pas un bonus automatique. Il a besoin de se prouver sur la glace… et sur le plan social.
Si Laine est reculé sur le 3e trio, c’est bien parce qu’il y a un espace convoité par , qui pourrait être d’une redoutable efficacité là. Mais Bolduc manque encore de présence dans le vestiaire.
Ce duel n’est donc pas que tactique. Il est humain. Et Laine ne fera pas de cadeau à Martin St-Louis. S'il est écarté, il va dauter une coche.
1ʳᵉ unité d'avantage numérique possible : Slafkovsky - Caufield - (Demidov ou Laine) - Suzuki - Hutson
2ᵉ vague attendue : (Demidov ou Laine) - Bolduc - Suzuki (qui reste les deux minutes) - (Kirby Dach ou Alex Newhook) - Dobson
Mais on ne sait plus qui va où. Et chaque substitution tactique a le potentiel de créer une onde de choc humaine.
Demidov veut son spot. Laine ne veut pas céder le sien. Bolduc veut exister. Slaf veut se libérer. Et St-Louis veut que tout cela produise des résultats… sans générer un complot interne.
Ce qui se joue, ce n’est pas juste une répartition de minutes. C’est une définition générale de la culture du CH, dans sa le chapitre final de sa reconstruction.
Est-ce un club où chacun mérite sa place selon le mérite, ou un club où certains accèdent à des rôles symboliques, parfois immérités?
Laine est peut-être un danger. Sa présence pourrait fragiliser la cohésion si la tension monte. Mais il est aussi le joueur qui a gagné sa place. Il a passé l’été à reconstruire son intégration.
Bolduc, lui, devra fêter avec la gang, s’imposer, glaçer son rôle social. Sinon, l’affrontement avec Laine risque de lui être fatal.
L’intégration profonde de Laine dans le cercle de confiance du groupe le place en position de force.
Le rôle de bumper, s’il est proposé, sera probablement perçu comme une rétrogradation par un joueur aussi charismatique.
Bolduc est en quête d’identité. Il a besoin d’appartenance.
Demidov est la promesse d’avenir, mais la transition tactique ne s’impose pas d’elle-même, surtout pas dans la tête d'un coach "old school" comme Martin St-Louis.
Slafkovsky doit passer à l’étape supérieure. Chaque choix autour de lui aura un effet d’entraînement psychologique.
St-Louis, s’il n’y prend pas garde, pourrait se faire viser par son propre vestiaire : trop jeune pour imposer un ordre d’un autre temps, trop vieux pour céder face à la pression sociale.
Cette guerre interne, voilà le vrai test. Pas le nombre de buts. Pas les pourcentages du power play. Non : c’est dans l’ADN du groupe, dans son état d’esprit, que se jouera la prochaine étape de la reconstruction.
Et déjà, les yeux du monde du hockey regardent avec attention chaque décision tactique de St-Louis. Parce qu’elle dira qui est ici pour durer, qui est là pour être vu, et qui est prêt à se battre pour prendre sa place.