Signature à Montréal: Joe Veleno hésite entre 470 000 ou 630 000 dollars

Signature à Montréal: Joe Veleno hésite entre 470 000 ou 630 000 dollars

Par Marc-André Dubois le 2025-07-03

Il portait encore le chandail des Blackhawks.

Mais c’est à Brossard, sur la glace du complexe d’entraînement du Canadien, que Joe Veleno a peut-être relancé sa carrière sans dire un mot.

Aucun communiqué. Aucune déclaration. Juste des lancers, de la sueur… et beaucoup de rumeurs. Et surtout, un message fort envoyé à Kent Hughes : 

“Je suis là. Je suis disponible. Tu sais qui je suis.”

Veleno, à 25 ans, est un ancien joueur exceptionnel dans la LHJMQ, repêché par les Sea Dogs de Saint John à l’âge de 15 ans, une rareté.

Le Québec voyait en lui un futur Patrice Bergeron. On parlait d’un gars qui allait devenir le centre numéro 1 d’Équipe Canada junior, un pilier du programme national. Mais la réalité de la LNH l’a broyé.

Avec 306 matchs au compteur, Veleno n’a jamais répondu aux attentes. Ses statistiques sont médiocres : 10 points en 56 matchs avec Detroit la saison dernière, puis une petite bouffée d’air à Chicago après son acquisition à la date limite, avec 7 points en 18 matchs.

Ce n’est pas assez pour un premier choix. Ce n’est même pas suffisant pour garantir une place permanente dans la LNH.

Le Kraken de Seattle, qui l’a brièvement accueilli dans une transaction secondaire, n’a même pas pris le temps de l’évaluer. 

Racheté dès son arrivée, Joe Veleno est devenu un joueur sans contrat, largué comme un joueur de profondeur inutile dans une ligue qui n’a plus le temps pour les récits inachevés... ou si on est moins poli... les flops...

En ce moment l'attaquant hésite entre trois offres de contrat selon l'informateur Marc-Olivier Beaudoin: le CH, les Panthers et les Golden Knights.

L'Avalanche du Colorado et les Predators de Nashville seraient aussi très agressifs dans ce dossier.

Mais Veleno n’a pas choisi Vegas ou le Colorado pour s’entraîner. Il n’a pas pris le soleil de la Floride. Il est revenu à Brossard, là où tout a commencé. Et ce n’est pas innocent.

Sur la glace, il s'entraînait avec Nick Suzuki. Alexandre Carrier et Ivan Demidov. Rien de banal. C’est un "statement". Un test de compatibilité. Une simulation de vestiaire. Et peut-être, un espoir de rédemption dans le club de son enfance.

Selon Marc-Olivier Beaudoin, une offre d’un an à 1 million de dollars est bel et bien sur la table. Pas un contrat alléchant. Pas une promesse de minutes. Juste une chance. Une porte entrouverte.

Mais à ce prix, à Montréal, ce million fond comme neige au soleil.

Avec un taux d’imposition pouvant atteindre 53% pour les revenus dans cette tranche, il lui resterait environ 470 000 $ dans ses poches. 

En Floride, au Tennessee ou au Nevada (Vegas), où il n’y a pas d’impôt d’État, on parle de 630 000 $ nets après impôt fédéral (à 37 %, cela représente 370 000 $).

Au Colorado, on parle de seulement 4,25 pour cent d'impôts (41,5 % au total).

Voilà l’enjeu. Pas seulement sportif. Financier.

Joe Veleno, qui vient de se faire racheter, doit maintenant choisir entre du temps de glace à Montréal ou de l’argent à Denver, Nashville, Vegas ou en Floride. Et à ce niveau-là, ce n’est pas rien.

On parle de clubs où Veleno sera noyé dans un alignement bourré de vétérans.

À Montréal, en revanche, tout est ouvert. Le poste de centre numéro 3 est encore en jeu ( et même peut-être le poste de centre numéro 2).

Kirby Dach revient, mais est-il vraiment apte? Owen Beck pousse, mais est-il prêt? Christian Dvorak est parti. Jake Evans ne sera jamais plus qu'un43e centre.

Joe Veleno peut s’imaginer jouer 60-70 matchs. À Vegas, Nashville, au Colorado ou en Floride, ce sera les gradins ou les waivers dès novembre.

Le pire message pour Owen Beck?

Et c’est là que l’arrivée potentielle de Joe Veleno prend une autre dimension. Car si Kent Hughes va de l’avant, cela signifie une chose très claire : Owen Beck ne fait pas encore "le cut".

On se rappellera que le nom d’Owen Beck avait été jeté dans un "package" avec les choix 16 et 17 lors des discussions avec les Islanders avant le repêchage.

Mais Mathieu Darche a préféré Emile Heineman. Résultat : Beck est toujours là par défaut… et Veleno cogne à la porte.

Deux centres québécois, deux profils différents, mais un seul poste dans l’alignement.

Quel message envoie-t-on à Beck si on embauche Veleno?

Veleno a toujours eu la faveur du public québécois. Il est né à Kirkland, a joué dans la LHJMQ, a dominé chez les juniors.

Mais sa production dans la LNH est honteuse. Son différentiel est atroce (-23 la saison dernière si on combine Chicago et Détroit).

Son taux d’efficacité aux mises en jeu est sous la barre des 50%. Ce n’est plus un espoir. C’est un survivant.

Est-ce qu’il est séduisant seulement parce qu’il est Québécois? On ne peut écarter l’idée.

La tentation de le ramener à la maison est émotionnelle. Pas rationnelle. On parle d'un gars qui a du vécu, du kilométrage… mais plus de promesse.

Pour Kent Hughes, Veleno est un plan Z. Rien de plus.

Mais parfois, les plans Z deviennent des plans A… par accident. Martin St-Louis a prouvé qu’il pouvait rallumer des carrières en chute libre.

Il l’a fait avec Mike Matheson, avec Rafael Harvey-Pinard (un temps), avec Josh Anderson.

Donner un contrat de un million de dollars à Joe Veleno, c’est jouer avec la mémoire collective. C’est flirter avec le passé glorieux d’un gamin québécois à qui on avait tout promis. C’est aussi envoyer un message aux jeunes : le CH ne vous protège pas si vous n’êtes pas prêts.

Le Canadien a souvent ramené un Québécois déchu chez lui,

On connaît la suite. Ça tourne toujours au vinaigre.

Est-ce que Veleno a les épaules pour supporter ce genre de pression? Rien n’est moins sûr. En cinq saisons dans la LNH, il n’a jamais marqué plus de 11 buts en une saison. Il n’a jamais obtenu plus de 20 passes.

C’est mince.

Et pourtant… à 6 pieds 1, 201 livres, il pourrait être utile sur une quatrième ligne. Il pourrait jouer en désavantage numérique. Il pourrait jouer à Laval si nécessaire.

Mais veut-il ça? Est-ce que sa fierté le permettra?

La décision lui appartient

Ce qui se trame maintenant, c’est un combat intérieur. Joe Veleno doit choisir. L’argent ou la glace.

S’il accepte l’offre du CH, il fait une croix sur la richesse, mais pas sur la rédemption.

S’il part à Vegas, au Colorado, à Nashville ou en Floride, il s’assure un compte en banque rempli, mais jouera peut-être 35 matchs.

Et dans un contexte où le CH a besoin de profondeur sans se ruiner, Joe Veleno reste une curiosité. Un test. Une expérience.

Mais pas une priorité.

Joe Veleno à Montréal? Ce serait beau sur papier. Ce serait symbolique. Ce serait émouvant. Mais est-ce que ce serait utile?

Le pari est faible. 

Mais ce serait aussi la preuve que Montréal est encore un lieu de seconde chance.

Et pour Joe Veleno, peut-être la dernière.