Signature Montréal-Toronto-Floride: Kent Hughes a tout perdu

Signature Montréal-Toronto-Floride: Kent Hughes a tout perdu

Par David Garel le 2025-09-27

Evgeny Kuznetsov ne pardonnera jamais à Kent Hughes.

Il y a des rejets qui font mal. Des rejets qui brûlent. Pas parce qu’ils sont surprenants, mais parce qu’ils mettent en lumière des erreurs qu’on aurait préféré oublier. L’affaire Evgeny Kuznetsov à Montréal en est l’exemple parfait.

Le vétéran russe, champion de la Coupe Stanley en 2018, libre comme l’air après la résiliation de son contrat au SKA Saint-Pétersbourg, croyait pouvoir trouver refuge dans l’uniforme du Canadien.

Il a multiplié les signaux, lancé des fleurs à Ivan Demidov, tenté de se vendre comme le « grand frère russe » prêt à guider le joyau de l’organisation. Mais la réponse de Kent Hughes a été glaciale : 

« il n’y a pas de place dans notre alignement ».

Un mensonge diplomatique, bien sûr. Tout le monde le sait : le CH n’a pas de centre naturel pour occuper le rôle de deuxième pivot derrière Nick Suzuki.

Kirby Dach revient d’une saison fantôme, Zachary Bolduc n’est pas un centre de métier, et Christian Dvorak a été sacrifié à Philadelphie. La chaise est vide. Et pourtant, Hughes a claqué la porte au nez de Kuznetsov.

Derrière ce refus, il y a un non-dit qui hante encore le Centre Bell : le fiasco Kirby Dach.

En 2022, Hughes avait transformé Alexander Romanov en un 13e choix au total, aussitôt envoyé à Chicago pour mettre la main sur Dach.

L’idée? Boucher le trou au centre avec un jeune joueur « déjà établi ». Résultat? Dach est devenu le joueur le plus fragile de la LNH, tant au niveau mental que physique, plus familier avec la salle de rééducation qu’avec les cercles de mise en jeu.

Et ce 13e choix envolé, Frank Nazar, brille aujourd’hui avec les Blackhawks. Pire encore : il a été invité par USA Hockey au camp d’orientation olympique en vue de 2026.

Pendant que Dach se bat contre son propre corps, Nazar avance à pas de géant vers une carrière internationale. Chaque communiqué officiel où son nom apparaît est une claque en plein visage pour Hughes.

Kuznetsov représentait une chance de corriger, au moins partiellement, cette erreur monumentale. Un vétéran encore capable, à prix réduit, pour stabiliser la ligne de centre. Mais Hughes, enfermé dans son orgueil, a refusé de tendre la main.

Il y a aussi une autre vérité crue : Ivan Demidov n’a jamais réclamé la présence de Kuznetsov à Montréal.
Le lien « grand frère/petit frère » que Kuznetsov a tenté de vendre aux médias était une pure stratégie.

Oui, ils ont partagé quelques moments ensemble au SKA. Mais la réalité? Kuznetsov ne voulait pas jouer les mentors. Il l’a même dit ouvertement en Russie :

« Je ne veux pas qu’il m’appelle Oncle Zhenya (le surnom que Demidov donnait à Kuznetsov). Je ne suis pas là pour donner des conseils. »

Demidov, lui, est discipliné, sérieux, attaché à sa famille. Pas un fêtard, pas un éparpillé. Il veut bâtir sa propre carrière.

Et tout dans l’attitude de Kuznetsov, ses absences, ses humeurs, son passage au programme d’aide de la LNH, va à l’encontre de la culture que Hughes et Jeff Gorton tentent d’instaurer.

Le message est clair : Demidov ne voulait pas de Kuznetsov. Et Hughes, en rejetant la candidature du vétéran, a surtout protégé son joyau.

Mais dans le monde cruel de la LNH, un rejet ne reste jamais isolé. Quand Montréal ferme la porte, d’autres l’ouvrent. Et ce sont les Maple Leafs de Toronto et les Panthers de la Floride, deux équipes mieux placées que le Canadien, qui considèrent aujourd’hui de signer Kuznetsov.

À Toronto, il pourrait combler un rôle de profondeur offensif derrière Auston Matthews et John Tavares. En Floride, il pourrait carrément devenir le remplaçant temporaire d’Aleksander Barkov, le capitaine champion de la Coupe Stanley, contraint de s’absenter plusieurs mois après une lourde opération au genou.

Imagine la gifle : Montréal rejette Kuznetsov en prétendant qu’il n’a « pas de place », et voilà que deux poids lourds de la ligue, dont l’actuel champion, lui déroulent le tapis rouge.

Ce qui rend l’affaire encore plus pathétique, c’est que Kent Hughes refuse d’admettre son erreur avec Dach. Il ne veut pas reconnaître que le pari de 2022 a tourné au cauchemar. Alors, plutôt que de réparer en donnant une vraie chance à Kuznetsov, il préfère s’entêter.

La conséquende? Toronto et la Floride humilient Montréal sur le marché. Hughes passe pour un DG borné, incapable de se corriger, enfermé dans sa fierté. Et Kuznetsov, piqué dans son ego, ne pardonnera jamais d’avoir été traité comme un bouche-trou.

À ses yeux, Montréal est désormais un marché hostile. Trop tard pour renverser la vapeur. Même si Hughes voulait se raviser, Kuznetsov refuserait. Il n’acceptera jamais d’être le plan D d’une organisation qui l’a humilié.

Et comme si ce n’était pas assez, l’affaire Kuznetsov vient s’ajouter à la plaie encore vive du dossier Nazar.
Aujourd’hui, chaque but du jeune Américain rappelle au CH ce qu’il a perdu en échangeant son 13e choix. Chaque invitation de Team USA (Nazar est candidat pour l'équipe olympique), chaque mention dans les médias internationaux, souligne la catastrophe stratégique.

Dach est fragile. Kuznetsov a été rejeté. Nazar s’impose. Et Hughes, lui, reste prisonnier de son entêtement.

Au fond, cette saga soulève une question existentielle : le Canadien construit-il vraiment une culture gagnante… ou se cache-t-il derrière une façade de rigueur pour masquer ses erreurs?

Oui, l’organisation veut protéger Demidov. Oui, elle veut éviter un autre fiasco Patrik Laine. Mais à trop vouloir sauver les apparences, Hughes s’expose à un autre reproche : celui de manquer de courage. Parce que parfois, corriger une erreur, c’est prendre un risque. Signer un Kuznetsov aurait été ce risque.

Et aujourd’hui, ce risque, ce sont les Leafs et les Panthers qui vont peut-être le prendre. Si Kuznetsov retrouve ses jambes à Toronto ou en Floride, ce sera une humiliation de plus.

Evgeny Kuznetsov voulait Montréal. Montréal a dit non.

Le résultat? Une gifle pour le joueur. Une humiliation pour le DG. Et un rappel brutal que les erreurs du passé  (Romanov, Dach, Nazar) ne disparaissent jamais. Elles refont surface au pire moment, pour te hanter encore et encore.

Et pour Hughes, ce moment est arrivé. Kuznetsov a claqué la porte. Nazar brille. Dach s’écroule. Et la Floride, championne en titre, s’apprête peut-être à montrer au monde entier ce que Montréal a rejeté.

C’est ça, la réalité : le Canadien n’a pas seulement dit non à un joueur. Il a dit oui à une nouvelle cicatrice. Une cicatrice qui portera un nom : Evgeny Kuznetsov.