Dans un monde médiatique idéal, les journalistes se soutiendraient mutuellement lorsque l’un d’eux est victime d’une sanction injuste.
Pourtant, dans le cas de Jeremy Filosa, l’un des journalistes sportifs les plus respectés du Québec, aucun collègue des médias traditionnels n’a eu le courage de se lever pour dénoncer sa suspension au 98,5 FM.
Pendant que Filosa, reconnu pour son intégrité et son franc-parler, traverse une crise professionnelle, le silence assourdissant de ses pairs en dit long sur l’état du journalisme québécois.
Pendant ce temps, Patrick Lagacé, le "boss" du 98,5 FM et proche du « Country Club » médiatique formé avec Philippe Cantin, continue son travail de roi confortable.
Dernière preuve en date : l’entrevue doucement honteuse avec Valérie Plante, où la mairesse de Montréal commentait en primeur le fait qu’elle ne se représenterait pas à la mairie.
Une entrevue qui aurait pu (et dû) être l’occasion parfaite de poser les questions difficiles que les citoyens attendent, mais qui s’est transformée en une conversation apaisante, presque thérapeutique, où Plante a pu dérouler son bilan sans la moindre contradiction, avec son ricanement habituel qui nous donne la chair de poule.
Une entrevue sans mordant où Lagacé a décidé de dérouler le tapis rouge
Au lieu de confronter Valérie Plante sur les nombreux scandales et échecs qui ont marqué son mandat, Lagacé a choisi un ton douillet et bienveillant, laissant la mairesse présenter son départ comme un geste de sagesse et de transition.
Pas une seule question musclée sur les ratés du Grand Prix de Montréal ou sur l’inaction autour de la Coupe des Présidents, des dossiers pourtant au cœur des préoccupations des Montréalais.
Le Grand Prix de Formule 1, un événement crucial pour l’économie de la métropole, a failli disparaître en raison de la gestion erratique de l’administration Plante.
Les commerçants, qui comptent sur cet événement pour relancer leur activité après des années de défis économiques, se sont retrouvés avec un bilan décevant suite au scandale des terrasses et les rumeurs persistantes d’un déménagement du Grand Prix à Toronto ont fait peur à bien des gens impliqués dans le milieu des affaires.
Et pourtant, aucune question de Lagacé à ce sujet.
Quant à la Coupe des Présidents, l’une des compétitions de golf les plus prestigieuses au monde, Plante n’a jamais rencontré les dirigeants de la PGA pendant les négociations, snobant leur appels pendant quatre ans et faisabt la sourde oreille, elle qui n'était pas d'accord avec l'évènement.
Mais elle n’a pas manqué de se pointer tout sourire à la remise des trophées, récoltant des éloges comme si elle avait personnellement orchestré le succès de l’événement.
Encore une fois, Lagacé n’a rien dit, laissant cette incohérence passer sous silence.
Si Jeremy Filosa avait mené cette entrevue, la mairesse aurait eu beaucoup plus de mal à noyer le poisson. Filosa, connu pour sa rigueur et son franc-parler, aurait demandé :
Filosa n’aurait pas hésité à mettre le doigt sur les échecs et à poser les questions que se posent les Montréalais. Il aurait transformé cette entrevue en un véritable exercice de rendement de comptes, forçant Plante à assumer ses responsabilités.
Malheureusement, les Montréalais n'ont eu droit qu'à une version "soft", livrée par un Patrick Lagacé plus soucieux de plaire que de questionner.
Pendant que Lagacé offrait une tribune complaisante à Valérie Plante, le reste des médias québécois restait muet sur le sort de Jeremy Filosa.
Aucun journaliste, aucun collègue des grandes plateformes n’a pris la parole pour dénoncer l’injustice de sa suspension.
Pourtant, Filosa a consacré plus de deux décennies à enrichir le paysage médiatique québécois avec des analyses franches et droit au but.
Il a posé les questions que d’autres préféraient éviter, que ce soit à Martin St-Louis ou à des dirigeants du CF Montréal ou à tous ceux qu'il n'hésitait pas à confrontrer...comme un vrai journaliste.
Mais aujourd’hui, ce même milieu qu’il a servi avec passion et intégrité le laisse tomber sans un mot.
Ce silence est révélateur d’une peur omniprésente parmi les journalistes québécois : la peur de froisser ceux qui détiennent le pouvoir, soit la fameuse clique de Lagacé-Cantin qui terrorise les couloirs de Cogeco.
Patrick Lagacé, qui règne en maître au 98,5 FM avec son subalterne Philippe Cantin, eux qui ont manigancé les départ de Pierre-Yves McSween, MC Gilles puis enfin, celui de Filosa, préfèrent écraser un collègue pour le suspendre injustement, au lieu de le soutenir comme il doit.
Ils le font au nom de l'éthique journalistique, alors que leur éthique humaine prend le champ.
Éthique journalistique vraiment?
Son entrevue avec Valérie Plante est un exemple flagrant de journalisme de séduction, où l’objectif semble être de maintenir de bonnes relations avec les puissants au lieu de poser les vraies questions.
Ce genre de journalisme flatte l’élite en place, mais trahit les attentes des citoyens, qui méritent une véritable enquête sur les actions de leurs élus.
Lagacé, avec le soutien du Country Club qu’il forme avec Cantin, sécurise sa position en offrant des tribunes confortables à ceux qui contrôlent la sphère publique.
Il ne s’agit plus de servir le public, mais bien de préserver ses privilèges au sein d’un système verrouillé.
L’entrevue avec Valérie Plante aurait pu être l’occasion parfaite de dresser un bilan honnête et rigoureux de son administration.
Avec les chantiers à répétition, les commerces en difficulté, et les événements internationaux fragilisés, les Montréalais avaient besoin de réponses claires.
Mais tout ce qu’ils ont eu, c’est une conversation tranquille, où la mairesse a pu tirer sa révérence sans être inquiétée...en ricanant de toutes ses dents.
Pendant ce temps, Jeremy Filosa, l’un des rares journalistes à oser poser les questions qui dérangent, est écarté du 98,5 FM, et aucune voix ne s’élève pour dénoncer cette injustice.
Le véritable perdant, dans toute cette affaire, n’est pas seulement Filosa, mais bien le journalisme québécois lui-même, qui semble avoir abandonné son rôle de contre-pouvoir.
Patrick Lagacé a choisi la voie de la facilité au lieu du journalisme rigoureux, et les médias québécois ont choisi le silence au lieu de la solidarité.
Le résultat? Jeremy Filosa, l’un des meilleurs journalistes sportifs du Québec, est laissé à lui-même, tandis que Valérie Plante quitte la scène politique sans avoir à rendre de véritables comptes.
Cette situation illustre le malaise profond qui traverse les médias traditionnels au Québec : la peur de déranger et le choix de préserver ses privilèges au lieu de défendre la vérité et l’intérêt public.
Au final, c’est le public qui paie le prix de cette complaisance généralisée.
Car sans journalistes comme Jeremy Filosa pour poser les vraies questions, la démocratie elle-même en sort affaiblie.