Il y avait deux générations sur la glace dimanche après-midi à Pittsburgh.
D’un côté, le jeune Sergueï Murashov, 21 ans, gardien russe à ses débuts dans la Ligue nationale, calme, agile, brillant même.
De l’autre, des vétérans qui semblaient figés dans le temps, à bout de souffle, incapables de suivre le rythme des Kings de Los Angeles.
Le résultat? une défaite de 3 à 2 qui a brutalement ramené les Penguins à la réalité.
Après un début de saison étonnamment solide, la machine de Sidney Crosby vient de montrer sa vraie nature : fatiguée, vieillissante, dépassée.
Et à Montréal, on a compris une chose : le rêve Crosby n’est pas mort. Il vient peut-être de renaître.
Le jeune Murashov n’a pas volé son baptême de feu. Devant une foule qui scandait son nom au PPG Paints Arena, il a offert une performance solide : 24 arrêts sur 27 tirs, un calme remarquable, et surtout une maturité rare pour un gardien de son âge.
Son premier but alloué n’avait rien de honteux : une déviation malchenceuse de Parker Wotherspoon, qui a redirigé une rondelle sans danger dans son propre filet.
Par la suite, il n’a cédé que sur un tir parfait de Corey Perry en contre-attaque et sur une inspiration géniale de Kevin Fiala, qui a fait paraître Erik Karlsson bien lent sur la séquence.
« Il a été solide, a reconnu l’entraîneur Dan Muse. Il a gardé notre équipe dans le match. Il méritait mieux. »
Murashov, lui, a réagi avec un calme évident :
« Les partisans ont été incroyables. Je les remercie d’être venus malgré le match des Steelers. J’ai senti leur énergie. Et merci à mes coéquipiers : c’était notre troisième match en quatre jours, ils ont tout donné. »
Le jeune homme parle comme un vétéran.
Le problème, c’est que les vétérans, eux, ne jouent plus comme des vétérans.
On voyait des jambes lourdes, un visage vieilli.
Les journalistes américains n’ont pas mâché leurs mots. Même The Athletic, pourtant souvent bienveillant envers Pittsburgh, a noté que les Penguins avaient “enfin l’air de leur âge”.
Sidney Crosby, habituellement le moteur de cette équipe, n’a cadré qu’un seul tir. Bryan Rust a connu son pire match de la saison, sans point et avec plusieurs revirements coûteux. Erik Karlsson s’est fait brûler sur le but décisif. Kris Letang, pris hors position, a été lent à se replier sur le filet de Perry.
Et Evgeni Malkin, bien qu’il ait récolté une passe en début de match, a disparu par la suite, incapable de suivre le tempo imposé par les Kings.
Tout donnait l’impression d’une équipe qui manque de souffle et de ressources.
Même l’entraîneur a dû le reconnaître :
« Je ne veux pas blâmer le calendrier, mais on a manqué d’énergie. On s’est éloigné de nos principes défensifs et on n’a pas généré assez d’attaque à cinq contre cinq. »
On peut parler de calendrier, de voyages, de fatigue accumulée… mais la vérité saute aux yeux : cette équipe est vieille.
Et dans une ligue où la vitesse est reine, la lenteur ne pardonne plus.
Crosby (38 ans), Malkin (39 ans), Letang (38 ans) et Karlsson (35 ans) forment encore une colonne vertébrale prestigieuse sur papier, mais sur la glace, le décalage est flagrant.
Les Kings les ont faits paraître comme une équipe des années 2000 coincée dans une LNH 2025.
Les Penguins menaient 2-1 en troisième période. Et puis tout a lâché. Les jambes, la réaction, l’énergie. En dix minutes, les Kings ont renversé le match sans forcer.
C’était un scénario écrit d’avance.
Depuis le début de la saison, Kyle Dubas, le directeur général, se bat pour faire croire au retour d’une dernière danse. Il a vanté la culture de gagnants, la “mentalité Crosby”, l’idée que tant que le capitaine est là, tout reste possible.
Mais dimanche, cette illusion a pris l’eau.
La jeunesse des Kings a étouffé les vétérans.
Et la seule bouffée d’air frais est venue du gardien de 21 ans.
Murashov symbolise la réalité cruelle des Penguins et surtout de Sidney Crosby : l’avenir est ailleurs, pas dans les jambes fatiguées du trio Crosby-Malkin-Letang.
C’est là que Montréal entre en scène.
Depuis des mois, Kent Hughes surveille la situation à Pittsburgh de très près. Il sait que Dubas refuse encore de parler de reconstruction ouverte, mais la pression monte.
Et contrairement aux rumeurs qui ont circulé, le Canadien n’a pas abandonné le dossier Crosby. Bien au contraire.
Selon la Presse, l’organisation ne veut pas d’un centre “stopgap”, pas de Nazem Kadri, pas d’Alex Wennberg, pas de solutions temporaires à la Mario Ferraro. Le plan, c’est d’attendre.
Attendre le vrai coup de circuit, celui qui pourrait faire basculer le club dans une autre dimension.
Et tout indique que Crosby demeure dans la ligne de mire.
« Tant que les Penguins ne prouvent pas qu’ils peuvent redevenir une équipe compétitive sur 82 matchs, le dossier Crosby restera ouvert. »
Pendant ce temps, à Laval, David Reinbacher continue de progresser. Il prend de plus en plus ses aises. Et à Pittsburgh, son nom revient sans cesse.
Les Penguins ont besoin d’un défenseur droitier jeune, mobile et capable de relancer le jeu, exactement le profil du jeune Autrichien. Dubas le sait. Si les Penguins s’effondrent d’ici Noël, il devra faire un choix : vendre ou s’entêter.
Et Montréal, avec sa profondeur défensive, a ce qu’il faut pour ouvrir la discussion.
Imaginez : Crosby au Centre Bell, pour conclure sa carrière là où Patrick Roy a inspiré une génération entière, pendant que Reinbacher s’en va écrire la suite de son histoire à Pittsburgh.
Ce scénario redevient crédible.
Depuis que Renaud Lavoie a affirmé que le CH enverrait David Reinbacher aux Penguins de Pittsburgh demain matin si Crosby est prêt à venir à Montréal, les rumeurs s'enflamment.
Le scénario ne pourrait être plus clair à Pittsburgh : le gardien le plus jeune du groupe a offert le match le plus discipliné du week-end. Murashov a démontré qu'il était l'avenir de cette équipe.
Mais ses coéquipiers lui ont montré... qu'ils étaient trop vieux...
Quand une équipe fatigue collectivement après 40 minutes, il n’y a pas de miracle.
Et quand ton capitaine ne cadre qu’un tir, que ton quart-arrière se fait battre de vitesse, et que tes vétérans n’ont plus d’essence… tu ne gagnes pas.
Les Penguins sont épuisés. Et le mur approche.
Le calendrier ne leur fera aucun cadeau. Dès lundi, l’équipe s’envole vers la Suède pour affronter Nashville à Stockholm, dans un voyage que Crosby voulait absolument vivre.
Ce sera peut-être le moment de vérité : la rencontre entre la fierté et la fatigue.
Les Européens attendent de voir Crosby une dernière fois en personne. Mais si le capitaine continue de s’éteindre, ce voyage pourrait aussi marquer le début de la fin.
Et dans les coulisses, Kent Hughes attendra.
Patient... car il sait qu'au fond, Crosby finira par se laisser tenter par l'aventure montréalaise... et la chance de jouer avec Ivan Demidov.
Ce revers de 3-2 contre Los Angeles ne sera pas qu’une tache au calendrier. C’est le miroir exact de ce qu’est Pittsburgh aujourd’hui : un club prisonnier de son passé glorieux, dépendant d’un gardien de 21 ans pour cacher la fin d’une dynastie qui s’effondre
Le Canadien n’a rien à forcer.
Le temps travaille pour lui.
Parce qu’à la fin, le cœur de Crosby reste à Pittsburgh, mais son avenir... est à Montréal...
