Le feu sacré. Celui qu’on croyait éteint à jamais chez Jonathan Toews, carbonisé par les blessures, les virus, les années de souffrance silencieuse.
Ce feu-là est de retour. Et il brûle d’un éclat presque surnaturel. Oui, Jonathan Toews veut rejouer dans la LNH. Oui, il s’entraîne comme un damné en Arizona. Oui, il veut retrouver le plaisir. Mais surtout : oui, il cherche un endroit où il pourra renaître. Et cet endroit pourrait bien s’appeler… Montréal.
On aurait cru à une blague il y a quelques mois. Après deux ans de silence, de surf à Costa Rica, de méditation en Inde, l’homme aux trois Coupes Stanley semblait en paix. Un guerrier en sabbatique.
Mais non. Il veut revenir. Et pas juste pour faire acte de présence. Il veut jouer. Être utile. Aider. Inspirer. Et surtout, sentir à nouveau le frisson.
Et si Montréal, dans toute son intensité, ses excès, son amour quasi religieux du hockey, devenait l’endroit parfait pour ce dernier acte?
On ne peut pas parler de Jonathan Toews sans parler de souffrance. Pas la souffrance d’un joueur en fin de carrière qui n’a plus les jambes. Mais celle d’un homme brisé de l’intérieur, prisonnier de son propre corps.
Le syndrome de réponse inflammatoire chronique, combiné à des symptômes de COVID longue, l’a cloué au sol. Littéralement.
Il a manqué la saison 2020-2021. Il a tenté un retour. Il a tenu deux saisons. À peine. 124 matchs. Une ombre. Puis, le trou noir. Un but contre les Flyers en avril 2023, et le rideau tombait. Ou du moins, c’est ce qu’on croyait.
Ce que Toews a vécu ensuite, c’est une odyssée. Il a fui la LNH comme on fuit une relation toxique. Le stress, les attentes, les douleurs. Il a tout laissé derrière. Il est parti.
Loin. Il a glissé sur les vagues du Pacifique, médité sous les temples indiens, et repris contact avec lui-même. Il a guéri. Lentement. Mais sûrement.
Et puis, sans prévenir, le besoin est revenu. Le besoin d’appartenir. Le besoin de jouer.
Le lien entre Toews et le CH ne saute pas aux yeux… sauf quand on gratte un peu. Sa mère est Québécoise, originaire de Sainte-Marie en Beauce.
Il parle français, bien mieux que certains joueurs actuels du Canadien. Il comprend la culture. Il connaît la ferveur. Il sait ce que ça représente de porter le CH sur le chandail.
Et surtout : Montréal a un besoin criant au centre.
Christian Dvorak est sur le départ. C’est écrit dans le ciel. Les rumeurs l’envoient déjà à Chicago, son Illinois natal, pour y assumer un rôle défensif derrière Connor Bedard. Le genre de centre 2-way que les Hawks recherchent désespérément pour protéger leur joyau.
Et ça tombe bien. Car si Dvorak part, il laisse un trou béant au centre. Toews pourrait s’y insérer parfaitement. Troisième centre. Mentor. Meneur silencieux. Pilier de vestiaire. Et s’il retrouve ses jambes? Il pourrait même pousser jusqu’au deuxième trio.
Une affaire à faible risque, haute récompense.
Toews ne coûterait rien. Pas un sou de trop. Il le dit lui-même : il veut jouer, pas encaisser. Il accepte son nouveau rôle. Il sait qu’il devra prouver sa valeur. Ce n’est pas un caprice de multimillionnaire nostalgique. C’est une quête intérieure.
Kent Hughes a déjà démontré qu’il adore les paris à faible risque : Sean Monahan, Alex Newhook, même Tanner Pearson. Toews représente exactement ce profil… avec un pedigree Hall of Fame.
Imaginez la scène. Toews qui revient au Centre Bell, acclamé comme un roi revenu de l’exil. La foule qui chante son nom en français. Lui qui sourit pour la première fois depuis des années. Et le vestiaire, rempli de jeunes comme Beck, Kapanen et Roy, qui apprennent à ses côtés.
Bien plus réaliste que Sidney Crosby
Pendant que les fantasmes continuent de courir sur un éventuel échange de Sidney Crosby à Montréal, dans un scénario tordu qui ne tient debout que dans l’imagination des romantiques du hockey, l’option Toews est là. Réelle. Concrète. Atteignable.
Pas besoin de démanteler l’équipe. Pas besoin de sacrifier des choix de repêchage. Pas besoin de miracle. Juste un coup de fil. Et un contrat d’un an, incitatif à la performance.
Toews n’a jamais eu besoin du spotlight. Il veut juste jouer. Retrouver la joie. Montréal lui offrirait exactement ça : une ville où l’on vit pour le hockey, un rôle clair, et une possibilité d’aider une franchise mythique à retrouver ses lettres de noblesse.
Ce n’est pas juste une histoire de hockey. C’est une histoire d’homme. D’un capitaine qui a tout gagné. Qui a tout perdu. Et qui veut maintenant tout redécouvrir. Pas à Chicago. Pas à Winnipeg. Mais là où tout semble aligné pour une fin digne de son héritage.
Montréal, c’est la dernière page de son roman. Le chapitre de la rédemption. Le moment où l’homme derrière le joueur reprend le contrôle de son récit.
Et s’il échoue? Qu’importe. Au moins, il aura tenté. Il ne vivra pas avec le doute. Et les partisans du Canadien, eux, n’oublieront jamais avoir eu la chance de voir un guerrier livrer sa dernière bataille sous leurs couleurs.
Le bon moment, la bonne ville, le bon défi
Jonathan Toews veut revenir. Il s’entraîne. Il teste ses limites. Il sait que ce sera difficile. Mais il veut le faire. Pas pour revivre ses gloires passées. Pour créer un dernier moment de vérité.
Et Montréal, plus que toute autre ville, peut lui offrir ce moment.
Le CH a besoin d’un centre. Toews a besoin d’une mission. Et les deux ont besoin de croire que la magie est encore possible.
Alors, Kent Hughes, la balle est dans ton camp. Le téléphone est là. Le moment est parfait.
Toews est prêt.
Et Montréal aussi.