Surprise à Montréal: un défenseur gaucher deviendrait un membre du CH

Surprise à Montréal: un défenseur gaucher deviendrait un membre du CH

Par Marc-André Dubois le 2025-06-12

Il y a encore une semaine, à peine, le nom de Cameron Reid n’évoquait rien de concret pour les partisans montréalais.

Un défenseur gaucher de 6 pieds, évoluant avec les Rangers de Kitchener dans la OHL, perçu comme un bon espoir, mais sans éclat.

Et pourtant, en quelques jours à peine, au cœur du Combine de Buffalo, ce jeune homme réservé, calme, mais tranchant sur la glace, est passé du statut de note de bas de page à celui de favori absolu pour devenir le choix numéro 16 ou 17 du Canadien de Montréal.

Et ce n’est pas qu’une impression. C’est une certitude. The Athletic en parle. Daily FaceOff en parle. TVA Sports en parle. Et à ce stade-ci, le seul qui ne semble pas surpris… c’est Cameron Reid lui-même.

Tout a basculé lors de l’entrevue officielle de Reid avec le Canadien. C’est lui-même qui l’a confié à Nicolas Cloutier de TVA Sports :

« J’ai senti un contact visuel soutenu avec chacun des membres du CH. Ils me regardaient droit dans les yeux. Vous savez ce qu’on dit, les yeux ne mentent jamais. »

Une phrase lourde de sens. Parce qu’à ce Combine, où des dizaines d’espoirs défilent devant les dirigeants de la LNH, il faut savoir lire entre les lignes.

Et chez le Canadien, on ne cache plus son intérêt. On le camoufle à peine. Cloutier, lui-même, est allé jusqu’à écrire que cette entrevue a radicalement changé la perception du joueur. De simple option, Reid est devenu un candidat incontournable.

Un profil qui divise… mais séduit...

Pourquoi alors tout ce brouhaha autour d’un défenseur de seulement 6 pieds, 174 livres, qui n’a pas dominé statistiquement dans la OHL? 

C’est simple : Cameron Reid, c’est la version 2.0 de Lane Hutson. Mêmes traits de caractère, même humilité, même explosion sur la glace. Et surtout, cette capacité à « jouer plus gros que son gabarit », comme le dit son directeur général Mike McKenzie.

« Il va chercher la rondelle dans le coin, il s’attend à se faire frapper. Il initie le contact. Il est tough. Il est dur. Il va apprendre qu’il n’a pas besoin de ça pour bien jouer, mais il le fait naturellement. »

Et au-delà du gabarit, il y a le cœur. Reid ne fait pas semblant. Il veut percer. Il veut déjouer les attentes. Il veut faire mentir les sceptiques. Et ça, Jeff Gorton en a parlé dès son point de presse de fin de saison :

« Tout le monde parle de grosseur. On est conscients de ça. Mais ce qui compte vraiment, c’est le niveau de compétition. »

Un message direct et sans détour : on cherche des guerriers, pas des géants sans âme.

La vraie révélation, elle s’est faite sur place. Dès les premiers tests physiques, Reid a connu une petite victoire : sa taille a été revue à la hausse. Le cap symbolique des 6 pieds a été atteint. Et dans un repêchage où chaque centimètre compte, c’est une note psychologique non négligeable.

Mais c’est surtout son attitude, son langage corporel, son aisance avec les journalistes, et ses propos lors des rencontres privées qui ont fait basculer la perception. Nicolas Cloutier ne l’a pas dit ouvertement, mais on peut le lire entre les lignes : le CH est tombé sous le charme.

Et l’entraîneur-chef des Rangers de Kitchener, Jussi Ahokas, ne tarit pas d’éloges :

« Son coup de patin est élite. Il compétitionne. Son gabarit ne sera jamais un problème. Si vous trouvez un défenseur de 6 pieds 4 qui patine comme lui, bravo. Moi, j’en ai pas vu. »

Ahokas, qui a déjà dirigé Miro Heiskanen avec la Finlande, affirme que Reid est le deuxième meilleur patineur qu’il ait dirigé. Rien de moins.

Reid, lui, ne s’en cache pas. Il vise haut.

« Je veux devenir un défenseur comme Duncan Keith. C’est un gagnant. Un travaillant. Je me vois beaucoup en Josh Morrissey aussi. »

Une déclaration ambitieuse, mais pas vide de sens. Reid ne se définit pas comme offensif ni défensif. Il se dit polyvalent, capable de tout faire selon les besoins de son équipe. Un joueur qui s'adapte, un peu caméléon, mais toujours fiable.

Et dans un monde où les spécialistes se font exposer en séries, un joueur capable de s’adapter à toutes les missions devient un trésor.

Souriant, réservé, discret. En le regardant hors glace, Reid ressemble à Hutson. Et ce n’est pas anodin. Le CH n’est pas du genre à tomber deux fois dans le même piège. S’ils voient en Reid un complément naturel à Hutson, c’est qu’ils ont appris. Ils veulent miser sur une chimie nouvelle, une paire qui grandira ensemble.

« Il a cette confiance silencieuse, explique Mike McKenzie. Il ne prendra pas beaucoup d’espace dans un vestiaire. Mais quand il embarque sur la glace, il devient un autre. Il est humble, mais il a une drive incroyable. »

Le poids des prédictions : TVA, The Athletic, Daily FaceOff… tous d’accord

Et c’est là que tout devient encore plus clair. Ce n’est pas qu’un feeling. Ce n’est pas qu’une rencontre réussie. C’est un alignement parfait des planètes.

TVA Sports, via Cloutier, laisse entendre que Reid est maintenant favori pour les choix 16 ou 17.

The Athletic, qui faisait peu de cas de lui en début de saison, l’a maintenant glissé dans les scénarios de première ronde, mentionnant qu’il pourrait surprendre plusieurs clubs.

Daily FaceOff, de son côté, a classé Reid dans sa dernière version du top 32, insistant sur sa montée fulgurante au Combine et sa connexion avec le CH.

Et ça, dans l’univers du repêchage, ça vaut son pesant d’or.

Le plan B est devenu un plan A.

Il y a quelques semaines, on croyait que Cameron Reid serait un joli vol en deuxième ronde. Mais le Combine a tout changé. Son attitude, son intelligence émotionnelle, son patin élite et sa combativité l’ont propulsé dans la discussion… et c’est le Canadien qui semble le plus convaincu.

Et ce n’est pas tout : Reid a affirmé qu’il apprendrait le français pour Montréal.

« Je ferais tout ce qui est nécessaire. » Une déclaration qui résonne fort, dans une organisation qui accorde de l’importance à l’engagement culturel de ses joueurs.

Ce qui nous empêchait d’ouvrir les yeux avant Buffalo, c’était notre propre paresse intellectuelle. On cherchait un profil figé : un défenseur offensif ou défensif. Reid est plus complexe. Il est entre les deux. Il est tout, sans être unidimensionnel.

Et c’est ça, sa force. Un joueur complet, adaptable, rapide, calme et intense à la fois. Un joueur qui parle avec ses pieds sur la glace et son regard en entrevue.

Il ne reste maintenant qu’à attendre le 27 juin. Mais soyons honnêtes : ce secret n’en est plus un. Cameron Reid est désormais le nom à cocher pour les choix 16 ou 17 du Canadien.

Et s’il ne sort pas à ce rang, ce sera probablement parce qu’une autre équipe aura flairé l’évidence avant Kent Hughes.