Silence glacial à Brossard : Jeff Gorton et Kent Hughes paralysés sur place

Silence glacial à Brossard : Jeff Gorton et Kent Hughes paralysés sur place

Par André Soueidan le 2025-09-17

Personne n’ose le dire à haute voix. Mais dans les bureaux du Canadien de Montréal, on entend le silence.

Le genre de silence qui glace le sang, quand tu sais que t’es en train de perdre une guerre que t’as même pas le droit de livrer à armes égales.

Jeff Gorton et Kent Hughes ne sont pas incompétents. Ils ne sont pas paresseux. Ils ne sont pas endormis. Ils sont prisonniers.

Prisonniers d’un système où l’injustice fiscale est rendue si flagrante que même Brad Marchand se permet d’en rire ouvertement devant les caméras.

Et ça, c’est pas juste.

Marchand l’a dit, textuellement. Et on va le citer mot pour mot, pour que ça résonne bien dans la tête de Gary Bettman et de tous ceux qui continuent de faire semblant que c’est un faux problème :

« Si on n’était pas dans un État sans impôts, ça n’aurait probablement pas fonctionné pour deux gars. »

Deux gars. Deux gros morceaux qui auraient quitté leur équipe, mais qui ont décidé de rester, parce qu’en Floride, tu payes zéro en impôts d’État.

Zéro. Nada.

Pendant que les joueurs à Montréal donnent une partie énorme de leur chèque au gouvernement du Québec… et au fédéral canadien en plus.

À partir de là, comment tu veux compétitionner?

Comment tu veux attirer des joueurs autonomes, quand tu dois leur offrir des millions de plus juste pour égaler la valeur nette d’un contrat signé à Sunrise ou Tampa Bay?

Mais encore pire que tout ça, c’est que les Panthers en profitent pour garder leurs gars.

Sam Bennett, Aaron Ekblad… des piliers qui auraient pu tester le marché. Finalement, ils ont signé pour 8 ans. Long terme. Confort. Soleil. Aucune taxe. Merci, bonsoir.

Pendant ce temps, Kent Hughes fait quoi? Il se bat avec les miettes qu’il reste.

Il essaie d’être créatif. Il maximise chaque sou.

Il prend des paris. Il utilise la LTIR de Carey Price comme un chirurgien. Il repêche intelligemment.

Mais au final, il se fait toujours voler la vedette par un État qui ne taxe pas ses joueurs.

Le plus ironique? C’est que Bettman, lui, s’en lave les mains. En juin dernier, il a été clair :

« C’est ridicule comme enjeu. Quand les équipes en Floride n’étaient pas bonnes pendant 17 ans, personne ne s’est plaint. »

Ah oui? On va en parler de ça, Gary.

Parce que justement, maintenant qu’elles sont bonnes, elles le sont pour les mauvaises raisons.

Le Lightning a bâti une dynastie en offrant des contrats d’équipe-friendly à cause de la fiscalité.

Kucherov, Point, Stamkos… combien de ces gars auraient signé à rabais s’ils avaient joué à Toronto ou Montréal? Et maintenant, c’est les Panthers qui embarquent dans le manège.

Tu peux pas juste dire « ils étaient poches avant », comme si ça annulait le problème. Au contraire. C’est maintenant que le déséquilibre est dangereux.

Et on t’arrête tout de suite : non, ce n’est pas une excuse québécoise.

Ce n’est pas un délire de partisans frustrés. C’est Brad Marchand qui le dit. Un gars qui n’a jamais joué pour le CH.

Un gars qui vient de la Nouvelle-Écosse. Un vétéran respecté dans la ligue.

Et s’il ose le dire devant les médias, c’est que tout le monde en parle en coulisses.

Ça fait longtemps que les directeurs généraux s’échangent des chiffres sous la table, font des calculs, engagent des fiscalistes, négocient des primes de signature pour essayer de compenser.

Mais le mal est fait. Quand un joueur voit 6,5M$ à Miami, et 7,5M$ à Montréal, il prend la Floride anyway.

Parce que le 7,5 devient 4,2 après impôts. Et le 6,5, lui, reste à 6,5. Game over.

Gorton et Hughes sont paralysés, pas parce qu’ils manquent de vision ou de courage, mais parce qu’ils vivent avec une camisole de force fiscale que personne d’autre ne porte.

Ils savent exactement ce qu’ils veulent faire. Ils savent c’est quoi le plan.

Mais ils ne peuvent pas avancer, parce que chaque geste est plombé par une réalité financière déloyale que même Brad Marchand s’est permis de nommer publiquement.

Pendant que les Panthers peuvent signer leurs joueurs clés à rabais en Floride sans impôts, Montréal regarde le train passer en se faisant rire en pleine face.

Et pourtant, ce n’est rien comparé à ce qui s’en vient.

Dans 12 mois, on entre dans une fenêtre historique. Le marché des joueurs autonomes de 2026 va être une bombe nucléaire. Connor McDavid. Kirill Kaprizov. Jack Eichel. Kyle Connor.

C’est pas une classe de profondeur, c’est une classe de superstars. Le genre de noms qui redéfinissent une franchise.

Et ironiquement, le Canadien de Montréal, qui aura alors une équipe jeune, montée pour exploser pendant les cinq prochaines années, ne pourra même pas jouer dans la même cour.

Même avec l’espace sous le plafond. Même avec un plan clair. Parce qu’à la fin de la journée, l’argent parle. Et à Montréal, l’argent s’évapore.

Si tu veux McDavid, faut pas juste lui offrir 15 millions. Faut lui offrir 15 millions net, comme en Floride ou au Texas.

Sinon? T’es dans le champ gauche.

T’es obligé de compenser par des stratagèmes borderline, comme ceux qu’on a vus dans la NBA, où les Clippers se sont fait pogner à dépenser de l’argent via des compagnies fantômes pour contourner les règles.

Les Clippers avaient été accusés d’avoir offert des avantages financiers illégaux à Kawhi Leonard pendant sa période de recrutement en 2019.

Ce n’était pas l’organisation directement, mais un proche de Leonard, Johnny Wilkes, qui a affirmé que le propriétaire Steve Ballmer et le président Lawrence Frank lui avaient promis 2,5 millions de dollars pour l’aider à convaincre Kawhi de signer à L.A.

En échange, Wilkes aurait reçu la consigne d’influencer Leonard en vantant l’équipe et en organisant des rencontres confidentielles.

La NBA a enquêté, mais aucune sanction formelle n’a été imposée, même si l’affaire a soulevé des doutes sur les méthodes utilisées pour contourner les règles du plafond salarial et de l’équité contractuelle.

À Montréal par contre, on ne triche pas. On perd les grandes batailles avant même qu’elles commencent.

Ils ne peuvent pas offrir 8M$ à un top-6 winger, parce que ça détruit la structure salariale.

Mais s’ils offrent 6,5M$, ce joueur va signer pour le même montant net à Nashville, Dallas, ou Sunrise… avec les palmiers et une Lamborghini.

Alors ils font quoi?

Ils repêchent.

Ils repêchent encore.

Ils repêchent mieux que tout le monde.

Ils construisent un noyau de jeunes joueurs repêchés qui, eux, n’ont pas le choix de jouer à Montréal pendant sept ans.

Et ils espèrent qu’un jour, ces joueurs-là tombent en amour avec la ville, avec le marché, avec les fans… et acceptent de rester même si ça leur coûte 2M$ de plus par année.

Mais combien vont le faire?

Combien de Nick Suzuki vont préférer Montréal à une ville où on peut acheter une maison avec piscine à 15 minutes de la plage, sans jamais entendre parler de TPS?

Ce n’est pas de la paranoïa.

C’est une guerre invisible.

Et Montréal est en train de la perdre.

Les derniers meetings entre DG auraient dû être un wake-up call.

Tous les GMs du Canada sont tannés. Même ceux de la Californie. Même ceux de New York.

Tout le monde veut une solution. Parce que si la tendance se maintient, dans 5 ans, tu vas avoir 10 équipes qui n’auront plus aucune chance d’attirer un joueur autonome d’élite.

Ce sera toujours les mêmes équipes qui signeront les vedettes. Et les autres seront condamnées à espérer que leurs jeunes deviennent des étoiles.

C’est quoi les options?

Un plafond fiscal ajusté? Un système de compensation? Un crédit d’impôt pour les équipes désavantagées?

Peu importe.

Mais il faut agir.

Parce que quand Marchand commence à faire des jokes là-dessus, c’est que le problème est déjà trop visible.

Et à Montréal, on n’a pas le luxe d’attendre.

Le marché est exigeant. Les partisans veulent gagner. Et les jeunes stars veulent voir une équipe bâtie pour aller jusqu’au bout.

Pas juste un club de développement.

Un club de championnat.

Mais pour ça, faut avoir les mêmes armes que les autres.

Et présentement, Jeff Gorton et Kent Hughes doivent se battre avec des épées en plastique, pendant que la Floride lance des missiles fiscaux à longueur d’année.

Ce n’est pas une question d’envie.

Ce n’est pas une question de stratégie.

C’est une question de système.

Et tant que ce système-là va permettre à des clubs de contourner le plafond salarial sans le dire, il n’y aura jamais d’équité réelle.

Alors oui, il y a un silence glacial à Brossard.

Mais ce silence-là cache une colère sourde.

Une colère qu’on ferait bien d’écouter avant qu’il ne soit trop tard. 

Misère...