Sortie publique à Montréal: Sidney Crosby trahi par un journaliste

Sortie publique à Montréal: Sidney Crosby trahi par un journaliste

Par David Garel le 2025-07-12

Le ridicule ne tue pas, mais à Pittsburgh, il commence sérieusement à étouffer.

Il y a à peine deux jours, Elliotte Friedman montait au créneau pour supplier les médias, les partisans et les "insiders" d’arrêter de parler de Sidney Crosby. 

Dans son propre balado 32 Thoughts, il livrait un message qui résonnait comme un avertissement cinglant, presque un appel au calme.

Crosby, disait-il, déteste ces discussions. Il bouillonne en silence quand on s’amuse à deviner son avenir. Et si les gens veulent vraiment qu’il quitte Pittsburgh, le meilleur moyen serait de ne plus en parler du tout.

« Il déteste quand ces histoires-là commencent. Quelqu’un m’a dit : “Si tu veux vraiment que Crosby parte, arrête d’en parler.” »

Et puis, deux jours plus tard. Boum. Friedman se contredit. En direct dans l’émission de Kypreos et Bourne, il réagit à l’analyse de Nick Kypreos, qui affirme être sûr à cent pour cent qu’un échange de Crosby aura lieu après les Jeux olympiques. Et non seulement Friedman ne corrige pas, mais il en remet :

« J’y ai réfléchi, et je suis tout à fait d’accord avec toi. La seule chose que certains me disent, c’est que Crosby est tellement attaché à ses habitudes… est-ce qu’on veut vraiment l’échanger en cours de saison? »

Et là, c’est fini. Le malaise est total.

Un jour: « tais-toi ».

Deux jours plus tard : « Parlons-en encore. »

Ce genre d’incohérence, Sidney Crosby les voit venir à des kilomètres. Et surtout, il les déteste du plus profond de son coeurl

L’homme est un maniaque du contrôle. Un obsédé de la structure, de la préparation, du message. Dans son monde, on ne devine pas ses intentions.

On ne le pousse pas à bout. On ne parle pas pour lui. Et là, deux journalistes vedettes de la LNH s’amusent à le projeter partout.

Mardi : il faut arrêter d’en parler pour ne pas l’énerver.

Jeudi : il pourrait être échangé après les Jeux, ou même avant si les Penguins s’effondrent.

« Il est tellement ancré dans ses habitudes… »

Mais qu’est-ce que c’est que cette logique? C’est exactement le genre de débat qui pousse Crosby à se murer dans le silence. Et ce silence-là, il devient lourd. Très lourd.

Depuis deux semaines, le nom de Sidney Crosby est partout. Greg Wyshynski d’ESPN a lancé qu’il « croit depuis longtemps » que Crosby finira sa carrière à Montréal.

Kypreos parle d’une transaction post-olympique. Friedman souffle le chaud et le froid. À TVA Sports, à BPM, à RDS, à 98.5, on a déjà reconstruit l’alignement du CH autour de Crosby.

Et pendant ce temps, le principal intéressé reste muet.

Mais ce n’est pas un silence confortable. C’est un silence hostile. Un silence qui est synonyme d'un ras-le-bol généralisé. Parce que Crosby déteste ce genre de cirque médiatique. Il l’a toujours détesté. Depuis ses 16 ans.

Sidney Crosby ne laisse rien filtrer. Jamais. On ne connaît pas sa conjointe, on ne connaît pas ses amis proches, on n’a jamais vu son intérieur de maison, on ne sait pas avec qui il s’entraîne. Il est le contraire de l’athlète moderne surexposé. Pour lui, la glace est sacrée, le reste ne regarde personne.

Et là, en l’espace d’une semaine, on le projette à Montréal, à Los Angeles, au Colorado. On commente sa loyauté. On scrute ses silences. On lui arrache son autonomie.

Crosby est tanné comme jamais. Et le fait que ce soit Friedman lui-même, un journaliste qu’il respecte, qui joue sur deux tableaux, c’est le coup de trop.

« Il est tellement une créature d’habitudes. Est-ce qu’on veut vraiment l’échanger en pleine saison? »

Friedman a raison sur un point. Crosby est obsédé par la routine. Il mange les mêmes repas, patine à la même heure, s’assoit toujours à la même place dans l’avion, répète ses exercices à l’identique. Il ne change rien. JAMAIS.

Alors imaginez ce que ça fait pour lui de :

Lire chaque jour qu’il va partir;

Entendre son nom dans toutes les hypothèses de transaction;

Être instrumentalisé dans les fantasmes d’un autre club.

Crosby ne tolère pas ça. Et plus ça continue, plus il va refuser de bouger.

Ce qu’on observe aujourd’hui, c’est une cassure. Une fracture entre Crosby et les médias qui prétendent l’aimer. Il ne se reconnaît pas dans cette agitation permanente. Il n’a jamais demandé à être le personnage principal de ce feuilleton. Et maintenant, il est piégé dans un scénario qu’il n’a pas écrit.

Et quand même Friedman, l’un des rares à qui il accorde du crédit, se met à alimenter la machine après avoir dit de l’éteindre? C’est une trahison. Pas une trahison violente, mais une trahison symbolique.

Et Crosby, lui, ne l’oubliera pas.

Le plus ironique, c’est que Montréal aurait pu être la destination parfaite. Jeff Gorton et Kent Hughes sont prêts. Le vestiaire rempli de jeunesse et de talent est fait pour lui. Le marché est fébrile. Le rêve de jouer pour son équipe d'enfance est vivant.

Mais Crosby ne viendra que si c’est lui qui le décide. Et tant que le monde entier continue d’en parler à sa place, il ne fera rien. Par orgueil. Par discipline. Par esprit de contredir ceux qui veulent "caller" sa vie.

C’était une rumeur. C’est devenu une conversation nationale. C’est maintenant du bruit inacceptable pour Crosby.

Et pendant que tout le monde spécule, Sidney Crosby bouillonne. Parce que ce qu’on lui vole, ce n’est pas son avenir. C’est le droit de le choisir en paix.

Ce n’est plus simplement une rumeur mal contrôlée. C’est un malaise. Un malaise entre Crosby et le monde entier. Un malaise qui grandit chaque jour, à cause de ceux qui disent l’aimer, mais ne savent pas se taire.